Jamais peut-être un sommet de la Ligue arabe n'aura été autant scruté. Le contexte dans lequel il se tient est explosif. Hasard du calendrier des événements, les crise régionales se sont télescopées avec la grande tension internationale du moment. Constat immédiat: les relations entre les pays du Golfe, notamment ceux qui prétendent à un leadership régional, sont au bord de l'explosion.
Entre une Arabie saoudite jadis incarnant la sagesse et la modération arabe et un pays comme le Qatar motivé par une fougueuse et incontrôlable ambition, rien ne va plus. Le clivage est tel que la rupture était inévitable. Entre une Egypte qui, sous conduite militaire, peine à sortir la tête du goulot islamiste et un pays comme le Qatar qui a fait de son soutien des Frères musulmans une stratégie d'existence, la messe est dite depuis longtemps. Les Émirats arabes unis et le Bahreïn ont mis leur grain de sel dans cette équation régionale électrique, donnant à l'ensemble de la région un statut d'une grande incertitude.
Ce sommet du Koweït était censé être l'occasion pour faire le point sur les grandes crises qui paralysent l'action arabe comme celle qui se déroule depuis plus de trois ans en Syrie sans aucune vraie perspective de solution ou celle qui menace de transformer la Libye en terroir de toutes les violences politiques. Ou celle particulièrement chronique en Irak qui est en train de le transformer en terre de toutes les instabilités. Or tout cela a été évacué au profit d'un froid glacial qui a soufflé sur les membres du Conseil de coopération du golfe. L'enjeu principal étant de renouer les fils du dialogue, de procéder à des réconciliations entre des égos politiques surdimensionnés par l'influence supposée et l'ambition affichée.
Le Koweït qui abrite ce sommet a déjà testé ses qualités de médiateur mais sans grand succès pour le moment. L'arène du sommet est certes l'occasion de pousser dans le sens désiré de la réconciliation. Mais les clivages sont tels qu'une tribune aussi exposée que ce sommet puisse servir efficacement à rapprocher les tempéraments et les égos là où il fallait de l'ombre et de la discrétion. D'où la nécessité pour de nombreux pays arabes de se livrer à cet exercice extrêmement salvateur pour "assainir l'atmosphère arabe" comme la langue de bois arabe l'exprime si bien.
Dans ce contexte tendu au sein du CCG, toutes les attentions se dirigent vers les Maroc. Le Roi Mohammed VI est le seul à avoir réussi actuellement cette performance rare d'entretenir d'excellentes relations avec les deux protagonistes de cette crise dans le Golfe. Avec le royaume d'Arabie Saoudite, une relations historique d'une qualité stable, basée sur la confiance, caractérise les liens entre les deux pays. Le Maroc entretient en outre une relations particulière avec le CCG, si particulière que son adhésion à cette structure est envisagée avec le plus grand sérieux. Alors qu'avec le Qatar, après une brouille qui a frôlé la rupture, la grande entente est revenue à l'axe Rabat/Doha comme en témoigne les fréquentes visites de responsables qataris au Maroc et leur volonté déclarée de tourner la page des années brouilles et d'en relancer une nouvelle de coopération économique et de concertation politique. Ainsi cette crise au sein du CCG a ouvert devant la diplomatie marocaine un grand boulevard pour déployer ses gammes et ses réseaux. Sans oublier les signes annonciateurs d'une nette amélioration dans les relations du Maroc avec l'Iran apparus en public depuis la participation remarquée d'une délégation iranienne lors du dernier sommet d'Alquds qui s'est récemment tenu à Marrakech.
Ce sommet arabe au Koweït et ces tensions inédites qui se sont invitées à son menu interviennent à la veille d'une importante visite de Barack Obama en Arabie saoudite où il sera question non seulement de redonner à la relation à Washington et Ryad de nouvelles bases surtout après les sourdes tensions qui l'ont marquée lorsque les deux pays ont constaté leurs divergences stratégiques dans la gestion des crises syrienne et iranienne. Ils s'agit aussi pour les Arabes et les Américains de revoir leurs relations à l'ombre de la brusque tension entre Washington et Moscou lorsque Vladimir Poutine a annexé politiquement et militairement la Crimée.
Il paraît clair aujourd'hui que l'administration Obama, consciente que la tension qui marque actuellement ses relations avec les Russes aura forcément un impact sur les crises arabes et iranienne. De nombreux observateurs s'attendent à ce que Vladimir Poutine accentue d'avantage son intransigeance sur les dossiers syrien et iranien. Ceux qui pariaient sur un possible lâchage de Bachar El Assad par Moscou peuvent rembarrer leurs illusions. Les autorités iraniennes peuvent aussi se réjouir de cette brusque poussée de fièvre entre Russes et Américains. Il les sort provisoirement d'un étouffant tête-à-tête qui les oblige à d'importantes concessions. Sans parler de l'Egypte ù le Maréchal Sissi, pour échapper à l'influence exclusive des Américains, a ouvert un canal sérieux de dialogue politique avec Moscou.
La grande crainte aujourd'hui est que le bras de fer entre Obama et Poutine, qui a pour théâtre les Balkans, ne puisse se transporter avec encore plus d'acuité et d'agressivité diplomatique dans le Golfe, avec le grand retour d'un jeu de dominos aussi paralysant que dangereux. Chacun des grands joueurs risque de se trouver sans l'obligation des rabattre ses fidèles et de créer par conséquent une conjoncture productrice de tensions mine l'esprit de réconciliation tant souhaité.
