Le village de Kessab en Syrie, près de la frontière turque, est tombé aux mains des rebelles islamistes syriens dimanche 23 mars. Un évènement qui a provoqué la fuite de ses habitants majoritairement arméniens, dont beaucoup sont des descendants des rescapés du Génocide Arménien, perpétré en Turquie de 1915 à 1922. Sur les 5 000 habitants des cinq villages du canton, environ 65 % sont Arméniens et le reste est alaouite.
Les terroristes disent toujours ce qu'ils vont faire
Dans un article du Monde, daté du 24 octobre 2012, un rebelle turkmène (Syrien d'origine turque) avait lancé un avertissement à la population arménienne du village. "Je préviens nos frères arméniens à Kessab: qu'ils partent avant l'offensive de l'Armée syrienne libre, sinon ils vont avoir des pertes civiles et encore se plaindre d'un génocide perpétré par des Turcs."
Selon Fabrice Balanche, spécialiste de la Syrie et directeur du Groupe de recherches et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (GREMMO), l'enjeu dissimulé derrière cette bataille "officiellement" menée pour s'emparer d'un poste frontière, "c'est une stratégie d'épuration ethnique à l'égard de la population arménienne de Kessab."
Le rôle de la Turquie
La prise du village n'a pu être possible sans l'accord, voir le soutien militaire, des autorités turques. "Les rebelles se sont facilement emparés du village avec l'appui des autorités turques, ces dernières empêchant l'aviation syrienne d'épauler les combattants arméniens et l'armée régulière" juge Fabrice Balanche. Dimanche, la Turquie a abattu un avion militaire syrien qui bombardait des rebelles, près du poste frontière de Kessab. Ankara affirme que l'appareil avait violé l'espace aérien turc alors que la Syrie dénonce une "agression flagrante" et a déclaré que l'avion avait été touché en territoire syrien. Damas accuse l'armée turque d'avoir "fourni une couverture pour cette attaque terroriste" dans ce secteur, et d'avoir permis aux insurgés de s'infiltrer depuis la Turquie.
Le silence des médias français
À part France 24 avez-vous entendu parler de ce drame sur les ondes de radios ou sur les écrans de TV en France? Nos intellectuels, si empressés à se rendre sur les plateaux de TV ou devant les micros pour défendre des causes humanitaires, ont-ils eu un mot à ce sujet? Les analystes "spécialistes" de la Turquie ont-ils parlé de ce drame? Et nos politiques, notamment le Quai d'Orsay? A-t-on envoyé, sinon un avertissement, au moins un message à Ankara pour condamner le soutien apporté aux terroristes dont les actes sauvages envers la population arménienne de Kessab et la profanation de plusieurs églises arméniennes, rappellent les pages noires de l'histoire contemporaine turque ?
On peut comprendre que ces jours-ci les élections municipales accaparent l'actualité dans les médias français, mais une épuration ethnique, qui se déroule près de chez nous, dans le bassin méditerranéen, est-elle moins importante que, par exemple, le Boeing disparu à des dizaines de milliers de kilomètres de chez nous, dont on parle à longueur de la journée? On aimerait comprendre qui dans les rédactions décide de la hiérarchie des sujets à traiter et sur quels critères.
Les terroristes disent toujours ce qu'ils vont faire
Dans un article du Monde, daté du 24 octobre 2012, un rebelle turkmène (Syrien d'origine turque) avait lancé un avertissement à la population arménienne du village. "Je préviens nos frères arméniens à Kessab: qu'ils partent avant l'offensive de l'Armée syrienne libre, sinon ils vont avoir des pertes civiles et encore se plaindre d'un génocide perpétré par des Turcs."
Selon Fabrice Balanche, spécialiste de la Syrie et directeur du Groupe de recherches et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (GREMMO), l'enjeu dissimulé derrière cette bataille "officiellement" menée pour s'emparer d'un poste frontière, "c'est une stratégie d'épuration ethnique à l'égard de la population arménienne de Kessab."
Le rôle de la Turquie
La prise du village n'a pu être possible sans l'accord, voir le soutien militaire, des autorités turques. "Les rebelles se sont facilement emparés du village avec l'appui des autorités turques, ces dernières empêchant l'aviation syrienne d'épauler les combattants arméniens et l'armée régulière" juge Fabrice Balanche. Dimanche, la Turquie a abattu un avion militaire syrien qui bombardait des rebelles, près du poste frontière de Kessab. Ankara affirme que l'appareil avait violé l'espace aérien turc alors que la Syrie dénonce une "agression flagrante" et a déclaré que l'avion avait été touché en territoire syrien. Damas accuse l'armée turque d'avoir "fourni une couverture pour cette attaque terroriste" dans ce secteur, et d'avoir permis aux insurgés de s'infiltrer depuis la Turquie.
Le silence des médias français
À part France 24 avez-vous entendu parler de ce drame sur les ondes de radios ou sur les écrans de TV en France? Nos intellectuels, si empressés à se rendre sur les plateaux de TV ou devant les micros pour défendre des causes humanitaires, ont-ils eu un mot à ce sujet? Les analystes "spécialistes" de la Turquie ont-ils parlé de ce drame? Et nos politiques, notamment le Quai d'Orsay? A-t-on envoyé, sinon un avertissement, au moins un message à Ankara pour condamner le soutien apporté aux terroristes dont les actes sauvages envers la population arménienne de Kessab et la profanation de plusieurs églises arméniennes, rappellent les pages noires de l'histoire contemporaine turque ?
On peut comprendre que ces jours-ci les élections municipales accaparent l'actualité dans les médias français, mais une épuration ethnique, qui se déroule près de chez nous, dans le bassin méditerranéen, est-elle moins importante que, par exemple, le Boeing disparu à des dizaines de milliers de kilomètres de chez nous, dont on parle à longueur de la journée? On aimerait comprendre qui dans les rédactions décide de la hiérarchie des sujets à traiter et sur quels critères.