J'avais déjà noté le surréalisme de la Tunisie d'après le Coup du peuple. Or, il verse actuellement en pleine hystérie. On s'affaire à organiser des élections nationales censées donner la parole au peuple, alors qu'il s'en désintéresse. On prétend ainsi satisfaire à une obligation constitutionnelle formelle, alors que la matière même de la Constitution est ignorée sinon violée. Et on se gargarise de répéter que les élections sont la manifestation de l'État de droit, quand elles sont destinées à en être la négation.
Sans parler de l'état général d'insécurité régnant dans le pays et la déliquescence des rouages de l'État où même le gouvernement est incapable de faire montre de sa compétence du fait des pressions que la classe politique exerce sur lui.
Dans ces conditions, ce n'est pas une démocratie que les élections nationales mettront en place, mais une "daimoncratie" confortant le pouvoir de politiciens ayant le daimon (ou démon) de la politique, qui n'entendent plus le lâcher.
Aussi, tant qu'il est temps, il faut que les patriotes et les démocrates tunisiens décident d'annuler ces élections nationales en les remplaçant par des locales.
Une obligation constitutionnelle qui en cache d'autres
Le motif du respect de la constitution est la raison principale qu'invoquent nos politiciens, le parti islamiste en premier. C'est assez normal, puisque ce dernier a vu sa légitimité obérée et cherche à la renouveler, obtenant en plus une durée suffisamment longue pour mener à bon terme son programme qui reste d'islamiser la société, par la contrainte morale sinon physique s'il le fallait.
Or, cette obligation constitutionnelle est toute relative, ne devant pas être respectée si des conditions majeures l'imposent. Et elles existent.
Outre l'état de délabrement du pays, la politisation extrême des différents rouages du pouvoir de nature à influer sur la neutralité de l'opération électorale, le scrutin a été taillé sur mesure pour profiter aux partis au pouvoir, plus particulièrement les mieux organisés, disposant des plus grands moyens. C'est le cas d'Ennahda et de son allié putatif, l'ennemi d'hier, qui a su rallier une bonne partie des nostalgiques de l'ancien régime.
Il y a surtout les dispositions matérielles de la Constitution qui sont restées lettre morte et qui doivent d'abord être mises en oeuvre pour que l'on puisse parler d'État de droit. On sait d'ailleurs la réticence du parti Ennahdha quant à nombre de dispositions de la Constitution qui lui ont été imposées par la force. Une fois sa légitimité renouvelée, il rechignera à confirmer législativement ces acquis législativement. Aussi, si les droits et les libertés consacrés par la Constitution ne sont pas activés de suite, ils ne le seront plus jamais!
Des conditions anormales pour les élections honnêtes
Les conditions dans lesquelles se dérouleront les élections précipitées sont loin d'être normales. Comment le seraient-elles en l'absence de l'État de droit? La Tunisie est encore sous le régime du droit répressif de la dictature, à peine écorné par des dispositions insuffisantes pour résister à l'arsenal répressif que les juges ne peuvent ignorer ou disent ne pouvoir le faire. Il s'agit notamment des dispositions des codes pénal et de procédure pénale, illustration flagrante de la nature antidémocratique de l'État imposant une profonde réforme les conformant à la Constitution.
Il y a aussi la politisation de l'Administration participant de près ou de loin aux élections. Ainsi, le bal électoral sera ouvert dans des structures diplomatiques et consulaires dirigées par des personnalités partisanes. À l'intérieur du pays, selon nombre d'observateurs indépendants, même les instances de l'ISIE n'ont pas échappé à la politisation.
Il y a surtout le type de scrutin qui est le plus mauvais pour la Tunisie. Pratiquement le même que celui de la dernière élection, il reproduira une majorité similaire. Que cela se fasse à la régulière ne poserait aucun problème en démocratie; mais qu'il ait lieu irrégulièrement, c'est ce que les démocrates ne devraient accepter.
