La voilà devenue quinqua, la mini. Elle fête son cinquantenaire ce 10 juillet.
Mais en bonne demoiselle, c'est une date qui l'arrange bien. Son vrai jour naissance demeure inconnu. Les historiens de la mode qui s'y sont penchés n'ont pas réussi à dire qui d'une styliste londonienne ou d'un grand couturier français pouvait se targuer d'avoir fait remonter, le premier, un ourlet aussi haut sur les blanches cuisses des femmes.
Le 10 juillet semble en tout cas faire consensus pour célébrer sa création.
La sulfureuse naît à une époque qui l'est tout autant.
La guerre du Vietnam bât son plein, les Beatles et les Rolling Stones déchaînent les foules, les hommes vont dans l'espace, les femmes prennent la pilule.
Au milieu de toutes ces révolutions, les adolescents de la génération baby boom cherchent à se démarquer des générations précédentes.
Époque bénie pour la mode qui "s'émancipe et permet des audaces inédites" comme on peut le lire dans l'Histoire de la mode du XXe siècle aux éditions Taschen. "Les jeunes constatent alors que c'est en exhibant leur corps qu'ils se distinguent le plus radicalement de leurs aînés", explique encore l'ouvrage.
Une mode "arrogante, agressive et sexy"
En une décennie, le vestiaire féminin va en être bouleversé. La même année que la minijupe, en 1964, un styliste américain fait tomber le haut en inventant le monokini.
Quelques mois plus tard, le Français Courrèges popularise le tailleur-pantalon pour femme suivi de près par Yves Saint-Laurent. Quant à Paco Rabanne, il crée des vêtements sans utiliser de tissu, comme une robe en plastique. La mode est à l'innovation.
En l'espace de deux ans, la mini (comme minimal) fait ses débuts dans le prêt-à-porter et dans la haute couture. Dans le premier domaine, c'est la Londonienne Mary Quant qu'il faut remercier, sans elle pas de minijupe ni de minishort dans les rues. Sa création remonterait entre 1962 et 1964, inspirée d'un modèle vu à Saint-Tropez, selon son cercle proche ou d'une présentation d'André Courrèges à Londres, selon l'épouse d'André Courrèges.
"Le bon goût est mort, la vulgarité c'est tout ce qui compte", répétait cette styliste pour laquelle la mode des sixties devait être «arrogante, agressive et sexy». C'est à elle aussi que l'on doit le fameux motif marguerite et le succès du mannequin filiforme Twiggy. Depuis sa boutique et son atelier, elle rhabille une partie de la jeunesse de la capitale anglaise.
Mary Quant (à gauche) et sa boutique Bazaar imaginée et décorée par le fondateur des magasins Habitat, Terence Conran (à droite).
Le couturier français André Courrèges donne à la mini ses lettres de noblesse entre 1964 et 1965 sur les podiums de la haute couture. Si la minijupe de Mary Quant choque, celle de Courrèges est relativement mieux reçue, grâce au prestige de la haute couture.
Ce qui n'empêchera pas certains couturiers comme Coco Chanel de fustiger cette création, accusée de montrer la partie la plus laide du corps humain, le genou.
La minirobe d'André Courrèges
Une mini dans l'air du temps
Voilà pour les dates officielles. Dans les faits, la minijupe était dans l'air du temps. Au début des années 60, le corset a disparu, les coupes de cheveux courtes sont à la mode, les jupes remontent depuis quelques décennies. Les femmes se libèrent peu à peu des carcans. Les jupes dans les années 20 traînent encore au sol. Les vêtements féminins entravent les mouvements des femmes autant qu'ils les «protègent» des appétits masculins, à la différence du vestiaire des hommes, pratique et agréable à porter. En raccourcissant, les jupes deviennent donc plus pratiques tout en rendant les femmes plus séduisantes, à l'image de Brigitte Bardot dans le film Et Dieu créa la femme de Roger Vadim, sauvage et libre.
Un pub Dim des années 60 et une pub Dim de 2012
La minijupe permettra aussi une autre révolution, celle du dessous. En portant une jupe si courte, impossible en effet de porter des bas-nylon et un porte-jarretelle.
C'est la naissance du collant, réservé jusque-là aux danseuses. Il est bien plus simple à porter qu'une paire de bas-nylon.
"Les femmes avaient un réel besoin de liberté", explique l'auteur du documentaire Minijupe, tout court! Marie-Christine Gambart.
