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L'Etat Islamique et les pompiers pyromanes

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L'Etat Islamique est le nouveau fléau s'abattant premièrement sur l'Irak et la Syrie, mais aussi sur toute une civilisation arabo-musulmane avant d'être un épouvantail pour les populations occidentales. Des milliers de Tunisiens, de Libyens, d'Egyptiens et d'autres, ont rejoint le rang des jihadistes, croyant faire plaisir à Dieu. Les journaux à travers le monde se chargent de relayer les informations provenant des territoires contrôlés par les terroristes, rapportant au jour le jour les exactions commises, le massacre ou la fuite de chrétiens, de yazidis, les exécutions sommaires de "mécréants", etc. Tout cela sans revenir à la genèse de l'Etat Islamique.

Pourquoi et comment a t-il pu exister avec autant de vigueur? Comment a t-il pu se développer aussi vite? Pourquoi est-il si puissant?

Il faut revenir à la guerre civile en Syrie, et avant même celle-ci, à la guerre en Irak. Sans s'éterniser dans une position victimaire de l'arabe opprimé, la guerre en Irak entreprise par le gouvernement Bush sur des allégations mensongères a plongé l'Irak dans un chaos total qui a permis la création, mais aussi la croissance rapide de groupes terroristes tels que l'Etat Islamique en Irak et au Levant, fondateur de l'Etat Islamique. L'insécurité dans laquelle était plongée le pays a permis d'en faire un terrain d'entrainement approprié pour ces organisations.

En 2011 éclatait ce qu'on a appelé la "révolution" syrienne qui s'est vite développée en une guerre civile sanglante, amenant à la mort des centaines de milliers de Syriens. Alors que dès le début du conflit armé, une mouvance terroriste parmi les rebelles faisait son apparition et avait un poids de plus en plus conséquent dans les opérations contre le régime de Bachar Al Assad, l'Occident, et à sa tête les Etats-Unis, n'a eu de cesse de stigmatiser et de diriger l'objectif vers les méfaits (certes indéniables) de Bachar, sans pointer du doigt les risques que comportaient les rebelles qui lui faisaient face. Les médias, et pire encore, les politiciens des nations dirigeant le monde, ont opté pour une position sentimentaliste quant à la dictature de Bachar, plutôt que sur une vision pratique et réaliste.

Sans faire l'apologie de Bachar Al Assad, et du régime autoritaire qu'il menait, il reste que la Syrie qu'il gouvernait était relativement prospère, et était le récipient d'un patrimoine culturel et social des plus avancés. Rien de comparable avec les vues faussement musulmanes des adeptes de la charia financés par d'occultes mécènes wahhabites et dont le jihad n'a fait qu'affaiblir la civilisation musulmane. On peut se demander s'il est raisonnable de penser qu'Obama et son Kerry, qu'Hollande et son Fabius, aient été réellement influencés par des préoccupations humanistes, ou qu'ils ignoraient au départ l'avènement de ces factions jihadistes.

On peut toutefois être certain aujourd'hui que la France a livré des armes aux rebelles, que la Turquie a volontairement laissé des milliers de jihadistes entrer sur le sol syrien par sa frontière, et que l'Arabie Saoudite et le Qatar ont soutenu des factions salafistes et terroristes contre Bachar Al Assad. Si l'on en croit Edward Snowden, il est peu probable que tous ces agissements soient passés inaperçus aux yeux des dirigeants américains. Il y a donc eu une volonté de faire tomber Bachar Al Assad par tous les moyens, de la même manière que l'on a fait tomber Mouammar Kadhafi en Libye. Seulement, la joute diplomatique entre l'axe sino-russe et l'OTAN a empêché une "résolution" sommaire et catastrophique du conflit.

Ce retour vers un passé pas si lointain, tant par sa chronologie que par ses répercutions, montrent bel et bien que l'Occident, dans sa bataille contre l'Etat Islamique aujourd'hui, joue au pompier pyromane. La malhonnêteté des Etats-Unis, de la France, et de leurs alliés de l'OTAN, a permis la création et le renforcement de l'Etat Islamique, et est une cause fondamentale de la mort de milliers d'innocents dans la région. Ce phénomène n'est pas nouveau. Il ne fait qu'évoluer à travers les années. Tout comme l'action de l'OTAN en Libye a débloqué d'importantes ressources pétrolières pour ses instigateurs, celle qui suivra en Irak n'en fera pas moins, tout en laissant un désastre humanitaire, économique, socio-culturel, et politique s'abattre sur la région pour les générations à venir.

Le mélange de crédulité et de malhonnêteté des dirigeants arabes est aussi un tremplin de l'influence occidentale au Moyen-Orient. Dés que le problème de l'Etat Islamique s'est installé, le premier réflexe a été de faire appel aux Etats-Unis et à leurs alliés, montrant clairement qu'aucune leçon du passé n'a été retenue. Barack Obama, Bush père ou fils, les Etats-Unis n'ont jamais été source de solution pour les Arabes. Et pourtant, ceux-ci continuent à faire appel à leur bourreau pour se libérer de la guillotine.

Seule une vision plus approfondie de la diplomatie internationale permet d'envisager des éléments de réponse quant à l'Etat dit islamique. Aujourd'hui, un climat de guerre froide règne entre une Russie qui se veut renaitre de ses cendres et qui réussit à avoir une place importante dans les décisions internationales, et les pays de l'OTAN menés par les Etats-Unis.

Deux philosophies se font face de façon virulente. Alors que les Etats-Unis et la France étaient sur le point d'entreprendre des opérations militaires contre le régime et d'envenimer la situation en Syrie, comme ils l'ont fait plus tôt en Libye, c'est la Russie qui s'y est opposée et a permis un assainissement de la situation par des voies strictement diplomatiques. La revigoration de la Russie constitue une nouvelle alternative pour essayer de résoudre les tourments que vit le Moyen Orient.

Quels que soient ses torts, et bien qu'elle ne réponde pas parfaitement aux critères de la démocratie occidentale, la Russie est un sentier à suivre pour les diplomaties arabes qui veulent enterrer le drapeau noir de l'Etat Islamique, sans encourir par la suite de lourdes conséquences.

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