Le modérateur l'a d'abord malencontreusement introduite en tant que "ministre des Finances". Invitée de marque à la conférence-débat du British Council sur l'analyse politique le 21 mars, la ministre du Tourisme Amel Karboul en a ri. Présentant sa stratégie, elle a abordé certains sujets qui fâchent. Sans pouvoir éviter quelques contradictions.
"Give me data, give me data, give me data"
Egalement présent, l'ancien ministre des Finances Jalloul Ayed a fait remarquer que pour mettre une idée en avant, "il faut la répéter trois fois". Amel Karboul a retenu la leçon.
Elle affirme ne s'être "jamais plainte de [sa] vie", mais regrette le manque de données à sa disposition. "Je n'ai pas les données", insiste-t-elle.
Karboul touche ainsi un point sensible. Pour mieux travailler, l'administration aurait besoin de plus d'information. En 2007, l'OCDE attestait de l'importance des statistiques, soulignant notamment "leur utilisation lors des phases de conception mais aussi de mise en œuvre des cadres d’action politique des pays".
"Je dois jouer le jeu politique avec les données que j'ai", explique finalement la ministre.
Les réseaux sociaux pour mieux vendre la Tunisie
Parmi les mots d'ordre "karbouliens", le "branding" est bien placé pour durer. "Nous ne vendons pas assez la marque Tunisie".
Alors pour mieux vendre une industrie touristique qu'elle souhaite "moins focalisée sur le balnéaire", la ministre préconise la méthode digitale "moins chère et plus efficace". "Tous les Tunisiens actifs sont sur Facebook, il s'agit d'un énorme potentiel", a-t-elle déclaré.
Nombre de mentions "j'aime" sur Facebook, nombre de vues sur Youtube: enfin des "données" pour mesurer l'impact du "branding" à la sauce tunisienne. Facebook et Twitter entrent en scène là où l'administration fait défaut.
Amel Karboul veut diversifier. Les produits, d'abord: "Il faut du tourisme culturel, écologique, religieux", en favorisant les régions. Le service de vente, ensuite: elle tweete en quatre langues - arabe, français, anglais et allemand - et espère "regagner la confiance des marchés de ceux qui sont déjà nos clients" - les Français, les Anglais, les Allemands.
Amel Karboul s'est ainsi faite figure de proue de son projet de promotion. Pourtant, elle a insisté pour que les Tunisiens prennent leurs responsabilité.
"Où êtes-vous, Tunisiens, pour vous occuper de votre pays?"
Autre mot d'ordre karboulien, la responsabilisation du citoyen reprend la requête lancée par Mehdi Jomâa le 15 mars. Avant de partir pour sa tournée du Golfe, le chef du gouvernement avait souligné que "le travail" était "la seule solution" pour faire sortir le pays de la crise.
Même discours de la ministre du Tourisme, qui refuse d'assumer toute la responsabilité. "Où êtes-vous, Tunisiens, pour vous occuper de votre pays?", a-t-elle lancé. "Si chacun prend ses responsabilités, c'est comme ça qu'on trouvera le succès". Concédant que le ministère devait "également faire ses devoirs", Amel Karboul a souhaité "envoyer un défi aux gens".
Pour aller plus loin, elle n'a pas mâché ses mots. "Nous n'avons pas assez l'esprit et la capacité d'entreprendre", a-t-elle déclaré, regrettant que certains "n'ont même pas la capacité de faire un business plan".
"Il faut leur donner des compétences". Frustrée de voir "autant de jeunes s'en remettre à l'Etat pour leur emploi', Karboul a annoncé la couleur: les autorités veulent aider, mais ce sera aux Tunisiens de mettre un pied devant l'autre.
"J'en ai marre des gens qui veulent que je fasse quelque chose pour eux", s'est-elle exclamée. "Au lieu de se tourner vers l'Etat, pourquoi ne pas créer une association et tenter de lever les fonds pour mener à bien son projet?". Quelques secondes après, elle affirmera pourtant que "personne ne vient frapper à [sa] porte, c'est [elle] qui va frapper à la porte des gens".
Amel Karboul n'en est plus à une contradiction près. "J'aime la critique", a-t-elle répété à plusieurs reprises. "Parce que ça veut dire qu'on dérange". Il y a deux semaines, la ministre fustigeait "la critique" sur son compte Twitter.
Est-ce que vous créez quoi que ce soit, où est-ce que vous ne faites que critiquer le travail des autres et mettre en cause leurs intentions?
Présente sur plusieurs fronts, la ministre du Tourisme multiplie les projets ainsi que les services pré- et après-vente. Sur Twitter, sur Facebook ou dans ces prises de positions, Amel Karboul bouscule et n'hésite pas à s'exposer.
