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Gaza: Les chrétiens enterrent leur première victime du conflit

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L'oeil tuméfié et la chemise souillée de sang George Ayyad marche devant le cercueil de son épouse Jalila, apparemment la première victime chrétienne du conflit à Gaza, tuée quelques heures plus tôt dans le bombardement qui a détruit leur maison.

Agée de 60 ans, Jalila, avait deux fils, dont l'un a été grièvement blessé par la même frappe israélienne dimanche après-midi.

Le cercueil tout simple, blanc frappé d'une croix noire, est cérémonieusement porté vers la chapelle de Saint-Porphyre, l'église grecque-orthodoxe de Gaza.

"Elle est morte sous les décombres", raconte Fouad Ayyad, un neveu de Jalila. "Ses deux jambes ont été écrasées quand la maison s'est effondrée sur eux. Son mari et son fils étaient à l'intérieur".


Un prêtre orthodoxe en soutane noire psalmodie des passages de la Bible et balance un ostensoir, alors que le cercueil est déposé sous un plafond couvert de représentations de saints ornés à la feuille d'or, leurs noms inscrits en arabe et en grec.

Une icône de la Vierge Marie est placée sur le cercueil, et une vingtaine de proches entonnent un "Alleluia", tandis que l'appel musulman à la prière résonne du haut du minaret voisin.

Deux soeurs missionnaires de la Charité -- des religieuses catholiques -- sont également venues se recueillir.

Troublant momentanément l'atmosphère de deuil, un paroissien s'empare du micro pour dénoncer les bombardements israéliens.

"Cette femme palestinienne, arabe, chrétienne, est morte sous les obus de l'occupation israélienne", harangue-t-il furieux. "Il y a des massacres tous les jours ici... Où est la communauté internationale ?"


"Les bombes frappent, tuent et ne font pas de discrimination entre les civils et les combattants", insiste-t-il.

C'est ici ma patrie

George Ayyad, un cousin et homonyme du mari de la défunte, approuve de tout coeur, mais réfute l'idée que la mort de Jalila pousse la poignée de chrétiens de Gaza qui ne sont plus que 1.500 sur les 1,8 million d'habitants de l'enclave à partir.

"C'est exactement ce que les Israéliens veulent. Et puis où irions-nous? C'est ici ma patrie", assure-t-il. "Nous autres chrétiens sommes à Gaza depuis plus de 1.000 ans, et nous resterons".


La ville côtière de Gaza a longtemps abrité une communauté chrétienne florissante jusqu'au mandat britannique qui a pris fin avec la création d'Israël en 1948.

Mais Fouad, le neveu, n'a pour sa part qu'une seule envie: "Partir d'ici!".

gaza
Le fils de Jalila Ayyad, une chrétienne dont le corps a été retrouvé sous les décombres de sa maison après une frappe israélienne, embrasse une icône déposée sur son cercueil au cours des funérailles le 27 juillet 2014 à Gaza


A la fin de l'office, le cercueil de Jalila est porté le long des marches en marbre pour être mis en terre dans le petit cimetière de l'église, touché quelques jours plus tôt par un obus israélien.

Présentée comme la première chrétienne décédée à Gaza depuis le début de la guerre le 8 juillet, Jalila Ayyad était née à Jérusalem. Selon sa famille, elle avait la double nationalité franco-palestinienne.

Au total, plus d'un millier de Palestiniens, dont les trois-quarts de civils ont été tués dans cette nouvelle confrontation entamée le 8 juillet avec une opération israélienne destinée à supprimer les capacités militaires du mouvement islamiste Hamas, qui contrôle Gaza. Côté israélien 43 soldats et trois civils sont morts.

"Aujourd'hui, un autre être humain, une innocente, a perdu la vie", se lamente le chef de la petite communauté grec-orthodoxe de Gaza, l'archevêque Alexios.

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