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La "Mandela Day": Ce qui a changé grâce à Mandela dans le quotidien des Sud-africains

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En ce "Mandela Day", journée officiellement reconnue par l'ONU au cours de laquelle les Sud-Africains sont appelés à aider leurs semblables en hommage aux valeurs de Mandela, pour nombre de ses concitoyens, la gratitude est sans borne. Car l'ancien président incarnait l'avènement d'une démocratie libérale qui a transformé leur vie quotidienne, leur permettant de faire carrière ou d'accéder au confort.

Tous les Sud-Africains ne se sentent cependant pas redevables d'égale manière, notamment ceux qui vivent dans certaines zones rurales où des émeutes éclatent régulièrement pour réclamer l'eau courante, l'électricité ou des routes goudronnées. De même ceux qui n'ont pas pu faire d'études -eux ou leurs enfants- sont moins enclins à trouver que leur vie est plus facile qu'avant.

Quelques témoignages recueillis par l'AFP pendant la période d'hospitalisation de Nelson Mandela, juste avant son décès:

"S'il n'y avait pas eu Mandela, je ne serai pas là où je suis", explique Pule Morake, 40 ans, principal du lycée de Suncrest, à une soixantaine de kilomètres au sud de Johannesburg. Il est "le premier Africain à diriger cet établissement" de bon niveau.


Son lycée est l'héritier d'un établissement qui sous l'apartheid aurait été interdit aux enfants des townships, ces quartiers de relégation urbaine construits pour séparer les populations noire, métis ou indienne le plus loin possible des centre-villes alors réservés à la minorité blanche.

La mort de Mandela? "ce sera un très mauvais moment à passer pour le pays", dit-il. "Il a fait son temps", ajoute-t-il. "Je crois qu'il nous faut surtout célébrer la vie qu'il a menée, et la meilleure chose c'est de poursuivre le combat pour lequel il s'était levé, la non violence, la démocratie (...) en apportant notre contribution au pays avec le même altruisme."

Mandela "marque une étape importante pour la population noire, en particulier pour les femmes noires pour qui, avant, c'était dur de réussir", explique aussi Xoliswa Nduneni-Ngema, la nouvelle patronne des théâtres publics de Johannesburg.


"Lui et le gouvernement ANC nous ont permis de rêver, pas de rêver en vain mais en grand", ajoute cette Sud-Africaine de 51 ans qui a grandi dans une township proche de l'aéroport, dans une famille nombreuse entassée dans une petite maison.

Sans Mandela et sans la démocratie, dit-elle, "je serais sans doute employée de banque ou infirmière. A l'époque c'étaient les seules professions ouvertes aux femmes noires alors que maintenant les possibilités sont illimitées". "J'ai une fille de 22 ans", poursuit-elle enthousiaste, "et elle a pu aller dans des écoles privées. Elle a eu la meilleure éducation que l'argent peut offrir", ce qui aurait été impossible sous l'apartheid.

Plus modestement, Masiviwe Geledwana, 27 ans, un habitant de Qunu (sud), le village d'enfance de Nelson Mandela, estime également que ce dernier "a changé (sa) vie".

"Avant je m'éclairais à la bougie. Aujourd'hui nous avons l'électricité, nous avons de l'eau propre, des toilettes sûres au lieu d'aller se soulager dans les fossés ou derrière les arbres", ajoute-t-il.


De nombreuses avancées, encore insuffisantes

La nouvelle Afrique du Sud s'est également dotée d'un système d'aide sociale qui n'existait pas et permet à environ 16 millions d'habitants de percevoir l'allocation vieillesse ou enfant, principale source de revenus pour la majorité des ménages pauvres.

Même pour les plus petits, ceux pour lesquels la lutte anti-apartheid et ses héros appartiennent aux livres d'histoire, Mandela symbolise un changement positif. "On leur explique qu'avant qu'il ne devienne président, beaucoup d'enfants n'allaient pas à l'école", témoigne à l'AFP Felice Klatzkin, une institutrice de maternelle, à Johannesburg.

Statistiquement, la classe moyenne noire a atteint une taille équivalente à la classe moyenne blanche, selon l'institut sur les relations raciales (SAIRR), qui retient comme critère la possibilité pour un ménage d'acheter son logement.

Mais "c'est davantage l'expansion d'une petite élite que l'essor d'une majorité prospère", met en garde cet institut dans une récente note d'analyse. "Le défi durable pour le pays est de parvenir à élever davantage de Sud-Africains grâce à l'éducation et l'emploi à une position où ils pourraient, eux ou leurs enfants, rejoindre les classes moyennes."

Plus de la moitié des Sud-Africains vivent toujours sous le seuil de pauvreté (moins de 50 euros par personne et par mois).

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