Comme tout un chacun, je fus enthousiasmé par ce que j'ai qualifié dès le début de Coup du peuple, cette révolution postmoderne, qui a tout d'une révolution, sauf la technique.
Tout le monde espérait alors que l'esprit de ce Coup du destin se matérialiserait par une gouvernance originale à la mesure de l'originalité de ce peuple sur une terre chantée par les artistes, au génie particulier fait d'une douceur de vivre magnifiée par une volupté d'être.
Désenchantement cruel
Or, la volonté populaire est détournée par les politiciens au nom d'un libéralisme réduit à son aspect économique le plus hideux et un moralisme qui n'est que de la moraline.
La première élection de 2011, revanche des pestiférés de la politique, fut bien juste sur le coup. Elle devint injuste au vu de l'usage qu'ont fait du pouvoir ceux qui l'ont eu sur un plateau, sans en avoir été l'instrument immédiat.
La seconde manifestation formellement démocratique se déroule dans le cadre d'un système fermé gros de restrictions insurmontables pour un vote véritablement libre.
Il y a, pour l'illustrer, cette encre électorale honteuse pour la maturité du peuple et dont le ridicule de l'inutilité est aggravé par le soupçon suscité d'une absence d'indépendance vis-à-vis des intérêts qui la commercialisent.
Comédie électorale
Toutefois, si comédie électorale il y a, elle ne ferait que conformer l'expérience tunisienne à ce qu'on pratique en Occident, la politique y relevant de l'opéra-bouffe.
Le phénomène de l'abstention le confirme et ce pareil chez nous malgré la nouveauté de l'exercice. Un fort taux d'abstention est d'ailleurs prévisible au vu du boycott de l'inscription sur les listes.
Ce sera surtout le fait des jeunes et des régions défavorisées, ce qui irrite les élites, amenant au recours au mufti de la République, le mêlant de ce qui ne le regarde pas en décrétant illicite l'abstention. Cette infraction à la Constitution illustre le sort que d'aucuns veulent faire à la notion à peine consacrée d'État civil !
Nécessaire catharsis
Bien que votant pas comme nombre de Tunisiens déçus, alors que je fus parmi les premiers à m'inscrire en 2011sur les listes électorales, je ne suis pas pessimiste pour autant sur le sort de notre pays.
Malgré les irrégularités, le résultat final quasiment convenu constituera la nécessaire catharsis pour sortir le pays des dédales de la politicaillerie.
Comme dans le théâtre grec, il s'agira de cet effet impératif de purification des passions les plus basses qui se sont manifestées dans les rangs de notre classe politique depuis la révolution.
En psychanalyse, pour une saine psychologie, il y a nécessité de se libérer des émotions négatives en extériorisant le refoulé qui traumatise. Ce refoulé est l'absence de droits et de libertés du peuple, même les plus décriés au non d'un dogmatisme dépassé, aussi bien religieux que profane.
En matière de moeurs, il n'est aucune différence dans la classe politique entre libéraux et religieux. On peut le vérifier avec deux questions emblématiques constituant l'argument paroxystique : combien parmi eux seraient pour la légalisation de l'homosexualité ou la normalisation avec l'État d'Israël ?
Une Tunisie re-belle
Comme dirait Hegel, il y aurait en ce pays une dialectique du travail du négatif. On veut bien croire que Belle Tunisie est encore la bête ayant besoin d'amour pour redevenir la belle.
C'est d'amour que manque ce pays, sans aucune restriction, son peuple étant sensuel dans l'âme; c'est sa sensualité bridée qui constitue le frein à faire sauter pour donner libre cours à son génie.
Dans la psychologie profonde du Tunisien, son inconscient collectif, il n'est nul tabou, même pas celui de la nudité, plus artistique dans ses yeux ou érotique que pornographique.
Retrouver une Tunisie belle, c'est agir pour un ordo amoris, un ordre amoureux en anticipant sa volonté d'être original. La Tunisie de nouveau belle est forcément re-belle, en avance sur son monde, libérale et libertaire.
