Désormais, les résultats des dernières élections législatives sont fiables avec la déroute attendue de certains, la désillusion inattendue d'autres, la surprise inévitable du larron de toute élection démocratique et enfin et surtout le maintien d'Ennahdha derrière le grand vainqueur.
De fait, s'il y a eu défaite, c'est bien des petits partis de la troïka, usés par le pouvoir, mais aussi vampirisés par Ennahdha qui, lui, est sorti du pouvoir quasiment indemne.
Qui perd gagne
En effet, qu'on veuille le croire ou non, le grand gagnant des élections tunisiennes est bien le parti d'Ennahdha.
Déjà, il n'a pas été sanctionné par les urnes, gardant une confortable seconde place. Ensuite, sa défaite relative est intelligemment utilisée pour arborer encore mieux sa profession de foi démocratique; une occasion en or pour se défaire du double langage qu'on lui a toujours reproché.
De plus, il condamne ainsi le parti gagnant -- ayant profité à fond du vote utile au point de priver de sièges des alliés pourtant bien méritants -- à s'aligner sur la ligne démocratique incarnée par le parti islamiste subitement transfiguré en parangon de la démocratie apaisée.
Car le parti vainqueur ne peut snober le tour de charme que joue son dauphin, sauf à paraître mauvais joueur, rejetant le consensus auquel il appelait hier.
Bien pis, n'étant pas un parti homogène, les courants qui le traversent étant de nature à ruiner sa façade unitaire, il court le risque de faire éclater son unité plutôt que prévu s'il ne choisit pas de conclure une alliance avec Ennahdha.
Coming out démocratique.
On a dit que ces élections étaient le choix d'un programme moderniste contre un autre obscurantiste, ce qui n'est pas tout à fait vrai. En effet, le projet obscurantiste a cessé d'être revendiqué par Ennahdha depuis son acceptation forcée de sortir du pouvoir.
Dès lors, bien conseillé par son mentor américain (ainsi, c'est une agence d'outre-Atlantique qui l'a conseillé durant sa campagne électorale), le parti de Rached Ghannouchi a tout entrepris pour lisser son image, osant faire enfin une sorte de coming out démocratique.
Il faut dire qu'il n'avait pas trop le choix, sinon il perdait son seul et précieux soutien, le chef de file du monde occidental.
En effet, si les États-Unis ont durement sermonné leur protégé et sérieusement revu à la baisse les largesses qu'ils lui accordaient auparavant, n'ayant pas renoncé à jouer la carte islamiste. C'est qu'ils veulent toujours transformer la sorcière en fée dans une Tunisie devenue laboratoire par excellence de l'islam politique. À la faveur de ces élections législatives, ils sont en passe de réussir leur coup.
Retour de l'islam politique !
C'est en cela qu'on peut affirmer que c'est la loi américaine (lex americana) qui a bel et bien triomphé ce 26 octobre.
La stratégie développée en Tunisie depuis le Coup du peuple, la révolution du jasmin qui avait déjà bénéficié de leur feu vert, continue à l'être malgré de graves moments d'incertitude et une sérieuse correction imposée à la vision des choses par les islamistes tunisiens.
Il y a eu pour y arriver le lourd bilan de la troïka, certes, mais aussi les événements du pays du Nil et les horreurs de Daech. Aussi, Ennahdha a dû choisir son maintien sur la scène politique en adoptant profil bas ou une disparition ignominieuse.
Le prix à payer était sa conversion à la démocratie. Comme le parti a su montrer assez de souplesse, lors de l'adoption de la constitution, pour plier son idéologie aux nécessités imposées par les réalités sociologiques et culturelles du pays, il lui a suffi de continuer sur cette lancée, maintenir l'effort et ne pas se retenir du bon élan.
Aider l'islam à se renouveler
C'est le défi du lendemain des élections en Tunisie : comment faire que cet islam politique s'affichant enfin et affirmant sa conversion démocratique le soit dans les faits et non seulement en parole ?
Tout simplement en prenant Ennhadha au mot et en l'impliquant dans une coalition où la priorité ne sera pas seulement économique ou politique, mais d'abord culturelle et sociale. Car aider l'islam à se renouveler, c'est faire évoluer la société vers plus de libertés et donc consolider la démocratie
Surtout, il doit l'impliquer dans la réforme de la lecture de l'islam au travers de la concrétisation du concept d'État civil. Cela passe par la mise en oeuvre des acquis de la Constitution impliquant notamment l'abolition de toutes les lois d'exclusion qui sont faussement supposées d'inspiration islamique.
Ennahdha pourrait ainsi y apporter en gage de fidélité son soutien en vue de l'élection dès le premier tour de M. Caïd Essebsi.
Certes, cela sera trop dur à faire accepter à tous les adhérents nahdhaouis, mais la parade serait déjà toute prête, consistant à conseiller aux plus récalcitrants une abstention ou un vote blanc. Et cela pour l'intérêt de la patrie.
Or, sur ce registre, cheikh Ghannouchi est passé maître. De plus, il n'est jamais plus inspiré que quand il sait que sa prestation est de nature à lui valoir des louanges outre-Atlantique. Or, la loi américaine suppose un tel scénario.
Il restera à savoir si, sur un tel registre des libertés, notamment celui des moeurs, les libéraux le sont vraiment, s'ils n'ont pas eux aussi leur propre dogmatisme. Ce sera à suivre dans la nouvelle démocratie tunisienne.
