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Corruption: Des dizaines de parlementaires brésiliens accusés d'avoir touché des pots-de-vin

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Un ex-directeur de Petrobras, le géant étatique du pétrole, a dénoncé un vaste système de corruption.

En pleine campagne électorale au Brésil, un ex-directeur de Petrobras, incarcéré pour blanchiment, a dénoncé à la police un vaste système de pots-de-vin versés par la compagnie pétrolière nationale à des dizaines de parlementaires.

Selon des informations publiées dans la nuit de vendredi à samedi par les principaux journaux brésiliens, l’ancien directeur du raffinage et de la distribution du géant étatique, Paulo Roberto Costa, a décrit un vaste système de corruption impliquant la compagnie et des élus, dans une confession explosive à la police fédérale.

Il a mis en cause 49 députés, 12 sénateurs et un gouverneur appartenant à trois partis politiques de la majorité parlementaire, assure le quotidien d’opposition Folha de Sao Paulo. Il s’agirait du Parti des travailleurs (PT, gauche) de la présidente sortante Dilma Rousseff, du principal allié de sa coalition, le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre droit) et du Parti progressiste (PP).


Le quotidien Estado de Sao Paulo parle, lui, d’au moins 32 parlementaires et un gouverneur appartenant à cinq partis politiques, sans préciser lesquels. «Tous les jours il y avait un politicien qui frappait à ma porte», aurait-il confié. Les journaux brésiliens n’ont pas cité les noms des parlementaires mis en cause.

L’ancien responsable de Petrobras, qui encourt 30 ans de prison, s’est confié en début de semaine aux enquêteurs de la police fédérale avec lesquels il a passé un accord pour obtenir une réduction de peine, selon les médias. Sa déposition a été transmise au Tribunal suprême fédéral qui devra valider ou non cet accord.

Comission de 3% sur la valeur de contrats

Paul Roberto Costa a expliqué aux policiers que les élus impliqués percevaient des commissions de 3% sur la valeur de contrats signés par Petrobras à l’époque où il était directeur du raffinage et de l’approvisionnement de la compagnie (2004-2012). Ces contrats étaient signés avec une myriade de sociétés créées à l’intérieur de Petrobras, dans pratiquement tous ses secteurs d’activité, dans le but de dissimuler ces malversations, aurait-il précisé.

Paulo Roberto Costa est inculpé dans le cadre de l’affaire «Lava Jato» («Lavage express») qui avait permis à l’origine de démanteler un réseau de professionnels du blanchiment au carnet d’adresses fourni qui auraient lessivé 4,5 milliards de dollars. Au fil des investigations, les enquêteurs ont fini par frapper à la porte de Petrobras.

En l’absence de confirmations officielles, de détails sur l’identité des élus ou partis dénoncés, il est difficile de prévoir les conséquences de ce scandale sur l’âpre et indécise campagne électorale en cours au Brésil pour les élections générales du 5 octobre : présidentielle, législatives, gouverneurs, sénatoriales partielles.

Roussef en difficulté

Si elles se confirment, ces révélations tombent de toute façon mal pour la présidente Dilma Rousseff, étant donné l’importante tutelle exercée par Brasilia sur la compagnie. Elles vont en effet donner du grain à moudre à la sensation de la campagne, la candidate écologique et évangélique Marina Silva, donnée victorieuse au second tour par les sondages.

Se présentant comme la promesse d’une «nouvelle politique» en rupture avec celle des grands partis, Marina Silva surfe habilement sur la vague de la fronde sociale antisystème des jeunes Brésiliens de juin 2003 contre l’indigence des services publics et la corruption. Dilma Rousseff a fait le ménage dans son camp pendant son mandat, écartant plusieurs ministres soupçonnés de malversations.

Mais le scandale du Mensalao, un système de pots-de-vin versés sous la présidence de son prédécesseur et mentor, Lula, à des députés en échange de leur vote au Parlement est encore dans tous les esprits. Petrobras est-elle même plongée depuis plusieurs mois dans une tourmente a propos des pertes colossales subies à cause de l’achat surévalué et entouré de fortes suspicions de malversations d’une raffinerie à Pasadena (Texas).

L’interventionnisme du gouvernement dans la gestion de la compagnie, qui a perdu la moitié de sa valeur boursière en cinq ans, est également fortement critiqué par l’opposition. Pour contenir l’inflation, Brasilia impose en effet à Petrobras de vendre l’essence à un prix inférieur à celui du marché, ce qui pèse sur ses marges et capacités d’investissement.

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