Il est petit, en noir et blanc, l’air souvent déprimé et il porte l’inévitable barbe, signe de son appartenance au salafisme. Depuis plus de trois ans, Yahia Boulahia est partout sur les réseaux sociaux avec ses fatwas saugrenues et sa vision particulière de l’actualité. Portrait de son créateur qui reste dans l’anonymat.
"Il n’y a pas vraiment d’espoir que Yahia change un jour, il est bête et méchant" décrit son créateur, un caricaturiste résidant à Tunis, qui a souhaité préserver son anonymat. On dira seulement qu’il a un air malicieux et qu'il se plaît à mettre un nez de clown pour déstabiliser son interlocuteur.
Mis à part ses sourcils noir et son sourire diabolique, le caricaturiste n’a rien à voir avec son alter ego, Yahia Boulahia, un salafiste autoproclamé qui a des ambitions explicites: "Tous les jours une nouvelle Fatwa pour nettoyer la société de toutes créatures impures, femmes et animaux".
Le petit barbu né via le dessin numérique, attendrit malgré tout par sa bêtise et fait rire quotidiennement une partie de ses 24 630 fans sur Facebook. Créé le 18 janvier 2011, le personnage fictif de Yahia représente le cliché du salafiste "vendeur à la sauvette en face d’une mosquée" d’après son descriptif.
Radical, il édicte des fatwas à tout-va, ridiculisé par l’humour noir de son créateur. Yahia est l’exagération poussée à l’absurde du salafiste. Au risque de stigmatiser quelque peu les vrais salafistes?
Laïc? Athée? Agnostique? Le créateur de Yahia refuse d’être catalogué. Il se sert de son personnage comme une mise en garde sur les excès de la religion, "tant mieux si ça fait rire", ajoute-t-il. Le personnage de Yahia est aussi lié à une mauvaise expérience des années noires de la guerre civile algérienne comme le rappelle son lieu de naissance et son activité situés à la "frontière tuniso-algérienne".
Une caricature politiquement correcte?
Pour le caricaturiste, aucune évolution n’est possible dans le personnage de Yahia. "On aimerait qu’il change, qu’il arrête ses bêtises. En même temps cela correspond parfaitement à l’image que l’on s’est faite des salafistes en Tunisie". Commente-t-il.
Prudence ou limite de la caricature, Yahia ne cite jamais le coran ou l’Islam de manière explicite dans ses fatwas ni dans ses coups de gueule. Par contre, Nabilla et Stromae sont revisités à souhait.
![nabilla]()
Plus que la religion, ce sont les concepts du "Haram" et du "Halal" décrétés à tout va par Yahia qui sont caricaturés. Sur le blog consacré au personnage, une rubrique "publicités Halal" propose des "lunettes anti-femen" ou des "œillères pour un jeûne sans incident".
![femen]()
Yahia lui-même est le stéréotype d’un nouveau phénomène apparu après la révolution: un jeune, cherchant tout simplement le droit chemin, devenu du jour au lendemain salafiste. Rapidement, il s'érige en garant de la vertu et parfois, s’improvise même imam.
En s’attaquant aux salafistes, le caricaturiste ne semble pas craindre des représailles. Il reste tout de même dans l’anonymat qu’il assume et considère comme une sécurité.
Et Yahia ne fait pas dans le compromis. Un jour il égorge les "mécréants", un autre il se sert de sa femme (une colonne noire avec un rectangle pour les yeux) comme canoë, il l’appelle d’ailleurs "chose".
Le caricaturiste est aussi un féru de l’actualité. Le président Moncef Marzouki, passe très souvent sous son feutre, sans concessions.
Ennahdha, le dialogue national, les faits-divers, les remaniements du gouvernement, les problèmes de liberté d’expression, tous passent sous le bistouri de celui qui met "parti au jihad" lorsqu’il s’absente momentanément de Facebook. Jamais sérieux mais toujours odieux, ce serait la définition de Yahia Boulahia, sorte d’illustration des maux de la société post-révolutionnaire.
Raconter des histoires qui témoignent des absurdités quotidiennes et des problèmes sociaux, le dessinateur le fait aussi sous forme de bande-dessinée sobrement intitulée "Retour vers le ftour" où le professeur "Héni" invente une moto permettant à Yahia de retourner dans le futur. Seulement voilà, comme il le dit, la moto ne fonctionne qu’à "l’essence et au lait, deux produits rares et chers sous ce gouvernement".
En attendant, si le personnage de Yahia continue d’être antipathique et attendrissant à la fois, son créateur, lui, se dit plus optimiste sur l’avenir du pays: "On a une société civile forte qui ne se laisse pas faire", commente-t-il. Quant à Yahia, il aimerait pouvoir éditer un jour ses aventures et ses dilemmes en bande-dessinée.
"Il n’y a pas vraiment d’espoir que Yahia change un jour, il est bête et méchant" décrit son créateur, un caricaturiste résidant à Tunis, qui a souhaité préserver son anonymat. On dira seulement qu’il a un air malicieux et qu'il se plaît à mettre un nez de clown pour déstabiliser son interlocuteur.
