Après avoir démissionné de son poste de Chef du premier gouvernement d'après les élections du 23 octobre, Hamadi Jebali s'est un temps retiré de la scène politique et médiatique.
Alors en désaccord avec sa formation politique sur la mise en place d'un gouvernement de technocrates, l'ancien Premier ministre a encore récemment pris ses distances du mouvement Ennahdha en démissionnant de son poste de Secrétaire général.
Hamadi Jebali se repositionne aujourd'hui sur la scène politico-médiatique, après avoir amorcé son retour en août.
Il évoque la possibilité pour lui de se présenter à la prochaine élection présidentielle. Dans une interview accordée à Mosaïque FM, Jebali "l'indépendant" ne manquera pas de tacler l'actuel résident du Palais de Carthage, Moncef Marzouki.
"Aujourd'hui je suis libre et indépendant"
"Je veux vous répondre en toute franchise. Aujourd'hui je suis libre et indépendant", a martelé l'ancien Premier ministre.
"Si je me présente à l'élection présidentielle, je serais indépendant des partis, dans les faits", a déclaré Jebali. Les raisons invoquées? "Il ne doit pas y avoir de personne partisane à Carthage, car le futur président devra avoir un rôle de rassembleur", a-t-il assuré.
Hamadi Jebali n'a alors pas écarté la possibilité d'être soutenu non seulement pas le mouvement Ennahdha, mais également pas "d'autres qui auraient la même vision", sans citer ces "autres".
L'indépendance, le maître mot du nouveau Jebali. Interrogé sur le futur référendum organisé par son parti pour l'organisation d'un congrès exceptionnel, Hamadi Jebali préfèrera répondre des généralités "au peuple tunisien". "Nous sommes à la croisée des chemins", philosophe-t-il.
Moncef Marzouki doit démissionner
Hamadi Jebali "en toute franchise", n'hésitera pas à s'attaquer à l'actuel Président de la République, Moncef Marzouki. "Le Président doit démissionner s'il se porte candidat aux futures élections", c'est une question d'égalité des chances, a-t-il soutenu. "Je le lui ai dit en face, s'il refuse, c'est son droit", a-t-il ajouté.
Mais Jebali ne s'est pas limité aux questions de principe. "Je considère qu'il ne faut pas utiliser l'Etat pour sa campagne électoral et en un sens, l'actuel Président est en campagne électorale", a-t-il déploré.
L'ancien Chef du gouvernement ne concèdera rien à Moncef Marzouki, y compris concernant la crise ayant suivi l'extradition de l'ancien Le président de la République était au courant de la décision d'extrader Baghdadi Mahmoudi, Premier ministre libyen sous Kadhafi.
"Il était au courant de la décision prise par le gouvernement d'extrader Baghdadi Mahmoudi. Nous en avions discuté et il n'était pas d'accord mais cela faisait partie de mes prérogatives", a-t-il affirmé.
Nous avons fait des erreurs
Pour ce qui est de son expérience à la tête du gouvernement, Hamadi Jebali a concédé quelques "erreurs". Des erreurs dont la responsabilité incombe en majorité aux partis de l'opposition, selon lui.
"Le gouvernement de la Troïka était une erreur, mais ceux qui doivent en assumer une part de responsabilité sont ceux qui ont refusé l'idée d'un gouvernement d'union nationale", a-t-il dit.
"Le retard accusé dans le processus n'est pas principalement dû à la Troïka. Il est dû à ceux qui n'ont pas digérer les résultats des élections, particulièrement le Front populaire avec Hamma Hammami", a accusé Hamadi Jebali.
"J'assume aussi ma responsabilité quand je dis que le choix du gouvernement n'était pas le bon. Nous avons échoué dans le consensus et l'accélération du processus. Le gouvernement aurait dû être distant de toute instrumentalisation politique", a-t-il tempéré.
Pourquoi avoir accepté le poste de Premier ministre? "Je ne me rendais pas compte de la tâche qui m'attendait. Je n'ai réalisé les difficultés de cette étape que par la pratique", a-t-il répondu.
