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Gaza: Chroniques d'un nettoyage ethnique dans l'indifférence généralisée

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Gaza se meurt. En moins d'une semaine, les forces de Tsahal ont éliminé plus de 120 Palestiniens, et à l'heure où s'écrit cet article le bilan ne cesse de s'alourdir. Israël perpétue son nettoyage ethnique progressif de la population palestinienne agonisante. Et ce, dans l'indifférence générale. Les médias officiels, sous un couvert d'objectivité, se confondent dans une partialité pro-israélienne.

On parle de "tensions entre les deux camps", de "conflit", "d'hostilités", comme si les roquettes que lance désespérément le Hamas depuis Gaza pouvaient rivaliser avec l'une des armées les mieux équipées au monde. Il est absurde et naïf - à moins que cela ne soit fait délibérément - de voir la brutalité de l'occupation israélienne autrement que sous son vrai visage, une occupation territoriale illégitime, illégale, et génocidaire. Bien sûr, l'impunité de l'Etat israélien face à ses crimes lui permet de ne pas se presser dans le nettoyage ethnique, et de répartir les massacres dans le temps.

Il n'en est pas moins accablant que Gaza est, depuis des années, un ghetto où la misère fait rage soumis à un blocus inhumain, digne des ghettos de Varsovie. Les images se succèdent, et rappellent celles, en noir et blanc, que l'on nous montre dans nos livres d'Histoire, à propos de la cruauté nazie. Pourtant, face à toutes ces preuves, l'inaction internationale généralisée laisse perplexe. Toutes ces organisations dites "humanistes" telles que l'ONU, la Cour Pénale Internationale et d'autres sont impuissantes, et perdent toute légitimité dans leur immobilisme incompréhensible.

Personne n'ose taper du poing sur la table. Barack Obama, François Hollande, et leurs homologues occidentaux si prompts à réagir quant au conflit syrien pourtant plus complexe, se complaisent au mieux dans une vue soi-disant nuancée, ou affirment leur soutien inconditionnel au régime israélien, comme l'a fait le président français en déclarant qu'il appartenait "au gouvernement israélien de prendre toutes les mesures pour protéger sa population face aux menaces". Ainsi, le droit-de-l'hommisme omniprésent dans les affaires du Printemps Arabe, comme en Libye et en Syrie, semble omis lorsque Israël a du sang sur les mains. Ce n'est pas nouveau.

On comprend et on soutient les rebelles financés de l'étranger qui prennent les armes contre Bachar Al Assad, mais pas les populations désespérées depuis des générations qui ont vu tous leurs droits basiques effacés, leur foyer détruit, et ce, dans l'indifférence générale, ou plutôt généralisée.

Le pire dans tout ça, ce n'est pas le comportement des "autres". L'Enfer, ce n'est pas les Autres. Mais bien Nous. Nous, les Arabes. Ou plutôt nos dirigeants.

Les émirs et princes qataris et saoudiens, se complaisent dans leur hypocrisie maladive, prêtant main forte à Israël par leur surdité, leur indignation feinte et le financement des rebelles syriens. Ils appellent au Jihad Islamique, et à la revigoration des Nations Islamiques, mais parmi les milliers de combattants qu'ils embrigadent, forment, et financent, n'y en a t-il aucun qu'ils préfèrent envoyer en Palestine libérer un peuple qui souffre depuis des décennies? Ces bédouins, renforcés par leurs pétrodollars, qui se veulent les porte-paroles des nations musulmanes qu'elles avilissent et qu'elles rendent obscurantistes à leur image, trahissent les Arabes, et la Palestine. Au bonheur d'Israël.

En Tunisie aussi, alors que Gaza était bombardée par Tsahal, et que les morts commençaient à se compter par dizaines, des leaders de partis politiques - tels que Beji Caid Essebsi, Ahmed Nejib Chebbi, Yassine Brahim, Kamel Morjane et surtout Rached Ghannouchi, chef du parti islamiste Ennahdha - sont allés rompre le jeûne avec l'ambassadeur des Etats-Unis. Cela est inacceptable, et entérine l'hypocrisie latente des dirigeants arabes.

Bien que les intérêts de la Tunisie passent forcément depuis l'indépendance par des relations avec les Etats-Unis, il aurait été judicieux de ne pas aller faire bonne figure aux cotés des américains alors que leur position pro-israélienne et impassible a laissé crever des générations entières de Palestiniens. On peut attendre d'eux un boycott et une condamnation feinte de la position française, mais pas contre l'Oncle Sam.

Le fuel des dirigeants israéliens c'est l'immobilisme arabe, l'inaction perpétuelle, et la continuation normale des relations avec l'Occident malgré la tragédie palestinienne. Tant que la soumission arabe à l'Occident, politique et économique, se perpétue, les Palestiniens resteront des victimes sur leur propre terre, souffrant des mêmes maux de pénurie, de maladie, et de misère que leurs frères juifs ont enduré lors de la Seconde Guerre Mondiale. Ainsi, alors que la Shoah de 39-45 est commémorée chaque année, ne serait-il pas temps de se préoccuper de l'Holocauste du 21ème siècle?


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