Nelson Mandela, héros de la lutte contre le régime raciste d'apartheid et premier président noir de l'Afrique du Sud démocratique, est mort jeudi à l'âge de 95 ans, a annoncé le chef de l'Etat Jacob Zuma à la télévision.
"Notre bien-aimé Nelson Mandela, le président fondateur de notre nation démocratique, nous a quittés. Il est décédé en paix entouré de sa famille aux environs de 20H50 le 5 décembre 2013. Il repose maintenant en paix. Notre nation a perdu son plus grand fils", a déclaré le président Zuma lors d'une intervention en direct peu après 21H30 GMT.
Les drapeaux seront mis en berne, a dit M. Zuma, à partir de vendredi et jusqu'aux funérailles d'Etat dont il n'a pas annoncé la date.
Une icône
"L'Afrique du Sud se prépare à recevoir les dirigeants du monde entier qui viendront lui rendre hommage", a twitté le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Clayson Monyela.
Dès l'annonce du décès de celui que le monde entier vénérait comme une incarnation de la réconciliation raciale, des centaines de personnes de toutes origines ont commencé à se rassembler près de la maison de Mandela, à Johannesburg.
L'ambiance n'était pas au recueillement mais à la célébration, avec des chants anti-apartheid ou à la gloire de Madiba repris en choeur par la foule, qui agitait des drapeaux et scandait parfois "Viva Mandela" ou "Longue vie à Mandela".
"Je savais que ce jour devait arriver, mais je peux dire que notre bien-aimé Mandela a mené le bon combat, maintenant il est temps de reposer en paix", a déclaré Ashleigh Williams, une voisine venue dès l'annonce du décès à la télévision.
"Au cours de 24 années (depuis sa libération, ndlr) Madiba nous a appris comment vivre ensemble et croire en nous-mêmes et en chacun", a déclaré dans la soirée un autre héros de la lutte anti-apartheid, l'archevêque Desmond Tutu, considéré à 82 ans comme la conscience morale de son pays.
"Suggérer que l'Afrique du Sud pourrait partir en flammes (après le décès de Mandela) -comme certains l'on prédit- revient à discréditer les Sud-Africains et l'héritage de Madiba", a-t-il ajouté.
"Une grande lumière s'est éteinte", a réagi pour sa part le Premier ministre britannique David Cameron.
Barack Obama, premier président noir des Etats-Unis, a rendu un hommage appuyé à Mandela, saluant un homme "courageux, profondément bon".
"Grâce à sa farouche dignité et à sa volonté inébranlable de sacrifier sa propre liberté pour la liberté des autres, il a transformé l'Afrique du Sud et nous a tous émus", a déclaré M. Obama depuis la Maison Blanche.
Pour son homologue français François Hollande, Nelson Mandela a été "l'incarnation de la Nation sud-africaine, le ciment de son unité et la fierté de toute l'Afrique". Tandis que le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a salué en lui "une source d'inspiration" pour le monde entier.
Nelson Mandela, qui a fêté ses 95 ans le 18 juillet, avait été hospitalisé quatre fois depuis décembre 2012, à chaque fois pour des récidives d'infections pulmonaires.
Ces problèmes récurrents étaient probablement liés aux séquelles d'une tuberculose contractée pendant son séjour sur l'île-prison de Robben Island, au large du Cap, où il a passé dix-huit de ses vingt-sept années de détention dans les geôles du régime raciste de l'apartheid.
Absent de la scène politique depuis plusieurs années déjà, "Madiba" faisait l'objet d'un véritable culte qui dépassait largement les frontières de son pays.
Héros de la luttte anti-apartheid
Mandela restera dans l'histoire pour avoir négocié pied à pied avec le gouvernement de l'apartheid une transition pacifique vers une démocratie multiraciale.
Et pour avoir épargné à son peuple une guerre civile raciale qui, au début des années 1990, paraissait difficilement évitable. Ce qui lui vaudra le prix Nobel de la paix en 1993, partagé avec le dernier président de l'apartheid, Frederik De Klerk.
Mandela a passé plus de vingt-sept ans en prison, de 1964 à 1990, devenant peu à peu le symbole de l'oppression des Noirs sud-africains, tandis que le monde entier manifestait et organisait des concerts pour sa libération.
Mais avant même d'être libéré, il avait appris à comprendre ses adversaires --allant jusqu'à apprendre leur langue, l'afrikaans, et leur poésie--, à pardonner, et à travailler avec eux. Une fois libéré, ils les a séduits par sa gentillesse, son élégance et son charisme.
Un rôle notamment magnifié dans le film "Invictus" de Clint Eastwood, où on le voit conquérir le coeur des Blancs en venant soutenir l'équipe nationale de rugby lors de la Coupe du monde de 1995, emportée par l'Afrique du Sud.
