Les principaux enjeux pour l'avenir de notre agriculture sont à mon avis, avant tout, ceux liés aux ressources naturelles (eau et sol) qui doivent plus que jamais être considérés comme des facteurs limitants.
Le secteur agricole utilise 76,5% des ressources en eau du pays, et près de 95% des eaux de surface seront bientôt captées (barrages, lacs collinaires) et les quantités disponibles par habitant et par an vont subir une sérieuse restriction en une vingtaine d'années (changement climatique, augmentation de la demande...).
Nous assistons pratiquement impassibles à la surexploitation des nappes souterraines, à leur salinisation et à leur pollution. Nos sols quant à eux s'appauvrissent d'année en année, soumis à de mauvaises techniques d'exploitation. L'érosion est de plus en plus préoccupante, l'urbanisation souvent sauvage au dépens des terres les plus fertiles, la morcellisation des exploitations due au "système" de l'héritage ... autant de facteurs qui ne permettent pas d'envisager un avenir serein. D'autres facteurs pèsent négativement: le vieillissement de la population active agricole, l'absence de relève due à la faible attractibilité du secteur font également craindre pour l'avenir.
A la lumière de ces problématiques, les enjeux se situent autour de l'impérieuse nécessité de définir le modèle de développement que nous voulons appliquer pour construire notre agriculture de demain. Quel modèle voulons-nous, et pour quel type d'agriculture?
Comment les acteurs politiques et économiques et les partenaires sociaux se positionneront-ils?
Le secteur agricole souffre d'une très mauvaise approche de la part du monde politique et économique et cela est principalement dû à la méconnaissance du monde agricole dans son sens le plus large.
Secteur complexe, il a souvent été marginalisé au profit de l'industrie et du tourisme. Le monde rural a trop souvent servi de "pourvoyeur" de main d'oeuvre pour d'autres secteurs économiques, en restant traité par les "politiques" sous un angle social, ne cherchant pas à investir dans le développement à long terme du secteur .
La politique gouvernementale depuis toujours et encore actuellement a cherché à favoriser le pouvoir d'achat du consommateur au détriment de l'agriculteur par une politique interventionniste et éronnée empêchant tout développement possible de l'appareil de production. La trop fameuse et calamiteuse "caisse de compensation" aurait du et devrait à l'avenir être affectée en partie à la promotion de la performance de l'agriculture... choix éminemment politique qui n'a pas été fait!
Les différentes crises alimentaires dans le monde et celle de 2008 en particulier ont montré l'importance du secteur agricole sur les volets tant économiques que sociaux. L'agriculture et le monde agricole, sont de véritables enjeux de société. Un véritable changement de paradigme, permettant de repositionner l'agriculture et d'en faire un des piliers du développement durable est essentiel. Il faut pour cela que soit élaborées de véritables stratégies volontaristes, courageuses et visionnaires.
La politique agricole sur ses volets politiques, économiques et sociaux ne pourra se construire que dans le cadre d'une large réflexion commune et concertée.C'est pour cela que nous appelons, dans notre jeune syndicat, le SYNAGRI, Syndicat des Agriculteurs de Tunisie à la tenue "d'Etats généraux de l'agriculture" en collaboration, effective, avec les organisations professionnelles et la société civile. Les choix d'avenir, les enjeux, sont cruciaux. Le re-développement de l'Agriculture nécessite une prise de conscience et un effort de la collectivité nationale toute entière.
Les attentes de la société tunisienne
La société tunisienne doit tout d'abord prendre conscience de l'importance du secteur agricole dans le développement du pays et de la nécessité de l'inscrire dans une démarche globale d'intérêt national.
Les attentes de notre société seront bien entendu basées sur le besoin d'une alimentation variée, équilibrée, saine et accessible! Le seul moyen de répondre à ces aspirations et d'assurer une relance de l'agriculture nécessitant une mise à niveau globale. Ceci reste le fruit, encore une fois, de politiques volontaristes, adaptées et efficaces, et de moyens financiers importants.
Par ailleurs, l'évolution politique du pays fait que la société tunisienne, telle que traduite dans la nouvelle constitution, va devenir détentrice d'une partie du pouvoir politique régional par l'intermédiaire de la gestion des ressources hydrauliques. N'oublions pas que le droit à l'eau est devenu un droit constitutionnel.