Mis à part ses sourcils noir et son sourire diabolique, le caricaturiste n’a rien à voir avec son alter ego, Yahia Boulahia, un salafiste autoproclamé qui a des ambitions explicites: "Tous les jours une nouvelle Fatwa pour nettoyer la société de toutes créatures impures, femmes et animaux".
Le petit barbu né via le dessin numérique, attendrit malgré tout par sa bêtise et fait rire quotidiennement une partie de ses 24 630 fans sur Facebook. Créé le 18 janvier 2011, le personnage fictif de Yahia représente le cliché du salafiste "vendeur à la sauvette en face d’une mosquée" d’après son descriptif.
Radical, il édicte des fatwas à tout-va, ridiculisé par l’humour noir de son créateur. Yahia est l’exagération poussée à l’absurde du salafiste. Au risque de stigmatiser quelque peu les vrais salafistes?
"Non" répond le père de Yahia, car pour lui, il n’y a pas deux poids deux mesures: "Tant que l’on refuse la séparation de la religion et de l’état, c’est bien deux cultures qui s’opposent".
Laïc? Athée? Agnostique? Le créateur de Yahia refuse d’être catalogué. Il se sert de son personnage comme une mise en garde sur les excès de la religion, "tant mieux si ça fait rire", ajoute-t-il. Le personnage de Yahia est aussi lié à une mauvaise expérience des années noires de la guerre civile algérienne comme le rappelle son lieu de naissance et son activité situés à la "frontière tuniso-algérienne".
Une caricature politiquement correcte?
Pour le caricaturiste, aucune évolution n’est possible dans le personnage de Yahia. "On aimerait qu’il change, qu’il arrête ses bêtises. En même temps cela correspond parfaitement à l’image que l’on s’est faite des salafistes en Tunisie". Commente-t-il.
Prudence ou limite de la caricature, Yahia ne cite jamais le coran ou l’Islam de manière explicite dans ses fatwas ni dans ses coups de gueule. Par contre, Nabilla et Stromae sont revisités à souhait.
![nabilla](http://i.huffpost.com/gen/1534650/thumbs/o-NABILLA-570.jpg?1)
Plus que la religion, ce sont les concepts du "Haram" et du "Halal" décrétés à tout va par Yahia qui sont caricaturés. Sur le blog consacré au personnage, une rubrique "publicités Halal" propose des "lunettes anti-femen" ou des "œillères pour un jeûne sans incident".
![femen](http://i.huffpost.com/gen/1534660/thumbs/o-FEMEN-570.jpg?2)
Yahia lui-même est le stéréotype d’un nouveau phénomène apparu après la révolution: un jeune, cherchant tout simplement le droit chemin, devenu du jour au lendemain salafiste. Rapidement, il s'érige en garant de la vertu et parfois, s’improvise même imam.
En s’attaquant aux salafistes, le caricaturiste ne semble pas craindre des représailles. Il reste tout de même dans l’anonymat qu’il assume et considère comme une sécurité.
"Bien sûr dès le départ, j’ai reçu des menaces de mort, j’ai été également piraté, et puis j’ai toujours des commentaires assez haineux. Mais en même temps, j’ai un public qui s’est aussi agrandi surtout après les évènements de cette année. Au fil du temps, les Tunisiens comprennent mieux le personnage qui pointe non pas une catégorie de gens réels mais plutôt des déviances".
Et Yahia ne fait pas dans le compromis. Un jour il égorge les "mécréants", un autre il se sert de sa femme (une colonne noire avec un rectangle pour les yeux) comme canoë, il l’appelle d’ailleurs "chose".
Le caricaturiste est aussi un féru de l’actualité. Le président Moncef Marzouki, passe très souvent sous son feutre, sans concessions.
"Ben oui, je n’hésite pas à le dessiner en clown puisque c’est un peu sa profession depuis qu’il est Président. Le pays est dans la merde et il sort un livre noir…On ne peut plus vraiment le prendre au sérieux."
Ennahdha, le dialogue national, les faits-divers, les remaniements du gouvernement, les problèmes de liberté d’expression, tous passent sous le bistouri de celui qui met "parti au jihad" lorsqu’il s’absente momentanément de Facebook. Jamais sérieux mais toujours odieux, ce serait la définition de Yahia Boulahia, sorte d’illustration des maux de la société post-révolutionnaire.
Raconter des histoires qui témoignent des absurdités quotidiennes et des problèmes sociaux, le dessinateur le fait aussi sous forme de bande-dessinée sobrement intitulée "Retour vers le ftour" où le professeur "Héni" invente une moto permettant à Yahia de retourner dans le futur. Seulement voilà, comme il le dit, la moto ne fonctionne qu’à "l’essence et au lait, deux produits rares et chers sous ce gouvernement".
En attendant, si le personnage de Yahia continue d’être antipathique et attendrissant à la fois, son créateur, lui, se dit plus optimiste sur l’avenir du pays: "On a une société civile forte qui ne se laisse pas faire", commente-t-il. Quant à Yahia, il aimerait pouvoir éditer un jour ses aventures et ses dilemmes en bande-dessinée.
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