"Je ne voulais pas que cette transition soit politisée. C'est ce qu'attendait l'opposition et nous avons fait l'erreur de rentrer dans ce jeu. Malheureusement, les travaux de l'Assemblée mais aussi du gouvernement ont été ralentis", a-t-il concédé.
Le gouvernement n'a pas favorisé l'extrémisme religieux
Interrogé sur le retard pris par son gouvernement dans la prise en main des violences attribuées à des extrémistes religieux, Hamadi Jebali s'est montré relativement satisfait.
"Nous n'avons pas facilité les choses aux extrémistes (contrairement aux accusations exprimées en ce sens), mais je peux me reprocher d'avoir traité l'enjeu de manière trop précipitée. Au sein du gouvernement et du mouvement, certains pensaient qu'on pouvait cerner ce phénomène et convaincre ces groupes d'exprimer leurs opinions pacifiquement", a-t-il affirmé.
"Par la suite, nous sommes arrivé à la conclusion qu'il existait un réel danger. Mais l'affaire n'est pas aussi simple qu'on le pense", a-t-il nuancé, refusant pourtant de commenter les propos du ministère de l'Intérieur de l'époque, faisant état de simple activités sportives sur le mont Châambi.
"Il n'est pas facile, dans une vie, de prendre la décision d'affronter des groupes par la force, et nous avons peut-être échoué là-dessus. Mais j'estime que l'intervalle dans lequel nous avons pris notre décision, malgré les assassinats, était raisonnable".
Des erreurs nuancées, des responsabilités partagées et une "indépendance" affichée, tels sont les mots d'ordre de l'ancien Premier ministre et ancien Secrétaire général d'Ennahdha. Démissionner pour mieux se positionner lors des futures échéances électorales, la nouvelle stratégie de Hamadi Jebali va-t-elle porter ses fruits?
Alors en désaccord avec sa formation politique sur la mise en place d'un gouvernement de technocrates, l'ancien Premier ministre a encore récemment pris ses distances du mouvement Ennahdha en démissionnant de son poste de Secrétaire général.
Hamadi Jebali se repositionne aujourd'hui sur la scène politico-médiatique, après avoir amorcé son retour en août.
LIRE AUSSI: Le retour médiatique de Hamadi Jebali
Il évoque la possibilité pour lui de se présenter à la prochaine élection présidentielle. Dans une interview accordée à Mosaïque FM, Jebali "l'indépendant" ne manquera pas de tacler l'actuel résident du Palais de Carthage, Moncef Marzouki.
"Aujourd'hui je suis libre et indépendant"
"Je veux vous répondre en toute franchise. Aujourd'hui je suis libre et indépendant", a martelé l'ancien Premier ministre.
"Si je me présente à l'élection présidentielle, je serais indépendant des partis, dans les faits", a déclaré Jebali. Les raisons invoquées? "Il ne doit pas y avoir de personne partisane à Carthage, car le futur président devra avoir un rôle de rassembleur", a-t-il assuré.
Hamadi Jebali n'a alors pas écarté la possibilité d'être soutenu non seulement pas le mouvement Ennahdha, mais également pas "d'autres qui auraient la même vision", sans citer ces "autres".
L'indépendance, le maître mot du nouveau Jebali. Interrogé sur le futur référendum organisé par son parti pour l'organisation d'un congrès exceptionnel, Hamadi Jebali préfèrera répondre des généralités "au peuple tunisien". "Nous sommes à la croisée des chemins", philosophe-t-il.
Moncef Marzouki doit démissionner
Hamadi Jebali "en toute franchise", n'hésitera pas à s'attaquer à l'actuel Président de la République, Moncef Marzouki. "Le Président doit démissionner s'il se porte candidat aux futures élections", c'est une question d'égalité des chances, a-t-il soutenu. "Je le lui ai dit en face, s'il refuse, c'est son droit", a-t-il ajouté.