Le luxe des élections nationales
Dans la situation où se trouve la Tunisie, l'État de droit n'ayant pas encore érigé, les poubelles couvrant ses rues du fait de l'impéritie de responsables irresponsables, les élections nationales deviennent un luxe pour des politiciens gâtés et capricieux. Même le prétexte de donner la parole au peuple ne tient pas, puisque cela aurait consisté à organiser des élections locales.
C'est ce que l'on devrait se presser de faire, le Dialogue national exigeant de l'Assemblée Constituante de voter la substitution de municipales et régionales aux élections nationales dans le calendrier prévu. S'il y a des ajustements à faire, ils peuvent l'être au nom de l'intérêt suprême de l'État.
Et qu'on ne vienne pas nous parler de droit et de régularité juridique, l'Assemblée étant depuis longtemps dans l'irrégularité, ayant souvent servi le droit en violant sa lettre et son esprit. S'il faut violer aujourd'hui la lettre de la loi pour en sauvegarder l'esprit, ce ne serait que servir l'honneur de la représentation nationale et celui de nos politiciens.
Ne convoquer le peuple qu'à des élections locales
C'est ce qu'exige le peuple qui boycotte déjà des élections nationales relevant de l'opéra bouffe du politique, servant une "daimoncratie" dont il ne veut pas. Et c'est l'Histoire qui jugera notre classe politique se elle ne redresse pas la situation, plaçant enfin sur les pieds une politique marchant sur la tête. Remettre les choses à l'endroit, c'est reporter dans l'immédiat les élections nationales en leur substituant des locales.
Le président de la République, s'il est encore le militant des droits de l'Homme qu'il était, doit être sensible à ces considérations; aussi, comme la responsabilité de convoquer les électeurs est de sa compétence, il doit honorer ses valeurs en refusant de ne convoquer les électeurs que pour des élections locales. D'ailleurs, il y avait appelé avant d'accéder au pouvoir. Ce serait de sa part la preuve que le pouvoir ne l'a pas changé, au-delà des exigences du jeu politique partisan.
Il s'agit, rien de moins, que d'une question d'honneur et d'éthique! Et qu'on ne l'oublie pas, c'est l'intérêt de la patrie qui l'exige!
Sans parler de l'état général d'insécurité régnant dans le pays et la déliquescence des rouages de l'État où même le gouvernement est incapable de faire montre de sa compétence du fait des pressions que la classe politique exerce sur lui.
Dans ces conditions, ce n'est pas une démocratie que les élections nationales mettront en place, mais une "daimoncratie" confortant le pouvoir de politiciens ayant le daimon (ou démon) de la politique, qui n'entendent plus le lâcher.
Aussi, tant qu'il est temps, il faut que les patriotes et les démocrates tunisiens décident d'annuler ces élections nationales en les remplaçant par des locales.
Une obligation constitutionnelle qui en cache d'autres
Le motif du respect de la constitution est la raison principale qu'invoquent nos politiciens, le parti islamiste en premier. C'est assez normal, puisque ce dernier a vu sa légitimité obérée et cherche à la renouveler, obtenant en plus une durée suffisamment longue pour mener à bon terme son programme qui reste d'islamiser la société, par la contrainte morale sinon physique s'il le fallait.
Or, cette obligation constitutionnelle est toute relative, ne devant pas être respectée si des conditions majeures l'imposent. Et elles existent.
Outre l'état de délabrement du pays, la politisation extrême des différents rouages du pouvoir de nature à influer sur la neutralité de l'opération électorale, le scrutin a été taillé sur mesure pour profiter aux partis au pouvoir, plus particulièrement les mieux organisés, disposant des plus grands moyens. C'est le cas d'Ennahda et de son allié putatif, l'ennemi d'hier, qui a su rallier une bonne partie des nostalgiques de l'ancien régime.