On peut être optimiste pour l'avenir car les potentialités existent. Les ressources naturelles (terre, eau, soleil), les hommes et les femmes, le marché... tout est là pour que ça fonctionne. A la condition bien entendue de savoir ou on va et comment on veut y aller!
Cela signifie de passer par exemple par le développement de l'agriculture familiale en la considérant comme une activité économique à part entière et en lui en donnant les moyens (accès à la terre, financement, subventions,formation, accès aux marchés...). Cela implique également de gérer intelligemment les ressources et développer l'agriculture pluviale. Cela demande d'avoir une recherche agronomique soutenue. Cela nécessite aussi de permettre la mise en place d'une véritable démocratie en milieu rural. Cela signifie enfin d'assurer le développement régional et lui donner l'autonomie nécessaire quant aux choix de développement. Cela demande d'envisager un remembrement des terres agricoles, une législation claire assurant une bonne gouvernance.
Il faut que soit envisagée une relance des structures professionnelles agricoles et qu'on assiste à la création de chambres d'agricultures à l'échelle des régions.Nous devons également repenser le ministère de l'agriculture pour en faire un véritable ministère de l'agriculture et de l'alimentation permettant une prise en considération plus efficace des filières agro-alimentaires. La question de l'exploitation et du devenir des terres domaniales est également cruciale. Une réforme en profondeur du secteur bancaire, de la recherche agronomique et de la formation professionnelle est indispensable.
Il est important de savoir que toutes, ou presque toutes les études analytiques, critiques, prospectives... ont été faites et refaites depuis de nombreuses années. Elles dorment dans les tiroirs-oubliettes des différents ministères. Il suffirait de les en sortir, de les dépoussiérer et de s'en servir comme base pour ces fameux "Etats Généraux". Tout n'est pas à refaire, tout n'est pas à ré-inventer. Tout reste une question de volonté politique et de volonté citoyenne.
Le pessimisme serait de rester à ruminer les problèmes et leurs solutions et que nous ne prenions pas les mesures courageuses nécéssaires au développement de ce secteur vital pour la paix économique et sociale de notre pays.
La courte vue c'est aussi de se cantonner à une vision pour "l'horizon 2020" et non pas "l'Horizon 2050".
Le secteur agricole utilise 76,5% des ressources en eau du pays, et près de 95% des eaux de surface seront bientôt captées (barrages, lacs collinaires) et les quantités disponibles par habitant et par an vont subir une sérieuse restriction en une vingtaine d'années (changement climatique, augmentation de la demande...).
Nous assistons pratiquement impassibles à la surexploitation des nappes souterraines, à leur salinisation et à leur pollution. Nos sols quant à eux s'appauvrissent d'année en année, soumis à de mauvaises techniques d'exploitation. L'érosion est de plus en plus préoccupante, l'urbanisation souvent sauvage au dépens des terres les plus fertiles, la morcellisation des exploitations due au "système" de l'héritage ... autant de facteurs qui ne permettent pas d'envisager un avenir serein. D'autres facteurs pèsent négativement: le vieillissement de la population active agricole, l'absence de relève due à la faible attractibilité du secteur font également craindre pour l'avenir.
A la lumière de ces problématiques, les enjeux se situent autour de l'impérieuse nécessité de définir le modèle de développement que nous voulons appliquer pour construire notre agriculture de demain. Quel modèle voulons-nous, et pour quel type d'agriculture?
Comment les acteurs politiques et économiques et les partenaires sociaux se positionneront-ils?
Le secteur agricole souffre d'une très mauvaise approche de la part du monde politique et économique et cela est principalement dû à la méconnaissance du monde agricole dans son sens le plus large.
Secteur complexe, il a souvent été marginalisé au profit de l'industrie et du tourisme. Le monde rural a trop souvent servi de "pourvoyeur" de main d'oeuvre pour d'autres secteurs économiques, en restant traité par les "politiques" sous un angle social, ne cherchant pas à investir dans le développement à long terme du secteur .
La politique gouvernementale depuis toujours et encore actuellement a cherché à favoriser le pouvoir d'achat du consommateur au détriment de l'agriculteur par une politique interventionniste et éronnée empêchant tout développement possible de l'appareil de production. La trop fameuse et calamiteuse "caisse de compensation" aurait du et devrait à l'avenir être affectée en partie à la promotion de la performance de l'agriculture... choix éminemment politique qui n'a pas été fait!
