Bourguiba a quitté les sphères du pouvoir depuis un quart de siècle, il est décédé depuis quatorze ans et pourtant sa personnalité complexe, son parcours politique, ses prises de positions courageuses et inédites semblent encore déchaîner les passions de ses détracteurs.
C'est surtout le cas des islamistes qui ne ratent aucune occasion pour salir sa mémoire et par-delà celle de tous les Tunisiens, puisque, qu'ils le veuillent ou non, Bourguiba fait partie intégrante du passé de la Tunisie.
Bourguiba bâtisseur et émancipateur
Pourtant, dès que le protocole de l'indépendance fut signé, il s'attela à la tâche énorme qui consiste à poser les bases de l'État moderne en ordonnant des réformes sociales fondamentales et audacieuses. Quatre mois et demi après 20 mars 1956, il promulgue en effet le Code du Statut personnel qui demeure encore inégalé aujourd'hui.
Grâce à ce code révolutionnaire, il libera la femme du joug de la société patriarcale et du carcan de la tradition parce qu'il a toujours considéré qu'une société humaine ne peut évoluer et se développer si la moitié de ses membres est écartée du circuit économique.
Par ailleurs, Il fit abolir la polygamie et la répudiation, institua le divorce légale et releva l'âge du mariage aussi bien pour le garçon que pour la fille.
Il imposa la gratuité de l'enseignement et la scolarisation obligatoire des enfants -filles et garçons- à partir de l'âge de six ans. Ainsi, tous les enfants, qu'ils soient riches ou pauvres, citadins ou originaires des régions rurales, purent bénéficier de la chance de poursuivre des études, obtenir des diplômes supérieurs et d'exercer des métiers convenant à leurs compétences.
Plusieurs tunisiens qui se s'étaient érigés en gardien de la tradition patriarcale, avaient refusé catégoriquement d'autoriser leurs filles à aller à l'école et il fallut l'intervention, parfois musclé, des autorités pour que les tunisiennes puissent bénéficier de cet avantage.
Ces décisions novatrices et émancipatrices avaient provoqué, en ces temps-là, une levée de bouclier que des fauteurs de trouble tentent de ressusciter aujourd'hui.
Du reste, la politique rationnelle et cartésienne du leader tunisien se situait à mille lieux de la démagogie qui caractérisait ses pairs arabes. Elle le démarquait de leurs prises de positions sentimentales et erronées dont le temps se chargea de démontrer la fausseté.
Un leader en avance d'un temps sur les autres
On peut citer à cet effet de nombreux exemples. Bourguiba avait toujours prôné l'ouverture sur l'Occident et esquissa les contours des relations avec les grandes puissances mondiales. Il fut, à ce moment-là, accusé d'être l'ennemi de l'arabité.
Le Président tunisien avait toujours conseillé aux Palestiniens de se conformer aux traités internationaux et aux résolutions onusiennes pour résoudre le problème de l'occupation israélienne. Il fut accusé d'être le traître de la cause palestinienne. Son célèbre discours à Jericho souleva, en effet, un tollé général et déclencha une campagne agressive de dénigrement orchestrée par l'Égypte nassérienne. Et pourtant en 1993, lors de la signature des accords d'Oslo, la portion congrue de terres dont héritèrent les frères palestiniens étaient nettement inférieures à celles proposées par l'ONU.
Bourguiba avait refusé et dénoncé les politiques unionistes proposées essentiellement par Nasser et il avait constamment répété que les pays arabes ne pouvaient s'unir que lorsqu'ils atteindraient le même degré d'évolution. Sinon ces unions seraient vouées à l'échec comme ce fut le cas de l'Égypte, de la Syrie et du Yemen dans la République Arabe Unie. C'est ainsi que la radio Sawt El Arab émettant à partir de l'Égypte organisa une campagne intensive de calomnie contre Bourguiba, menée par le journaliste Mohammed Hassanin Haykel.
Au demeurant, comment des adeptes de la polygamie, de la répudiation, de la pédophilie peuvent-il accepter qu'un Tunisien, musulman de surcroît, apporte la preuve intangible que les mœurs du premier siècle de l'hégire ne peuvent pas être reconduites ni perpétuées, en ces temps modernes où les us, les coutumes et les traditions ont évolué en fonction de l'évolution de la science et de l'esprit humain?
Comment peuvent-ils tolérer qu'un musulman professe des principes qui risquent de les mettre au ban de la société parce que dénonçant leur perversité et leur dépravation?
Comment peuvent-ils rester les bras croisés alors que Bourguiba, conscient depuis belle lurette de leur cupidité, a dénoncé déjà au siècle dernier le profit qu'ils pouvaient tirer du commerce juteux de l'exploitation du religieux et le pouvoir incontestable que la religion peut exercer sur des esprits faibles et malléables d'une population encore marquée par l'ignorance?
Pour toutes ces raisons et bien d'autres encore, Bourguiba et le bourguibisme constituent un danger réel pour tous ceux qui veulent profiter de la naïveté de cette population encore ignorante afin de l'endoctriner et de l'embrigader.
En définitive, la religion constitue un fonds de commerce bien florissant qui a encore de beaux jours devant lui. Et comme l'a si bien exprimé Pierre Dehaye: "La calomnie a deux sources courantes : les grands intérêts et les petites vanités." Ainsi, qui aurait intérêt à diffuser les idées lumineuses de Bourguiba, aujourd'hui que d'aucuns peuvent tirer profit des vanités et des grandeurs du pouvoir octroyés par ce fonds de commerce rentable?