Le Tunisien se veut citoyen du monde, attiré par l'air du large, son besoin de communier avec son semblable et son dissemblable est irrépressible jusqu'à la fusion, l'émotivité étant son essence. Or, l'époque est aux affects et émotions qui, contrariés, sont un dépit amoureux, plus cruelle vengeance.
Il est au tréfonds du Tunisien une énergie fabuleuse, puissance qui peut se révéler héros biblique ou être mythologique. Réveillée, elle en fait Samson ou Épiméthée.
Le frère de Prométhée qui, agit spontanément, est rusé, doté de talents multiples. Il a la curiosité qu'il tient de sa femme qui a ouvert la boîte de Pandore. Aussi, il ouvrirait volontiers les jarres postmodernes scellées sur les misères humaines ne serait-ce que pour leur juste répartition, une communion émotionnelle à son paroxysme.
Transfiguration du politique
La Tunisie est au carrefour de sa destinée et il ne sera plus question de passer à côté de ce qu'elle impose en transfiguration de la pratique du politique.
Étant destinées à rétablir l'ordre dans le pays moyennant une formule ingénieuse de partage du pouvoir entre les forces les plus actives, ces élections ne doivent pas déboucher sur un ordre d'ancien régime. On ne doit pas, au prétexte du prestige de l'État, sacrifier celui du peuple !
Cela consiste à reconnaître ses droits et libertés constitutionnelles. Résumés par la formule d'État civil, ils imposent la séparation du public et du religieux. Ils supposent aussi que les lois liberticides de la dictature, toutes les lois restreignant les libertés privatives, y compris en mati!re de moeurs, soient levée; elles n'ont rien de légitime ni de moral, étant anti-islamiques.
Une diplomatie innovante doit aussi renouer avec le meilleur de la pratique de Bourguiba en osant reconnaître l'État d'Israël, appelant à une solution juste du conflit palestinien source des pires maux d'aujourd'hui.
Une telle diplomatie ne saurait plus hésiter non plus à réclamer de l'Europe la concrétisation de ses engagements avec l'ancien régime : l'inclusion de droit de la Tunisie dans l'espace européen. Cela devra se faire dans un espace de démocratie méditerranéenne impliquant la liberté de circulation immédiate et une adhésion à terme à l'UE.
Tout le monde espérait alors que l'esprit de ce Coup du destin se matérialiserait par une gouvernance originale à la mesure de l'originalité de ce peuple sur une terre chantée par les artistes, au génie particulier fait d'une douceur de vivre magnifiée par une volupté d'être.
Désenchantement cruel
Or, la volonté populaire est détournée par les politiciens au nom d'un libéralisme réduit à son aspect économique le plus hideux et un moralisme qui n'est que de la moraline.
La première élection de 2011, revanche des pestiférés de la politique, fut bien juste sur le coup. Elle devint injuste au vu de l'usage qu'ont fait du pouvoir ceux qui l'ont eu sur un plateau, sans en avoir été l'instrument immédiat.
La seconde manifestation formellement démocratique se déroule dans le cadre d'un système fermé gros de restrictions insurmontables pour un vote véritablement libre.
Il y a, pour l'illustrer, cette encre électorale honteuse pour la maturité du peuple et dont le ridicule de l'inutilité est aggravé par le soupçon suscité d'une absence d'indépendance vis-à-vis des intérêts qui la commercialisent.
Comédie électorale
Toutefois, si comédie électorale il y a, elle ne ferait que conformer l'expérience tunisienne à ce qu'on pratique en Occident, la politique y relevant de l'opéra-bouffe.
Le phénomène de l'abstention le confirme et ce pareil chez nous malgré la nouveauté de l'exercice. Un fort taux d'abstention est d'ailleurs prévisible au vu du boycott de l'inscription sur les listes.
Ce sera surtout le fait des jeunes et des régions défavorisées, ce qui irrite les élites, amenant au recours au mufti de la République, le mêlant de ce qui ne le regarde pas en décrétant illicite l'abstention. Cette infraction à la Constitution illustre le sort que d'aucuns veulent faire à la notion à peine consacrée d'État civil !
Nécessaire catharsis
Bien que votant pas comme nombre de Tunisiens déçus, alors que je fus parmi les premiers à m'inscrire en 2011sur les listes électorales, je ne suis pas pessimiste pour autant sur le sort de notre pays.