Les différentes crises alimentaires dans le monde et celle de 2008 en particulier ont montré l'importance du secteur agricole sur les volets tant économiques que sociaux. L'agriculture et le monde agricole, sont de véritables enjeux de société. Un véritable changement de paradigme, permettant de repositionner l'agriculture et d'en faire un des piliers du développement durable est essentiel. Il faut pour cela que soit élaborées de véritables stratégies volontaristes, courageuses et visionnaires.
La politique agricole sur ses volets politiques, économiques et sociaux ne pourra se construire que dans le cadre d'une large réflexion commune et concertée.C'est pour cela que nous appelons, dans notre jeune syndicat, le SYNAGRI, Syndicat des Agriculteurs de Tunisie à la tenue "d'Etats généraux de l'agriculture" en collaboration, effective, avec les organisations professionnelles et la société civile. Les choix d'avenir, les enjeux, sont cruciaux. Le re-développement de l'Agriculture nécessite une prise de conscience et un effort de la collectivité nationale toute entière.
Les attentes de la société tunisienne
La société tunisienne doit tout d'abord prendre conscience de l'importance du secteur agricole dans le développement du pays et de la nécessité de l'inscrire dans une démarche globale d'intérêt national.
Les attentes de notre société seront bien entendu basées sur le besoin d'une alimentation variée, équilibrée, saine et accessible! Le seul moyen de répondre à ces aspirations et d'assurer une relance de l'agriculture nécessitant une mise à niveau globale. Ceci reste le fruit, encore une fois, de politiques volontaristes, adaptées et efficaces, et de moyens financiers importants.
Par ailleurs, l'évolution politique du pays fait que la société tunisienne, telle que traduite dans la nouvelle constitution, va devenir détentrice d'une partie du pouvoir politique régional par l'intermédiaire de la gestion des ressources hydrauliques. N'oublions pas que le droit à l'eau est devenu un droit constitutionnel.
On peut être optimiste pour l'avenir car les potentialités existent. Les ressources naturelles (terre, eau, soleil), les hommes et les femmes, le marché... tout est là pour que ça fonctionne. A la condition bien entendue de savoir ou on va et comment on veut y aller!
Cela signifie de passer par exemple par le développement de l'agriculture familiale en la considérant comme une activité économique à part entière et en lui en donnant les moyens (accès à la terre, financement, subventions,formation, accès aux marchés...). Cela implique également de gérer intelligemment les ressources et développer l'agriculture pluviale. Cela demande d'avoir une recherche agronomique soutenue. Cela nécessite aussi de permettre la mise en place d'une véritable démocratie en milieu rural. Cela signifie enfin d'assurer le développement régional et lui donner l'autonomie nécessaire quant aux choix de développement. Cela demande d'envisager un remembrement des terres agricoles, une législation claire assurant une bonne gouvernance.
Il faut que soit envisagée une relance des structures professionnelles agricoles et qu'on assiste à la création de chambres d'agricultures à l'échelle des régions.Nous devons également repenser le ministère de l'agriculture pour en faire un véritable ministère de l'agriculture et de l'alimentation permettant une prise en considération plus efficace des filières agro-alimentaires. La question de l'exploitation et du devenir des terres domaniales est également cruciale. Une réforme en profondeur du secteur bancaire, de la recherche agronomique et de la formation professionnelle est indispensable.
Il est important de savoir que toutes, ou presque toutes les études analytiques, critiques, prospectives... ont été faites et refaites depuis de nombreuses années. Elles dorment dans les tiroirs-oubliettes des différents ministères. Il suffirait de les en sortir, de les dépoussiérer et de s'en servir comme base pour ces fameux "Etats Généraux". Tout n'est pas à refaire, tout n'est pas à ré-inventer. Tout reste une question de volonté politique et de volonté citoyenne.
Le pessimisme serait de rester à ruminer les problèmes et leurs solutions et que nous ne prenions pas les mesures courageuses nécéssaires au développement de ce secteur vital pour la paix économique et sociale de notre pays.
La courte vue c'est aussi de se cantonner à une vision pour "l'horizon 2020" et non pas "l'Horizon 2050".
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