Il y a surtout les dispositions matérielles de la Constitution qui sont restées lettre morte et qui doivent d'abord être mises en oeuvre pour que l'on puisse parler d'État de droit. On sait d'ailleurs la réticence du parti Ennahdha quant à nombre de dispositions de la Constitution qui lui ont été imposées par la force. Une fois sa légitimité renouvelée, il rechignera à confirmer législativement ces acquis législativement. Aussi, si les droits et les libertés consacrés par la Constitution ne sont pas activés de suite, ils ne le seront plus jamais!
Des conditions anormales pour les élections honnêtes
Les conditions dans lesquelles se dérouleront les élections précipitées sont loin d'être normales. Comment le seraient-elles en l'absence de l'État de droit? La Tunisie est encore sous le régime du droit répressif de la dictature, à peine écorné par des dispositions insuffisantes pour résister à l'arsenal répressif que les juges ne peuvent ignorer ou disent ne pouvoir le faire. Il s'agit notamment des dispositions des codes pénal et de procédure pénale, illustration flagrante de la nature antidémocratique de l'État imposant une profonde réforme les conformant à la Constitution.
Il y a aussi la politisation de l'Administration participant de près ou de loin aux élections. Ainsi, le bal électoral sera ouvert dans des structures diplomatiques et consulaires dirigées par des personnalités partisanes. À l'intérieur du pays, selon nombre d'observateurs indépendants, même les instances de l'ISIE n'ont pas échappé à la politisation.
Il y a surtout le type de scrutin qui est le plus mauvais pour la Tunisie. Pratiquement le même que celui de la dernière élection, il reproduira une majorité similaire. Que cela se fasse à la régulière ne poserait aucun problème en démocratie; mais qu'il ait lieu irrégulièrement, c'est ce que les démocrates ne devraient accepter.
Le luxe des élections nationales
Dans la situation où se trouve la Tunisie, l'État de droit n'ayant pas encore érigé, les poubelles couvrant ses rues du fait de l'impéritie de responsables irresponsables, les élections nationales deviennent un luxe pour des politiciens gâtés et capricieux. Même le prétexte de donner la parole au peuple ne tient pas, puisque cela aurait consisté à organiser des élections locales.
C'est ce que l'on devrait se presser de faire, le Dialogue national exigeant de l'Assemblée Constituante de voter la substitution de municipales et régionales aux élections nationales dans le calendrier prévu. S'il y a des ajustements à faire, ils peuvent l'être au nom de l'intérêt suprême de l'État.
Et qu'on ne vienne pas nous parler de droit et de régularité juridique, l'Assemblée étant depuis longtemps dans l'irrégularité, ayant souvent servi le droit en violant sa lettre et son esprit. S'il faut violer aujourd'hui la lettre de la loi pour en sauvegarder l'esprit, ce ne serait que servir l'honneur de la représentation nationale et celui de nos politiciens.
Ne convoquer le peuple qu'à des élections locales
C'est ce qu'exige le peuple qui boycotte déjà des élections nationales relevant de l'opéra bouffe du politique, servant une "daimoncratie" dont il ne veut pas. Et c'est l'Histoire qui jugera notre classe politique se elle ne redresse pas la situation, plaçant enfin sur les pieds une politique marchant sur la tête. Remettre les choses à l'endroit, c'est reporter dans l'immédiat les élections nationales en leur substituant des locales.
Le président de la République, s'il est encore le militant des droits de l'Homme qu'il était, doit être sensible à ces considérations; aussi, comme la responsabilité de convoquer les électeurs est de sa compétence, il doit honorer ses valeurs en refusant de ne convoquer les électeurs que pour des élections locales. D'ailleurs, il y avait appelé avant d'accéder au pouvoir. Ce serait de sa part la preuve que le pouvoir ne l'a pas changé, au-delà des exigences du jeu politique partisan.
Il s'agit, rien de moins, que d'une question d'honneur et d'éthique! Et qu'on ne l'oublie pas, c'est l'intérêt de la patrie qui l'exige!
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