De fait, s'il y a eu défaite, c'est bien des petits partis de la troïka, usés par le pouvoir, mais aussi vampirisés par Ennahdha qui, lui, est sorti du pouvoir quasiment indemne.
Qui perd gagne
En effet, qu'on veuille le croire ou non, le grand gagnant des élections tunisiennes est bien le parti d'Ennahdha.
Déjà, il n'a pas été sanctionné par les urnes, gardant une confortable seconde place. Ensuite, sa défaite relative est intelligemment utilisée pour arborer encore mieux sa profession de foi démocratique; une occasion en or pour se défaire du double langage qu'on lui a toujours reproché.
De plus, il condamne ainsi le parti gagnant -- ayant profité à fond du vote utile au point de priver de sièges des alliés pourtant bien méritants -- à s'aligner sur la ligne démocratique incarnée par le parti islamiste subitement transfiguré en parangon de la démocratie apaisée.
Car le parti vainqueur ne peut snober le tour de charme que joue son dauphin, sauf à paraître mauvais joueur, rejetant le consensus auquel il appelait hier.
Bien pis, n'étant pas un parti homogène, les courants qui le traversent étant de nature à ruiner sa façade unitaire, il court le risque de faire éclater son unité plutôt que prévu s'il ne choisit pas de conclure une alliance avec Ennahdha.
Coming out démocratique.
On a dit que ces élections étaient le choix d'un programme moderniste contre un autre obscurantiste, ce qui n'est pas tout à fait vrai. En effet, le projet obscurantiste a cessé d'être revendiqué par Ennahdha depuis son acceptation forcée de sortir du pouvoir.
Dès lors, bien conseillé par son mentor américain (ainsi, c'est une agence d'outre-Atlantique qui l'a conseillé durant sa campagne électorale), le parti de Rached Ghannouchi a tout entrepris pour lisser son image, osant faire enfin une sorte de coming out démocratique.
Il faut dire qu'il n'avait pas trop le choix, sinon il perdait son seul et précieux soutien, le chef de file du monde occidental.
En effet, si les États-Unis ont durement sermonné leur protégé et sérieusement revu à la baisse les largesses qu'ils lui accordaient auparavant, n'ayant pas renoncé à jouer la carte islamiste. C'est qu'ils veulent toujours transformer la sorcière en fée dans une Tunisie devenue laboratoire par excellence de l'islam politique. À la faveur de ces élections législatives, ils sont en passe de réussir leur coup.
Retour de l'islam politique !
C'est en cela qu'on peut affirmer que c'est la loi américaine (lex americana) qui a bel et bien triomphé ce 26 octobre.
La stratégie développée en Tunisie depuis le Coup du peuple, la révolution du jasmin qui avait déjà bénéficié de leur feu vert, continue à l'être malgré de graves moments d'incertitude et une sérieuse correction imposée à la vision des choses par les islamistes tunisiens.
Il y a eu pour y arriver le lourd bilan de la troïka, certes, mais aussi les événements du pays du Nil et les horreurs de Daech. Aussi, Ennahdha a dû choisir son maintien sur la scène politique en adoptant profil bas ou une disparition ignominieuse.
Le prix à payer était sa conversion à la démocratie. Comme le parti a su montrer assez de souplesse, lors de l'adoption de la constitution, pour plier son idéologie aux nécessités imposées par les réalités sociologiques et culturelles du pays, il lui a suffi de continuer sur cette lancée, maintenir l'effort et ne pas se retenir du bon élan.
Aider l'islam à se renouveler
C'est le défi du lendemain des élections en Tunisie : comment faire que cet islam politique s'affichant enfin et affirmant sa conversion démocratique le soit dans les faits et non seulement en parole ?
Tout simplement en prenant Ennhadha au mot et en l'impliquant dans une coalition où la priorité ne sera pas seulement économique ou politique, mais d'abord culturelle et sociale. Car aider l'islam à se renouveler, c'est faire évoluer la société vers plus de libertés et donc consolider la démocratie
Le parti de M. Caïd Essebsi a intérêt à mettre Ennahdha dans l'obligation de confirmer ses bonnes résolutions en l'impliquant dans un gouvernement dont les priorités urgentes seront la réforme de l'arsenal juridique liberticide.
Surtout, il doit l'impliquer dans la réforme de la lecture de l'islam au travers de la concrétisation du concept d'État civil. Cela passe par la mise en oeuvre des acquis de la Constitution impliquant notamment l'abolition de toutes les lois d'exclusion qui sont faussement supposées d'inspiration islamique.
Outre de fonder une véritable nouvelle République, une telle alliance -- qui serait à juste titre historique -- doit pouvoir se conclure à la veille de la prochaine élection présidentielle.
Ennahdha pourrait ainsi y apporter en gage de fidélité son soutien en vue de l'élection dès le premier tour de M. Caïd Essebsi.
Certes, cela sera trop dur à faire accepter à tous les adhérents nahdhaouis, mais la parade serait déjà toute prête, consistant à conseiller aux plus récalcitrants une abstention ou un vote blanc. Et cela pour l'intérêt de la patrie.
Or, sur ce registre, cheikh Ghannouchi est passé maître. De plus, il n'est jamais plus inspiré que quand il sait que sa prestation est de nature à lui valoir des louanges outre-Atlantique. Or, la loi américaine suppose un tel scénario.
Il restera à savoir si, sur un tel registre des libertés, notamment celui des moeurs, les libéraux le sont vraiment, s'ils n'ont pas eux aussi leur propre dogmatisme. Ce sera à suivre dans la nouvelle démocratie tunisienne.
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