"Give me data, give me data, give me data"
Egalement présent, l'ancien ministre des Finances Jalloul Ayed a fait remarquer que pour mettre une idée en avant, "il faut la répéter trois fois". Amel Karboul a retenu la leçon.
Elle affirme ne s'être "jamais plainte de [sa] vie", mais regrette le manque de données à sa disposition. "Je n'ai pas les données", insiste-t-elle.
Karboul touche ainsi un point sensible. Pour mieux travailler, l'administration aurait besoin de plus d'information. En 2007, l'OCDE attestait de l'importance des statistiques, soulignant notamment "leur utilisation lors des phases de conception mais aussi de mise en œuvre des cadres d’action politique des pays".
"Je dois jouer le jeu politique avec les données que j'ai", explique finalement la ministre.
Les réseaux sociaux pour mieux vendre la Tunisie
Parmi les mots d'ordre "karbouliens", le "branding" est bien placé pour durer. "Nous ne vendons pas assez la marque Tunisie".
Alors pour mieux vendre une industrie touristique qu'elle souhaite "moins focalisée sur le balnéaire", la ministre préconise la méthode digitale "moins chère et plus efficace". "Tous les Tunisiens actifs sont sur Facebook, il s'agit d'un énorme potentiel", a-t-elle déclaré.
Nombre de mentions "j'aime" sur Facebook, nombre de vues sur Youtube: enfin des "données" pour mesurer l'impact du "branding" à la sauce tunisienne. Facebook et Twitter entrent en scène là où l'administration fait défaut.
Amel Karboul veut diversifier. Les produits, d'abord: "Il faut du tourisme culturel, écologique, religieux", en favorisant les régions. Le service de vente, ensuite: elle tweete en quatre langues - arabe, français, anglais et allemand - et espère "regagner la confiance des marchés de ceux qui sont déjà nos clients" - les Français, les Anglais, les Allemands.
Vision: Un tourisme plus culturel, solidaire, éthique, rural, vert, ...
— Amel Karboul (@amelkarboul) February 9, 2014
Amel Karboul s'est ainsi faite figure de proue de son projet de promotion. Pourtant, elle a insisté pour que les Tunisiens prennent leurs responsabilité.
"Où êtes-vous, Tunisiens, pour vous occuper de votre pays?"
Autre mot d'ordre karboulien, la responsabilisation du citoyen reprend la requête lancée par Mehdi Jomâa le 15 mars. Avant de partir pour sa tournée du Golfe, le chef du gouvernement avait souligné que "le travail" était "la seule solution" pour faire sortir le pays de la crise.
Même discours de la ministre du Tourisme, qui refuse d'assumer toute la responsabilité. "Où êtes-vous, Tunisiens, pour vous occuper de votre pays?", a-t-elle lancé. "Si chacun prend ses responsabilités, c'est comme ça qu'on trouvera le succès". Concédant que le ministère devait "également faire ses devoirs", Amel Karboul a souhaité "envoyer un défi aux gens".
La discipline, le travail et l'application de la loi sont indispensable pour réussir en Tunisie aujourd'hui!
— Amel Karboul (@amelkarboul) March 9, 2014
Pour aller plus loin, elle n'a pas mâché ses mots. "Nous n'avons pas assez l'esprit et la capacité d'entreprendre", a-t-elle déclaré, regrettant que certains "n'ont même pas la capacité de faire un business plan".
"Il faut leur donner des compétences". Frustrée de voir "autant de jeunes s'en remettre à l'Etat pour leur emploi', Karboul a annoncé la couleur: les autorités veulent aider, mais ce sera aux Tunisiens de mettre un pied devant l'autre.
"J'en ai marre des gens qui veulent que je fasse quelque chose pour eux", s'est-elle exclamée. "Au lieu de se tourner vers l'Etat, pourquoi ne pas créer une association et tenter de lever les fonds pour mener à bien son projet?". Quelques secondes après, elle affirmera pourtant que "personne ne vient frapper à [sa] porte, c'est [elle] qui va frapper à la porte des gens".
Amel Karboul n'en est plus à une contradiction près. "J'aime la critique", a-t-elle répété à plusieurs reprises. "Parce que ça veut dire qu'on dérange". Il y a deux semaines, la ministre fustigeait "la critique" sur son compte Twitter.
Do you create anything, or just criticize others work and belittle their motivations?
— Amel Karboul (@amelkarboul) March 10, 2014
Est-ce que vous créez quoi que ce soit, où est-ce que vous ne faites que critiquer le travail des autres et mettre en cause leurs intentions?
Présente sur plusieurs fronts, la ministre du Tourisme multiplie les projets ainsi que les services pré- et après-vente. Sur Twitter, sur Facebook ou dans ces prises de positions, Amel Karboul bouscule et n'hésite pas à s'exposer.
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