"Que chacun vive sa vie comme s'il était dieu, que chacun s'abandonne au mythe de sa propre divinité". Emile Cioran.
Dans la préhistoire, l'homme vouait un culte à ses ancêtres. Les ancêtres, divinisés, sont honorés par des offrandes et des prières afin de bénéficier de leur bienveillance et se rapprocher d'un hypothétique au-delà. Au fil des millénaires, le culte des ancêtres a évolué vers d'autres formes non moins fétichistes.
C'est ainsi que dans la postmodernité, certaines sociétés monothéistes ont remplacé les pratiques païennes associées au culte des ancêtres par la commémoration de personnalités historiques disparues tels les prophètes et leurs compagnons, les chefs spirituels et les leaders politiques.
En Tunisie, la résurgence du culte des ancêtres se manifeste non seulement à travers la glorification des acteurs de la période arabe islamique, mais également à travers la glorification des acteurs de la période postcoloniale, notamment chez la catégorie sociale dite "progressiste" qui se définit souvent par opposition aux courants panislamistes.
Le culte des ancêtres chez "les progressistes" se concentre sur la figure de Bourguiba, "guide suprême" et mythe fédérateur pour une Tunisie moderniste en quête d'un référent identitaire puissant et rassurant. Totem symbolique, l'image de Bourguiba sert à résister face aux forces réactionnaires, à asseoir la légitimité de certains leader et partis politiques actuels ainsi qu'à resserrer les tunisiens autour des valeurs communes incarnées par ce mythe.
Si ce culte galvanise et donne l'énergie de résister au fondamentalisme ambiant, il procure aussi chez ses adorateurs le sentiment de dépendre toujours d'un père occulte pour avancer. Aussi, force est de constater que "les progressistes" tunisiens sont encore en l'attente d'une nouvelle figure providentielle et charismatique, ou d'un deuxième Bourguiba, pour agir efficacement.
Au niveau des droits de la femme par exemple, la conscience "progressiste" stagne et des pays, longtemps considérés comme arriérés et liberticides envers les femmes, tendent à dépasser le modèle tunisien pionnier.
Pourtant, si l'on se réfère à la vraie pensée bourguibienne, la Tunisie aurait pu être aujourd'hui le premier pays arabe à établir l'égalité de l'héritage entre les deux sexes, sans attendre le retour d'un "prophète" éclairé. La Tunisie aurait pu exporter son savoir-faire en matière d'éducation aux pays qui débutent ou bien qui souffrent d'un système éducatif stérile. Au lieu de cela, on se met à importer des prototypes qui n'ont pas fait leur preuve ailleurs.
Certes, il est important de vouer un culte aux ancêtres et d'être reconnaissant, en quelques sortes, à ceux qui ont contribué, dans un intervalle donné, à faire de nous ce que nous sommes aujourd'hui. Mais, il est plus important de s'éloigner du folklore, de devenir autonome et d'essayer de comprendre l'essence même du message laissé par Bourguiba, à savoir progresser sans se soucier des détracteurs et de saboteurs.
Bourguiba est mort. Le raviver n'est ni verbal, ni quantifiable: on ne ravive pas une personne qui a compté pour nous en réitérant son nom ou en partageant ses photos sur les réseaux sociaux, mais en continuant son œuvre : le courage de renverser les mentalités, d'avancer bon gré mal gré, de faire évoluer les lois établies et de réussir là où Bourguiba a échoué.
Dans la préhistoire, l'homme vouait un culte à ses ancêtres. Les ancêtres, divinisés, sont honorés par des offrandes et des prières afin de bénéficier de leur bienveillance et se rapprocher d'un hypothétique au-delà. Au fil des millénaires, le culte des ancêtres a évolué vers d'autres formes non moins fétichistes.
C'est ainsi que dans la postmodernité, certaines sociétés monothéistes ont remplacé les pratiques païennes associées au culte des ancêtres par la commémoration de personnalités historiques disparues tels les prophètes et leurs compagnons, les chefs spirituels et les leaders politiques.
En Tunisie, la résurgence du culte des ancêtres se manifeste non seulement à travers la glorification des acteurs de la période arabe islamique, mais également à travers la glorification des acteurs de la période postcoloniale, notamment chez la catégorie sociale dite "progressiste" qui se définit souvent par opposition aux courants panislamistes.
Le culte des ancêtres chez "les progressistes" se concentre sur la figure de Bourguiba, "guide suprême" et mythe fédérateur pour une Tunisie moderniste en quête d'un référent identitaire puissant et rassurant. Totem symbolique, l'image de Bourguiba sert à résister face aux forces réactionnaires, à asseoir la légitimité de certains leader et partis politiques actuels ainsi qu'à resserrer les tunisiens autour des valeurs communes incarnées par ce mythe.
Si ce culte galvanise et donne l'énergie de résister au fondamentalisme ambiant, il procure aussi chez ses adorateurs le sentiment de dépendre toujours d'un père occulte pour avancer. Aussi, force est de constater que "les progressistes" tunisiens sont encore en l'attente d'une nouvelle figure providentielle et charismatique, ou d'un deuxième Bourguiba, pour agir efficacement.
Au niveau des droits de la femme par exemple, la conscience "progressiste" stagne et des pays, longtemps considérés comme arriérés et liberticides envers les femmes, tendent à dépasser le modèle tunisien pionnier.
Pourtant, si l'on se réfère à la vraie pensée bourguibienne, la Tunisie aurait pu être aujourd'hui le premier pays arabe à établir l'égalité de l'héritage entre les deux sexes, sans attendre le retour d'un "prophète" éclairé. La Tunisie aurait pu exporter son savoir-faire en matière d'éducation aux pays qui débutent ou bien qui souffrent d'un système éducatif stérile. Au lieu de cela, on se met à importer des prototypes qui n'ont pas fait leur preuve ailleurs.
Certes, il est important de vouer un culte aux ancêtres et d'être reconnaissant, en quelques sortes, à ceux qui ont contribué, dans un intervalle donné, à faire de nous ce que nous sommes aujourd'hui. Mais, il est plus important de s'éloigner du folklore, de devenir autonome et d'essayer de comprendre l'essence même du message laissé par Bourguiba, à savoir progresser sans se soucier des détracteurs et de saboteurs.
Bourguiba est mort. Le raviver n'est ni verbal, ni quantifiable: on ne ravive pas une personne qui a compté pour nous en réitérant son nom ou en partageant ses photos sur les réseaux sociaux, mais en continuant son œuvre : le courage de renverser les mentalités, d'avancer bon gré mal gré, de faire évoluer les lois établies et de réussir là où Bourguiba a échoué.
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