Malgré les irrégularités, le résultat final quasiment convenu constituera la nécessaire catharsis pour sortir le pays des dédales de la politicaillerie.
Comme dans le théâtre grec, il s'agira de cet effet impératif de purification des passions les plus basses qui se sont manifestées dans les rangs de notre classe politique depuis la révolution.
En psychanalyse, pour une saine psychologie, il y a nécessité de se libérer des émotions négatives en extériorisant le refoulé qui traumatise. Ce refoulé est l'absence de droits et de libertés du peuple, même les plus décriés au non d'un dogmatisme dépassé, aussi bien religieux que profane.
En matière de moeurs, il n'est aucune différence dans la classe politique entre libéraux et religieux. On peut le vérifier avec deux questions emblématiques constituant l'argument paroxystique : combien parmi eux seraient pour la légalisation de l'homosexualité ou la normalisation avec l'État d'Israël ?
Une Tunisie re-belle
Comme dirait Hegel, il y aurait en ce pays une dialectique du travail du négatif. On veut bien croire que Belle Tunisie est encore la bête ayant besoin d'amour pour redevenir la belle.
C'est d'amour que manque ce pays, sans aucune restriction, son peuple étant sensuel dans l'âme; c'est sa sensualité bridée qui constitue le frein à faire sauter pour donner libre cours à son génie.
Dans la psychologie profonde du Tunisien, son inconscient collectif, il n'est nul tabou, même pas celui de la nudité, plus artistique dans ses yeux ou érotique que pornographique.
Retrouver une Tunisie belle, c'est agir pour un ordo amoris, un ordre amoureux en anticipant sa volonté d'être original. La Tunisie de nouveau belle est forcément re-belle, en avance sur son monde, libérale et libertaire.
Le Tunisien se veut citoyen du monde, attiré par l'air du large, son besoin de communier avec son semblable et son dissemblable est irrépressible jusqu'à la fusion, l'émotivité étant son essence. Or, l'époque est aux affects et émotions qui, contrariés, sont un dépit amoureux, plus cruelle vengeance.
Il est au tréfonds du Tunisien une énergie fabuleuse, puissance qui peut se révéler héros biblique ou être mythologique. Réveillée, elle en fait Samson ou Épiméthée.
Le frère de Prométhée qui, agit spontanément, est rusé, doté de talents multiples. Il a la curiosité qu'il tient de sa femme qui a ouvert la boîte de Pandore. Aussi, il ouvrirait volontiers les jarres postmodernes scellées sur les misères humaines ne serait-ce que pour leur juste répartition, une communion émotionnelle à son paroxysme.
Transfiguration du politique
La Tunisie est au carrefour de sa destinée et il ne sera plus question de passer à côté de ce qu'elle impose en transfiguration de la pratique du politique.
Étant destinées à rétablir l'ordre dans le pays moyennant une formule ingénieuse de partage du pouvoir entre les forces les plus actives, ces élections ne doivent pas déboucher sur un ordre d'ancien régime. On ne doit pas, au prétexte du prestige de l'État, sacrifier celui du peuple !
Cela consiste à reconnaître ses droits et libertés constitutionnelles. Résumés par la formule d'État civil, ils imposent la séparation du public et du religieux. Ils supposent aussi que les lois liberticides de la dictature, toutes les lois restreignant les libertés privatives, y compris en mati!re de moeurs, soient levée; elles n'ont rien de légitime ni de moral, étant anti-islamiques.
Une diplomatie innovante doit aussi renouer avec le meilleur de la pratique de Bourguiba en osant reconnaître l'État d'Israël, appelant à une solution juste du conflit palestinien source des pires maux d'aujourd'hui.
Une telle diplomatie ne saurait plus hésiter non plus à réclamer de l'Europe la concrétisation de ses engagements avec l'ancien régime : l'inclusion de droit de la Tunisie dans l'espace européen. Cela devra se faire dans un espace de démocratie méditerranéenne impliquant la liberté de circulation immédiate et une adhésion à terme à l'UE.
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