Mais la minijupe ne fait pas que des heureux, une frange de la population ne voit pas d'un très bon œil cette nouvelle mode: En 1964, la présentatrice Noëlle Noblecourt est virée de l'ORTF pour avoir osé montrer ses genoux à l'antenne. Mais les femmes persistent.
En France, les meilleures ambassadrices de la mini sont Sheila, France Gall et surtout Françoise Hardy, dont la silhouette très mince se prête parfaitement à cette jupe courte.
Avec l'avènement de la mannequin Twiggy, la mode est désormais à une minceur dont le culte est toujours vivace. C'est à cette époque, en 1963, que les régimes Weight Watchers font leur apparition.
Aujourd'hui encore, la mini n'a pas bonne presse
La minijupe implique donc de nouvelles normes. Si auparavant les jeunes femmes cherchaient à ressembler à leurs aînées dans leur manière de s'habiller, elles acquièrent désormais une mode qui leur est propre.
Jeune et mince, les canons de la beauté féminine évoluent. Aujourd'hui encore la minijupe est synonyme de jeunesse, de fraîcheur et d'une silhouette svelte.
La connotation sexuelle de ce vêtement assumée à sa création la poursuit toujours aussi.
Mars 2008, une femme défile en Afrique du Sud pour défendre le droit à porter une minijupe après le viol d'une femme par des chauffeurs de taxis.
En témoigne l'interdiction au Swaziland de la minijupe en décembre 2012, "Le viol est facilité, parce qu'il est facile de retirer la petite pièce de tissu", s'était défendu à l'époque la porte-parole de la police.
La minijupe est toujours considérée dans l'imaginaire collectif comme une tenue provocante et dangereuse pour la femme qui la porte. Plus proche de nous, la récente polémique autour d'un article de 20 minutes éclaire bien cette problématique. L'article a étépointé du doigt, accusé de faire un lien entre les tenues plus légères des femmes l'été et la recrudescence des viols pendant cette période.
Alors, la mini est-elle trop courte ou plutôt aurions-nous les idées trop courtes?
Mais en bonne demoiselle, c'est une date qui l'arrange bien. Son vrai jour naissance demeure inconnu. Les historiens de la mode qui s'y sont penchés n'ont pas réussi à dire qui d'une styliste londonienne ou d'un grand couturier français pouvait se targuer d'avoir fait remonter, le premier, un ourlet aussi haut sur les blanches cuisses des femmes.
Le 10 juillet semble en tout cas faire consensus pour célébrer sa création.
La sulfureuse naît à une époque qui l'est tout autant.
La guerre du Vietnam bât son plein, les Beatles et les Rolling Stones déchaînent les foules, les hommes vont dans l'espace, les femmes prennent la pilule.
Au milieu de toutes ces révolutions, les adolescents de la génération baby boom cherchent à se démarquer des générations précédentes.
Époque bénie pour la mode qui "s'émancipe et permet des audaces inédites" comme on peut le lire dans l'Histoire de la mode du XXe siècle aux éditions Taschen. "Les jeunes constatent alors que c'est en exhibant leur corps qu'ils se distinguent le plus radicalement de leurs aînés", explique encore l'ouvrage.
Une mode "arrogante, agressive et sexy"
En une décennie, le vestiaire féminin va en être bouleversé. La même année que la minijupe, en 1964, un styliste américain fait tomber le haut en inventant le monokini.
Quelques mois plus tard, le Français Courrèges popularise le tailleur-pantalon pour femme suivi de près par Yves Saint-Laurent. Quant à Paco Rabanne, il crée des vêtements sans utiliser de tissu, comme une robe en plastique. La mode est à l'innovation.
En l'espace de deux ans, la mini (comme minimal) fait ses débuts dans le prêt-à-porter et dans la haute couture. Dans le premier domaine, c'est la Londonienne Mary Quant qu'il faut remercier, sans elle pas de minijupe ni de minishort dans les rues. Sa création remonterait entre 1962 et 1964, inspirée d'un modèle vu à Saint-Tropez, selon son cercle proche ou d'une présentation d'André Courrèges à Londres, selon l'épouse d'André Courrèges.
"Le bon goût est mort, la vulgarité c'est tout ce qui compte", répétait cette styliste pour laquelle la mode des sixties devait être «arrogante, agressive et sexy». C'est à elle aussi que l'on doit le fameux motif marguerite et le succès du mannequin filiforme Twiggy. Depuis sa boutique et son atelier, elle rhabille une partie de la jeunesse de la capitale anglaise.
Mary Quant (à gauche) et sa boutique Bazaar imaginée et décorée par le fondateur des magasins Habitat, Terence Conran (à droite).