Mais Jebali ne s'est pas limité aux questions de principe. "Je considère qu'il ne faut pas utiliser l'Etat pour sa campagne électoral et en un sens, l'actuel Président est en campagne électorale", a-t-il déploré.
L'ancien Chef du gouvernement ne concèdera rien à Moncef Marzouki, y compris concernant la crise ayant suivi l'extradition de l'ancien Le président de la République était au courant de la décision d'extrader Baghdadi Mahmoudi, Premier ministre libyen sous Kadhafi.
"Il était au courant de la décision prise par le gouvernement d'extrader Baghdadi Mahmoudi. Nous en avions discuté et il n'était pas d'accord mais cela faisait partie de mes prérogatives", a-t-il affirmé.
Nous avons fait des erreurs
Pour ce qui est de son expérience à la tête du gouvernement, Hamadi Jebali a concédé quelques "erreurs". Des erreurs dont la responsabilité incombe en majorité aux partis de l'opposition, selon lui.
"Le gouvernement de la Troïka était une erreur, mais ceux qui doivent en assumer une part de responsabilité sont ceux qui ont refusé l'idée d'un gouvernement d'union nationale", a-t-il dit.
"Le retard accusé dans le processus n'est pas principalement dû à la Troïka. Il est dû à ceux qui n'ont pas digérer les résultats des élections, particulièrement le Front populaire avec Hamma Hammami", a accusé Hamadi Jebali.
"J'assume aussi ma responsabilité quand je dis que le choix du gouvernement n'était pas le bon. Nous avons échoué dans le consensus et l'accélération du processus. Le gouvernement aurait dû être distant de toute instrumentalisation politique", a-t-il tempéré.
Pourquoi avoir accepté le poste de Premier ministre? "Je ne me rendais pas compte de la tâche qui m'attendait. Je n'ai réalisé les difficultés de cette étape que par la pratique", a-t-il répondu.
"Je ne voulais pas que cette transition soit politisée. C'est ce qu'attendait l'opposition et nous avons fait l'erreur de rentrer dans ce jeu. Malheureusement, les travaux de l'Assemblée mais aussi du gouvernement ont été ralentis", a-t-il concédé.
Le gouvernement n'a pas favorisé l'extrémisme religieux
Interrogé sur le retard pris par son gouvernement dans la prise en main des violences attribuées à des extrémistes religieux, Hamadi Jebali s'est montré relativement satisfait.
"Nous n'avons pas facilité les choses aux extrémistes (contrairement aux accusations exprimées en ce sens), mais je peux me reprocher d'avoir traité l'enjeu de manière trop précipitée. Au sein du gouvernement et du mouvement, certains pensaient qu'on pouvait cerner ce phénomène et convaincre ces groupes d'exprimer leurs opinions pacifiquement", a-t-il affirmé.
"Par la suite, nous sommes arrivé à la conclusion qu'il existait un réel danger. Mais l'affaire n'est pas aussi simple qu'on le pense", a-t-il nuancé, refusant pourtant de commenter les propos du ministère de l'Intérieur de l'époque, faisant état de simple activités sportives sur le mont Châambi.
"Il n'est pas facile, dans une vie, de prendre la décision d'affronter des groupes par la force, et nous avons peut-être échoué là-dessus. Mais j'estime que l'intervalle dans lequel nous avons pris notre décision, malgré les assassinats, était raisonnable".
Des erreurs nuancées, des responsabilités partagées et une "indépendance" affichée, tels sont les mots d'ordre de l'ancien Premier ministre et ancien Secrétaire général d'Ennahdha. Démissionner pour mieux se positionner lors des futures échéances électorales, la nouvelle stratégie de Hamadi Jebali va-t-elle porter ses fruits?
LIRE AUSSI: Riadh Chaïbi, démissionnaire d'Ennahdha: "Nous avons choisi de créer un parti qui n'a aucun rapport avec l'Islam politique"
Retrouvez les articles du HuffPost Maghreb sur notre page Facebook.