Entre une Arabie saoudite jadis incarnant la sagesse et la modération arabe et un pays comme le Qatar motivé par une fougueuse et incontrôlable ambition, rien ne va plus. Le clivage est tel que la rupture était inévitable. Entre une Egypte qui, sous conduite militaire, peine à sortir la tête du goulot islamiste et un pays comme le Qatar qui a fait de son soutien des Frères musulmans une stratégie d'existence, la messe est dite depuis longtemps. Les Émirats arabes unis et le Bahreïn ont mis leur grain de sel dans cette équation régionale électrique, donnant à l'ensemble de la région un statut d'une grande incertitude.
Ce sommet du Koweït était censé être l'occasion pour faire le point sur les grandes crises qui paralysent l'action arabe comme celle qui se déroule depuis plus de trois ans en Syrie sans aucune vraie perspective de solution ou celle qui menace de transformer la Libye en terroir de toutes les violences politiques. Ou celle particulièrement chronique en Irak qui est en train de le transformer en terre de toutes les instabilités. Or tout cela a été évacué au profit d'un froid glacial qui a soufflé sur les membres du Conseil de coopération du golfe. L'enjeu principal étant de renouer les fils du dialogue, de procéder à des réconciliations entre des égos politiques surdimensionnés par l'influence supposée et l'ambition affichée.
Le Koweït qui abrite ce sommet a déjà testé ses qualités de médiateur mais sans grand succès pour le moment. L'arène du sommet est certes l'occasion de pousser dans le sens désiré de la réconciliation. Mais les clivages sont tels qu'une tribune aussi exposée que ce sommet puisse servir efficacement à rapprocher les tempéraments et les égos là où il fallait de l'ombre et de la discrétion. D'où la nécessité pour de nombreux pays arabes de se livrer à cet exercice extrêmement salvateur pour "assainir l'atmosphère arabe" comme la langue de bois arabe l'exprime si bien.
Dans ce contexte tendu au sein du CCG, toutes les attentions se dirigent vers les Maroc. Le Roi Mohammed VI est le seul à avoir réussi actuellement cette performance rare d'entretenir d'excellentes relations avec les deux protagonistes de cette crise dans le Golfe. Avec le royaume d'Arabie Saoudite, une relations historique d'une qualité stable, basée sur la confiance, caractérise les liens entre les deux pays. Le Maroc entretient en outre une relations particulière avec le CCG, si particulière que son adhésion à cette structure est envisagée avec le plus grand sérieux. Alors qu'avec le Qatar, après une brouille qui a frôlé la rupture, la grande entente est revenue à l'axe Rabat/Doha comme en témoigne les fréquentes visites de responsables qataris au Maroc et leur volonté déclarée de tourner la page des années brouilles et d'en relancer une nouvelle de coopération économique et de concertation politique. Ainsi cette crise au sein du CCG a ouvert devant la diplomatie marocaine un grand boulevard pour déployer ses gammes et ses réseaux. Sans oublier les signes annonciateurs d'une nette amélioration dans les relations du Maroc avec l'Iran apparus en public depuis la participation remarquée d'une délégation iranienne lors du dernier sommet d'Alquds qui s'est récemment tenu à Marrakech.
Ce sommet arabe au Koweït et ces tensions inédites qui se sont invitées à son menu interviennent à la veille d'une importante visite de Barack Obama en Arabie saoudite où il sera question non seulement de redonner à la relation à Washington et Ryad de nouvelles bases surtout après les sourdes tensions qui l'ont marquée lorsque les deux pays ont constaté leurs divergences stratégiques dans la gestion des crises syrienne et iranienne. Ils s'agit aussi pour les Arabes et les Américains de revoir leurs relations à l'ombre de la brusque tension entre Washington et Moscou lorsque Vladimir Poutine a annexé politiquement et militairement la Crimée.
Il paraît clair aujourd'hui que l'administration Obama, consciente que la tension qui marque actuellement ses relations avec les Russes aura forcément un impact sur les crises arabes et iranienne. De nombreux observateurs s'attendent à ce que Vladimir Poutine accentue d'avantage son intransigeance sur les dossiers syrien et iranien. Ceux qui pariaient sur un possible lâchage de Bachar El Assad par Moscou peuvent rembarrer leurs illusions. Les autorités iraniennes peuvent aussi se réjouir de cette brusque poussée de fièvre entre Russes et Américains. Il les sort provisoirement d'un étouffant tête-à-tête qui les oblige à d'importantes concessions. Sans parler de l'Egypte ù le Maréchal Sissi, pour échapper à l'influence exclusive des Américains, a ouvert un canal sérieux de dialogue politique avec Moscou.
La grande crainte aujourd'hui est que le bras de fer entre Obama et Poutine, qui a pour théâtre les Balkans, ne puisse se transporter avec encore plus d'acuité et d'agressivité diplomatique dans le Golfe, avec le grand retour d'un jeu de dominos aussi paralysant que dangereux. Chacun des grands joueurs risque de se trouver sans l'obligation des rabattre ses fidèles et de créer par conséquent une conjoncture productrice de tensions mine l'esprit de réconciliation tant souhaité.