Le couturier français André Courrèges donne à la mini ses lettres de noblesse entre 1964 et 1965 sur les podiums de la haute couture. Si la minijupe de Mary Quant choque, celle de Courrèges est relativement mieux reçue, grâce au prestige de la haute couture.
Ce qui n'empêchera pas certains couturiers comme Coco Chanel de fustiger cette création, accusée de montrer la partie la plus laide du corps humain, le genou.
La minirobe d'André Courrèges
Une mini dans l'air du temps
Voilà pour les dates officielles. Dans les faits, la minijupe était dans l'air du temps. Au début des années 60, le corset a disparu, les coupes de cheveux courtes sont à la mode, les jupes remontent depuis quelques décennies. Les femmes se libèrent peu à peu des carcans. Les jupes dans les années 20 traînent encore au sol. Les vêtements féminins entravent les mouvements des femmes autant qu'ils les «protègent» des appétits masculins, à la différence du vestiaire des hommes, pratique et agréable à porter. En raccourcissant, les jupes deviennent donc plus pratiques tout en rendant les femmes plus séduisantes, à l'image de Brigitte Bardot dans le film Et Dieu créa la femme de Roger Vadim, sauvage et libre.
Un pub Dim des années 60 et une pub Dim de 2012
La minijupe permettra aussi une autre révolution, celle du dessous. En portant une jupe si courte, impossible en effet de porter des bas-nylon et un porte-jarretelle.
C'est la naissance du collant, réservé jusque-là aux danseuses. Il est bien plus simple à porter qu'une paire de bas-nylon.
"Les femmes avaient un réel besoin de liberté", explique l'auteur du documentaire Minijupe, tout court! Marie-Christine Gambart.
"L'avènement de la minijupe est arrivé juste avant l'émancipation des femmes. Comme si cette révolution devait passer par une liberté vestimentaire avant de poser de réelles revendications. Il y avait un vrai désir d'offrir une possibilité de se mouvoir, de bouger, d'être beaucoup plus libre."
Mais la minijupe ne fait pas que des heureux, une frange de la population ne voit pas d'un très bon œil cette nouvelle mode: En 1964, la présentatrice Noëlle Noblecourt est virée de l'ORTF pour avoir osé montrer ses genoux à l'antenne. Mais les femmes persistent.
En France, les meilleures ambassadrices de la mini sont Sheila, France Gall et surtout Françoise Hardy, dont la silhouette très mince se prête parfaitement à cette jupe courte.
Avec l'avènement de la mannequin Twiggy, la mode est désormais à une minceur dont le culte est toujours vivace. C'est à cette époque, en 1963, que les régimes Weight Watchers font leur apparition.
Aujourd'hui encore, la mini n'a pas bonne presse
La minijupe implique donc de nouvelles normes. Si auparavant les jeunes femmes cherchaient à ressembler à leurs aînées dans leur manière de s'habiller, elles acquièrent désormais une mode qui leur est propre.
Jeune et mince, les canons de la beauté féminine évoluent. Aujourd'hui encore la minijupe est synonyme de jeunesse, de fraîcheur et d'une silhouette svelte.
La connotation sexuelle de ce vêtement assumée à sa création la poursuit toujours aussi.
"Aujourd'hui, on ne peut pas dire qu'on porte la minijupe de façon innocente, déplore Marie-Christine Gambart. J'ai interrogé beaucoup d'hommes pendant le tournage de mon documentaire, je constate qu'ils n'ont pas beaucoup bougé."
Mars 2008, une femme défile en Afrique du Sud pour défendre le droit à porter une minijupe après le viol d'une femme par des chauffeurs de taxis.
En témoigne l'interdiction au Swaziland de la minijupe en décembre 2012, "Le viol est facilité, parce qu'il est facile de retirer la petite pièce de tissu", s'était défendu à l'époque la porte-parole de la police.
La minijupe est toujours considérée dans l'imaginaire collectif comme une tenue provocante et dangereuse pour la femme qui la porte. Plus proche de nous, la récente polémique autour d'un article de 20 minutes éclaire bien cette problématique. L'article a étépointé du doigt, accusé de faire un lien entre les tenues plus légères des femmes l'été et la recrudescence des viols pendant cette période.
Alors, la mini est-elle trop courte ou plutôt aurions-nous les idées trop courtes?
Pour aller plus loin, à écouter une émission retraçant la passionnante histoire de la minijupe sur France Inter:
Retrouvez les articles du HuffPost Maghreb sur notre page Facebook.