C'est surtout le cas des islamistes qui ne ratent aucune occasion pour salir sa mémoire et par-delà celle de tous les Tunisiens, puisque, qu'ils le veuillent ou non, Bourguiba fait partie intégrante du passé de la Tunisie.
Bourguiba bâtisseur et émancipateur
Pourtant, dès que le protocole de l'indépendance fut signé, il s'attela à la tâche énorme qui consiste à poser les bases de l'État moderne en ordonnant des réformes sociales fondamentales et audacieuses. Quatre mois et demi après 20 mars 1956, il promulgue en effet le Code du Statut personnel qui demeure encore inégalé aujourd'hui.
Grâce à ce code révolutionnaire, il libera la femme du joug de la société patriarcale et du carcan de la tradition parce qu'il a toujours considéré qu'une société humaine ne peut évoluer et se développer si la moitié de ses membres est écartée du circuit économique.
Par ailleurs, Il fit abolir la polygamie et la répudiation, institua le divorce légale et releva l'âge du mariage aussi bien pour le garçon que pour la fille.
Il imposa la gratuité de l'enseignement et la scolarisation obligatoire des enfants -filles et garçons- à partir de l'âge de six ans. Ainsi, tous les enfants, qu'ils soient riches ou pauvres, citadins ou originaires des régions rurales, purent bénéficier de la chance de poursuivre des études, obtenir des diplômes supérieurs et d'exercer des métiers convenant à leurs compétences.
Plusieurs tunisiens qui se s'étaient érigés en gardien de la tradition patriarcale, avaient refusé catégoriquement d'autoriser leurs filles à aller à l'école et il fallut l'intervention, parfois musclé, des autorités pour que les tunisiennes puissent bénéficier de cet avantage.
Ces décisions novatrices et émancipatrices avaient provoqué, en ces temps-là, une levée de bouclier que des fauteurs de trouble tentent de ressusciter aujourd'hui.
Du reste, la politique rationnelle et cartésienne du leader tunisien se situait à mille lieux de la démagogie qui caractérisait ses pairs arabes. Elle le démarquait de leurs prises de positions sentimentales et erronées dont le temps se chargea de démontrer la fausseté.
Un leader en avance d'un temps sur les autres
On peut citer à cet effet de nombreux exemples. Bourguiba avait toujours prôné l'ouverture sur l'Occident et esquissa les contours des relations avec les grandes puissances mondiales. Il fut, à ce moment-là, accusé d'être l'ennemi de l'arabité.
Le Président tunisien avait toujours conseillé aux Palestiniens de se conformer aux traités internationaux et aux résolutions onusiennes pour résoudre le problème de l'occupation israélienne. Il fut accusé d'être le traître de la cause palestinienne. Son célèbre discours à Jericho souleva, en effet, un tollé général et déclencha une campagne agressive de dénigrement orchestrée par l'Égypte nassérienne. Et pourtant en 1993, lors de la signature des accords d'Oslo, la portion congrue de terres dont héritèrent les frères palestiniens étaient nettement inférieures à celles proposées par l'ONU.
Bourguiba avait refusé et dénoncé les politiques unionistes proposées essentiellement par Nasser et il avait constamment répété que les pays arabes ne pouvaient s'unir que lorsqu'ils atteindraient le même degré d'évolution. Sinon ces unions seraient vouées à l'échec comme ce fut le cas de l'Égypte, de la Syrie et du Yemen dans la République Arabe Unie. C'est ainsi que la radio Sawt El Arab émettant à partir de l'Égypte organisa une campagne intensive de calomnie contre Bourguiba, menée par le journaliste Mohammed Hassanin Haykel.
Au demeurant, comment des adeptes de la polygamie, de la répudiation, de la pédophilie peuvent-il accepter qu'un Tunisien, musulman de surcroît, apporte la preuve intangible que les mœurs du premier siècle de l'hégire ne peuvent pas être reconduites ni perpétuées, en ces temps modernes où les us, les coutumes et les traditions ont évolué en fonction de l'évolution de la science et de l'esprit humain?
Comment peuvent-ils tolérer qu'un musulman professe des principes qui risquent de les mettre au ban de la société parce que dénonçant leur perversité et leur dépravation?
Comment peuvent-ils rester les bras croisés alors que Bourguiba, conscient depuis belle lurette de leur cupidité, a dénoncé déjà au siècle dernier le profit qu'ils pouvaient tirer du commerce juteux de l'exploitation du religieux et le pouvoir incontestable que la religion peut exercer sur des esprits faibles et malléables d'une population encore marquée par l'ignorance?
Pour toutes ces raisons et bien d'autres encore, Bourguiba et le bourguibisme constituent un danger réel pour tous ceux qui veulent profiter de la naïveté de cette population encore ignorante afin de l'endoctriner et de l'embrigader.
En définitive, la religion constitue un fonds de commerce bien florissant qui a encore de beaux jours devant lui. Et comme l'a si bien exprimé Pierre Dehaye: "La calomnie a deux sources courantes : les grands intérêts et les petites vanités." Ainsi, qui aurait intérêt à diffuser les idées lumineuses de Bourguiba, aujourd'hui que d'aucuns peuvent tirer profit des vanités et des grandeurs du pouvoir octroyés par ce fonds de commerce rentable?