L'acteur qui a joué son rôle, Morgan Freeman, lui a rendu hommage sur sa page Facebook. "Aujourd'hui, le monde a perdu l'un des véritables géants du siècle passé. Nelson Mandela était un homme d'honneur incomparable, la force invincible, et la détermination inébranlable. Un saint pour beaucoup, un héros pour tous ceux qui chérissent la liberté et la dignité de l'humanité." écrit-il.
Condamné à perpétuité, il passe 27 ans en prison
Nelson Rolihlahla Mandela était né le 18 juillet 1918 dans le petit village de Mvezo, dans le Transkei (sud-est) au sein du clan royal des Thembus, de l'ethnie xhosa.
Il a rapidement déménagé dans le village voisin de Qunu, où il a passé, dira-t-il, ses "années les plus heureuses" --une enfance libre à la campagne peut-être idéalisée--, avant de recevoir une bonne éducation. C'est à Qunu qu'il voulait être inhumé.
Si son institutrice l'a nommé Nelson, son père l'avait appelé Rolihlahla ("celui par qui les problèmes arrivent", en xhosa). Et Mandela a très tôt manifesté un esprit rebelle.
Etudiant, il est exclu de l'université de Fort Hare (sud) après un conflit sur l'élection de représentants étudiants, avant de fuir sa famille à 22 ans pour échapper à un mariage arrangé.
Arrivé à Johannesburg, le bouillant jeune homme prend vraiment la mesure de la ségrégation raciale qui mine son pays. C'est là, notamment au contact de Walter Sisulu, son aîné qui va devenir son mentor, que se forge une conscience politique qui a évolué avec le temps: jeune, Mandela aurait volontiers chassé les Blancs du pays.
Après avoir fondé la Ligue de la jeunesse de l'ANC (Congrès national africain), il prend rapidement les rênes du parti, jugé trop mou face à un régime qui a institutionnalisé l'apartheid en 1948.
Après l'interdiction de l'ANC en 1960, Nelson Mandela passe dans la clandestinité. C'est lui qui préside à la fondation d'une branche armée de son parti et il restera longtemps catalogué comme terroriste en Occident.
Arrêté de nouveau en 1962, il est condamné à la prison à perpétuité deux ans plus tard.
Invisible en public depuis 2010, il était devenu une sorte de héros mythique, intouchable, invoqué tant par le pouvoir que par l'opposition.
"Notre bien-aimé Nelson Mandela, le président fondateur de notre nation démocratique, nous a quittés. Il est décédé en paix entouré de sa famille aux environs de 20H50 le 5 décembre 2013. Il repose maintenant en paix. Notre nation a perdu son plus grand fils", a déclaré le président Zuma lors d'une intervention en direct peu après 21H30 GMT.
Les drapeaux seront mis en berne, a dit M. Zuma, à partir de vendredi et jusqu'aux funérailles d'Etat dont il n'a pas annoncé la date.
Une icône
"L'Afrique du Sud se prépare à recevoir les dirigeants du monde entier qui viendront lui rendre hommage", a twitté le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Clayson Monyela.
South Africa is preparing to receive leaders from across the world to come and pay respects to a world leader. #RIPNelsonMandela
— Clayson Monyela (@ClaysonMonyela) December 5, 2013
Dès l'annonce du décès de celui que le monde entier vénérait comme une incarnation de la réconciliation raciale, des centaines de personnes de toutes origines ont commencé à se rassembler près de la maison de Mandela, à Johannesburg.
L'ambiance n'était pas au recueillement mais à la célébration, avec des chants anti-apartheid ou à la gloire de Madiba repris en choeur par la foule, qui agitait des drapeaux et scandait parfois "Viva Mandela" ou "Longue vie à Mandela".
"Je savais que ce jour devait arriver, mais je peux dire que notre bien-aimé Mandela a mené le bon combat, maintenant il est temps de reposer en paix", a déclaré Ashleigh Williams, une voisine venue dès l'annonce du décès à la télévision.
"Au cours de 24 années (depuis sa libération, ndlr) Madiba nous a appris comment vivre ensemble et croire en nous-mêmes et en chacun", a déclaré dans la soirée un autre héros de la lutte anti-apartheid, l'archevêque Desmond Tutu, considéré à 82 ans comme la conscience morale de son pays.
"Suggérer que l'Afrique du Sud pourrait partir en flammes (après le décès de Mandela) -comme certains l'on prédit- revient à discréditer les Sud-Africains et l'héritage de Madiba", a-t-il ajouté.
"Une grande lumière s'est éteinte", a réagi pour sa part le Premier ministre britannique David Cameron.
Barack Obama, premier président noir des Etats-Unis, a rendu un hommage appuyé à Mandela, saluant un homme "courageux, profondément bon".
