La révolution tunisienne de 2011, Kamel y a participé avec conviction. Mais aujourd'hui, dégoûté par la classe politique et excédé par les reproches des nostalgiques du régime déchu autour de lui, il compte boycotter les législatives de dimanche.
"Quand nous aurons des politiciens honnêtes qui se soucieront des problèmes du peuple, j'irai voter", lâche Kamel Torkhani, 44 ans. Près de quatre ans après la révolution, "les Tunisiens vivent toujours sous tension, il n'y a ni dignité ni justice".
Pourtant, Kamel s'est battu pour cette révolution, la première des révoltes arabes. Le 13 janvier 2011, la veille de la fuite de Ben Ali en Arabie saoudite, il est atteint d'une balle à la jambe lors d'une manifestation à Tunis. Aujourd'hui, il boîte encore, en plus de son hypertension et de son diabète.
Mais ce dont il souffre le plus, dit-il, ce sont les réprimandes de proches à l'adresse des "révolutionnaires", accusés, en poussant Ben Ali au départ, d'avoir conduit le pays au bord du précipice.
"Je n'arrive pas à comprendre que les gens nous rendent responsables du recul du pays, alors que ce sont nos politiciens, ces incompétents, qui sont les vrais responsables", s'emporte-t-il.
Le discours de Kamel est loin d'être isolé. Nombreux sont les Tunisiens à se dire dégoûtés par la classe politique et à rejeter ces scrutins.
Car le chômage et la misère, qui étaient en large partie à l'origine du soulèvement de décembre 2010 - janvier 2011, restent une plaie en Tunisie. Pas moins de 30% des jeunes diplômés restent aujourd'hui sans travail, selon des chiffres officiels.
"Je vends toujours des cigarettes"
Conflits sociaux, crises politiques, assassinats d'opposants et essor d'une mouvance jihadiste extrémiste... Le pays a traversé moult crises et zones de turbulence entravant la relance d'une économie déjà anémique.
Béchir Béjaoui, un vendeur ambulant, reconnaît avoir perdu son optimisme d'octobre 2011, lors de l'élection de la Constituante, premier scrutin libre de l'histoire du pays.
Béchir, qui vend des cigarettes à l'unité depuis son enfance pour aider son père handicapé, était convaincu que la révolution lui ouvrirait les portes d'un travail et d'un salaire convenables.
"J'ai expliqué mille fois la situation difficile de ma famille au gouverneur de Tunis, j'ai déposé des demandes de travail, mais plus de trois ans après je vends toujours des cigarettes", lâche-t-il.
Accusés d'être coupés de la réalité, les politiques tentent néanmoins d'inciter les Tunisiens à se rendre aux urnes malgré la désillusion.
"Je comprends le mécontentement des gens. Mais le droit de vote a été arraché après beaucoup de sacrifices", juge Samir Taïeb, tête de liste dans une circonscription de Tunis pour l'Union pour la Tunisie (UPT), une coalition de partis de gauche.
"Quand nous aurons des politiciens honnêtes qui se soucieront des problèmes du peuple, j'irai voter", lâche Kamel Torkhani, 44 ans. Près de quatre ans après la révolution, "les Tunisiens vivent toujours sous tension, il n'y a ni dignité ni justice".
"Personne ne me plaît, je n'ai pas confiance en ces politiciens qui ne servent que leurs intérêts. Jamais je ne voterai pour eux", lance encore ce chauffeur bien décidé à ne pas participer aux législatives de dimanche et à la présidentielle du 23 novembre, qui doivent doter la Tunisie de ses premières institutions démocratiques pérennes.
Pourtant, Kamel s'est battu pour cette révolution, la première des révoltes arabes. Le 13 janvier 2011, la veille de la fuite de Ben Ali en Arabie saoudite, il est atteint d'une balle à la jambe lors d'une manifestation à Tunis. Aujourd'hui, il boîte encore, en plus de son hypertension et de son diabète.
Mais ce dont il souffre le plus, dit-il, ce sont les réprimandes de proches à l'adresse des "révolutionnaires", accusés, en poussant Ben Ali au départ, d'avoir conduit le pays au bord du précipice.
"Je n'arrive pas à comprendre que les gens nous rendent responsables du recul du pays, alors que ce sont nos politiciens, ces incompétents, qui sont les vrais responsables", s'emporte-t-il.
"Beaucoup de gens me disent: nous étions tranquilles avant la révolution, la vie n'était pas aussi difficile avant, vous avez ruiné le pays", raconte-t-il. "Ça me touche à vif. Je suis devenu très agressif avec ma famille, j'ai même été soigné dans un hôpital psychiatrique", confie ce père de trois enfants.
Le discours de Kamel est loin d'être isolé. Nombreux sont les Tunisiens à se dire dégoûtés par la classe politique et à rejeter ces scrutins.
Car le chômage et la misère, qui étaient en large partie à l'origine du soulèvement de décembre 2010 - janvier 2011, restent une plaie en Tunisie. Pas moins de 30% des jeunes diplômés restent aujourd'hui sans travail, selon des chiffres officiels.
LIRE AUSSI: Voter est une "obligation religieuse", selon le ministère des Affaires religieuses
"Je vends toujours des cigarettes"
Conflits sociaux, crises politiques, assassinats d'opposants et essor d'une mouvance jihadiste extrémiste... Le pays a traversé moult crises et zones de turbulence entravant la relance d'une économie déjà anémique.
Béchir Béjaoui, un vendeur ambulant, reconnaît avoir perdu son optimisme d'octobre 2011, lors de l'élection de la Constituante, premier scrutin libre de l'histoire du pays.
"J'étais content de faire la queue pendant trois heures (pour voter). Mais ces politiciens ne méritent même pas une minute de mon temps. Ce sont des incompétents qui ont appauvri le peuple. Comme Ben Ali, ce sont des arnaqueurs en costume", s'énerve le jeune homme de 29 ans travaillant près de la médina de Tunis.
Béchir, qui vend des cigarettes à l'unité depuis son enfance pour aider son père handicapé, était convaincu que la révolution lui ouvrirait les portes d'un travail et d'un salaire convenables.
"J'ai expliqué mille fois la situation difficile de ma famille au gouverneur de Tunis, j'ai déposé des demandes de travail, mais plus de trois ans après je vends toujours des cigarettes", lâche-t-il.
Accusés d'être coupés de la réalité, les politiques tentent néanmoins d'inciter les Tunisiens à se rendre aux urnes malgré la désillusion.
"Je comprends le mécontentement des gens. Mais le droit de vote a été arraché après beaucoup de sacrifices", juge Samir Taïeb, tête de liste dans une circonscription de Tunis pour l'Union pour la Tunisie (UPT), une coalition de partis de gauche.
"Il faut que les gens aillent aux urnes parce que c'est ainsi qu'ils contribueront à renouveler l'image de la scène politique", assure-t-il.
LIRE AUSSI: Tunisie: De la classe aisée à la classe défavorisée, la révolution n'a pas eu le même impact sur le quotidien
Retrouvez les articles du HuffPost Maghreb sur notre page Facebook.