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Le Maroc dans la présidentielle algérienne

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Les Marocains suivent avec un vif intérêt le déroulement des présidentielles algériennes. Voisinage, profondeur stratégique, imbrications géographique et historique... autant d'éléments qui rendent l'importance accordée à la maison d'en face pertinente. Signe de cet intérêt les nombreux articles de presse souvent avec une tonalité éditorialisante et des prises de positions sans filet, les multiples émissions de télévision qui décortiquent les enjeux et tracent des perspectives.

En échange, le Maroc est très présent dans la campagne de cette présidentielle. Il en est devenu presque un enjeu. Chaque candidat s'est senti obligé de se prononcer sur le grand abcès qui marque la relation entre Rabat et Alger, la fermeture des frontières entre les deux pays.

Du côté du président sortant, Abdelaziz Bouteflika, son directeur de campagne et porte-parole n'a pas cru opportun de se prononcer sur la question. Durant cette campagne, le camp Boutelflika valide la fermeture des frontières comme unique politique de voisinage. Aucune promesse n'a été faite. Aucune perspective n'a été tracée comme si la fermeture des frontières était en soi une politique et un choix du président candidat à un quatrième mandat.

Le silence d'Abdelaziz Bouteflika et de son porte-parole Sellal sur le Maroc contredit les déclarations fracassantes de ses concurrents. Ali Benflis, candidat le plus sérieux accusé par Bouteflika d'agiter le spectre du terrorisme à la télévision, a été celui qui a donné un impact majeur de la relation avec le Maroc dans cette campagne . Le 9 avril il déclare: "Je ferai de mon mieux pour ouvrir la frontière avec le Maroc, et j'annulerai les exigences de visa pour circuler entre les deux pays". Il a toutefois conditionné cette initiative à "la résolution des questions en suspens entre les deux pays".

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Si Ali Benflis a été celui qui a tenté de mettre le maximum de rationalité dans son approche, l'autre candidate Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs, a essayé d'introduire du cœur dans ses desseins. Le 5 avril, elle dit: "Si vous décidez de m'élire, j'ouvrirai la frontière avec le Maroc, parce que notre immunité réside dans l'immunité de nos voisins". Avant de préciser la finalité d'un tel choix: "L'Algérie a aujourd'hui plus que jamais besoin de lever les obstacles avec son voisin marocain, afin que nous puissions désamorcer la bombe à retardement qui vise les pays arabes".

Le Maroc a été présent tout au long de cette brève campagne présidentielle. La thématique de l'ouverture des frontières et la révision de la relation avec le Maroc ont été posées par les concurrents de Bouteflika. Même si aucun des candidats évoqués n'a une chance d'accéder à la fonction suprême, Bouteflika étant assuré d'entre reconduit pour un quatrième mandat, il restera dans l'air du temps algérien comme une sorte de malaise à expliquer les raisons d'une fermeture, les ressorts d'un antagonisme permanents.

Et justement pour nourrir un tel antagonisme, une certaine presse aux ordres n'hésite pas à jeter l'huile sur le feu et nourrir l'animosité à l'égard du Maroc. Ainsi à titre d'exemple, le quotidien arabophone Al Bilad, daté du 15 avril, n'hésite pas à afficher son grand titre de une "Le Maroc mobilise ses agents pour faire exploser la situation en Algérie"... avec ce sous-titre "Les généraux marocains préparent le plan de la Fitna et voici les wilaya visées". Dans le corps de l'article, le lecteur apprend avec stupéfaction que le Maroc a envoyé des agents à des wilayas algériennes comme ghardaya, ouargla, Tizi ouzou ou Bejaia pour y semer le chaos et le désordre.

Aussi grossière soit elle, cette attaque contre le Maroc intervient en plein campagne présidentielle et a pour but de maintenir cette animosité "mobilisatrice" contre le voisin marocain. En échos à ces attaques, le candidat au quatrième mandat Abdelaziz Bouteflika n'hésite pas à évoquer devant les hôtes étrangers l'hypothèse d'un complot étranger qui serait à l'origine de la constatation politique dont sa gouvernance fait l'objet depuis qu'il a décidé de rempiler pour un quatrième mandat. La culture du complot est si enracinée dans la culture du gouvernement algérien qu'il voit la main de l'étranger partout, même là ou il ne fait voir qu'un ras le bol populaire d'une jeunesse humiliée par tant d'arbitraires, tant d'injustices.

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