"Grâce à sa farouche dignité et à sa volonté inébranlable de sacrifier sa propre liberté pour la liberté des autres, il a transformé l'Afrique du Sud et nous a tous émus", a déclaré M. Obama depuis la Maison Blanche.
"Let us pause and give thanks for the fact that Nelson Mandela lived." —President Obama
— Barack Obama (@BarackObama) December 5, 2013
Pour son homologue français François Hollande, Nelson Mandela a été "l'incarnation de la Nation sud-africaine, le ciment de son unité et la fierté de toute l'Afrique". Tandis que le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a salué en lui "une source d'inspiration" pour le monde entier.
Nelson Mandela, qui a fêté ses 95 ans le 18 juillet, avait été hospitalisé quatre fois depuis décembre 2012, à chaque fois pour des récidives d'infections pulmonaires.
Ces problèmes récurrents étaient probablement liés aux séquelles d'une tuberculose contractée pendant son séjour sur l'île-prison de Robben Island, au large du Cap, où il a passé dix-huit de ses vingt-sept années de détention dans les geôles du régime raciste de l'apartheid.
Absent de la scène politique depuis plusieurs années déjà, "Madiba" faisait l'objet d'un véritable culte qui dépassait largement les frontières de son pays.
Héros de la luttte anti-apartheid
Mandela restera dans l'histoire pour avoir négocié pied à pied avec le gouvernement de l'apartheid une transition pacifique vers une démocratie multiraciale.
Et pour avoir épargné à son peuple une guerre civile raciale qui, au début des années 1990, paraissait difficilement évitable. Ce qui lui vaudra le prix Nobel de la paix en 1993, partagé avec le dernier président de l'apartheid, Frederik De Klerk.
Mandela a passé plus de vingt-sept ans en prison, de 1964 à 1990, devenant peu à peu le symbole de l'oppression des Noirs sud-africains, tandis que le monde entier manifestait et organisait des concerts pour sa libération.
Mais avant même d'être libéré, il avait appris à comprendre ses adversaires --allant jusqu'à apprendre leur langue, l'afrikaans, et leur poésie--, à pardonner, et à travailler avec eux. Une fois libéré, ils les a séduits par sa gentillesse, son élégance et son charisme.
Un rôle notamment magnifié dans le film "Invictus" de Clint Eastwood, où on le voit conquérir le coeur des Blancs en venant soutenir l'équipe nationale de rugby lors de la Coupe du monde de 1995, emportée par l'Afrique du Sud.
L'acteur qui a joué son rôle, Morgan Freeman, lui a rendu hommage sur sa page Facebook. "Aujourd'hui, le monde a perdu l'un des véritables géants du siècle passé. Nelson Mandela était un homme d'honneur incomparable, la force invincible, et la détermination inébranlable. Un saint pour beaucoup, un héros pour tous ceux qui chérissent la liberté et la dignité de l'humanité." écrit-il.
Post by Morgan Freeman.
Condamné à perpétuité, il passe 27 ans en prison
Nelson Rolihlahla Mandela était né le 18 juillet 1918 dans le petit village de Mvezo, dans le Transkei (sud-est) au sein du clan royal des Thembus, de l'ethnie xhosa.
Il a rapidement déménagé dans le village voisin de Qunu, où il a passé, dira-t-il, ses "années les plus heureuses" --une enfance libre à la campagne peut-être idéalisée--, avant de recevoir une bonne éducation. C'est à Qunu qu'il voulait être inhumé.
Si son institutrice l'a nommé Nelson, son père l'avait appelé Rolihlahla ("celui par qui les problèmes arrivent", en xhosa). Et Mandela a très tôt manifesté un esprit rebelle.
Etudiant, il est exclu de l'université de Fort Hare (sud) après un conflit sur l'élection de représentants étudiants, avant de fuir sa famille à 22 ans pour échapper à un mariage arrangé.
Arrivé à Johannesburg, le bouillant jeune homme prend vraiment la mesure de la ségrégation raciale qui mine son pays. C'est là, notamment au contact de Walter Sisulu, son aîné qui va devenir son mentor, que se forge une conscience politique qui a évolué avec le temps: jeune, Mandela aurait volontiers chassé les Blancs du pays.
Après avoir fondé la Ligue de la jeunesse de l'ANC (Congrès national africain), il prend rapidement les rênes du parti, jugé trop mou face à un régime qui a institutionnalisé l'apartheid en 1948.
Après l'interdiction de l'ANC en 1960, Nelson Mandela passe dans la clandestinité. C'est lui qui préside à la fondation d'une branche armée de son parti et il restera longtemps catalogué comme terroriste en Occident.
Arrêté de nouveau en 1962, il est condamné à la prison à perpétuité deux ans plus tard.
Invisible en public depuis 2010, il était devenu une sorte de héros mythique, intouchable, invoqué tant par le pouvoir que par l'opposition.