Du doigt, Abou Mohammed pointe ses oliviers couverts de fruits. Cette année encore, ce Palestinien de 70 ans ne pourra pas récolter car entre lui et ses arbres se dresse une colonie israélienne.
Les agressions d'agriculteurs, les arrachages d'arbres et les incendies de terres agricoles sont devenus le quotidien des 1.400 habitants d'Al-Janiya depuis l'installation de six colonies autour de ce village de Cisjordanie occupée, raconte Abou Mohammed.
Il a revu pour la première fois cette année des terres auxquelles il n'avait pas accès depuis l'année 2000. Lui et les autres agriculteurs du village n'ont pu que constater impuissants que 400 oliviers, certains millénaires, avaient été arrachés. Depuis le début de l'année, selon l'ONU, au moins 7.500 arbres ont été abîmés ou arrachés.
Un agriculteur palestinien regarde ses champs d'oliviers près du village de Al-Janiya où se sont installés des colonies israéliennes, le 28 octobre 2014
Un peu plus loin, les terres sont désormais cultivées par des colons. "C'est mon père qui les a plantées graine par graine et moi, j'y ai laissé toute ma sueur", répète-t-il, le visage ceint du foulard traditionnel blanc des paysans palestiniens.
"Maintenant, c'est ma terre"
Il est loin d'être un cas isolé, déplore Arik Ascherman, président de Rabbins pour les droits de l'Homme. Pour lui, le plus grand danger en Cisjordanie occupée, c'est que l'exception devienne la règle.
Depuis 1967, 135 colonies se sont installées en Cisjordanie, ainsi qu'une centaine de "colonies sauvages", illégales, dit l'ONU. Près de 380.000 colons y vivent selon l'ONU, trois fois plus qu'il y a 20 ans.
S'en prendre aux olives, c'est menacer un secteur vital. Elles représentent la moitié des terres palestiniennes cultivées, note James Rawley, coordinateur des opérations humanitaires de l'ONU. Entre l'huile et les fruits, les Palestiniens tirent des oliviers un quart de leurs revenus agricoles, ajoute-t-il. Cent mille foyers en tirent leur subsistance.
Un agriculteur palestinien explique aux envoyés des Nations Unies et défenseurs des droits palestiniens les restrictions d'accès aux champs d'oliviers, près du village d'Al-Janiya, le 28 octobre 2014
Le secteur est chaque année un peu plus menacé par l'expansion de la colonisation israélienne, illégale aux yeux de la communauté internationale, et par le mur de séparation construit par Israël. 30% des terres des Palestiniens se trouvent désormais du mauvais côté de la barrière qui court à travers la Cisjordanie, dit l'ONU.
C'est à cause du mur qu'Ahmed Dewan, agriculteur à Biddou, à l'est de Ramallah, a "raté la saison du raisin, puis celle des amandes, des pommes et même des feuilles de vigne, l'emblème de la nourriture palestinienne", dit-il. Maintenant qu'a commencé celle des olives, c'est sans grand espoir qu'il charge chaque matin sa voiture de ses outils agricoles.
"On n'a eu le droit d'accéder à nos oliveraies que deux jours cette année. On ne peut ni entretenir les arbres, ni récolter en deux jours!", lâche-t-il.
Agressions en hausse
Ceux qui arrivent à gagner leurs terres, en profitant de maigres ouvertures concédées par les Israéliens, 37 jours depuis le début de l'année, selon l'ONU, s'exposent à des agressions de plus en plus violentes de la part de colons, souvent armés et radicaux.
Abou Mohammed est l'un d'eux. "50 colons ont débarqué. On était quatre agriculteurs, des gens de mon âge et plus. On n'a pas fait le poids. Finalement, ce sont les soldats israéliens qui nous ont évacués pour nous protéger des colons", raconte-t-il.
Ces violences "rendent dépendants de l'aide internationale des villages entiers qui étaient auto-suffisants depuis 1948", dénonce l'ONU.
Dans les familles, on était cultivateurs de père en fils. Mais fatigués des violences et de récoltes qui ne rapportent rien, les enfants d'Ahmed Dewan comme ceux d'Abou Mohammed ont préféré trouver d'autres métiers.
"L'agriculture, c'est fini maintenant. Les jeunes ne veulent plus travailler la terre, ils ont peur de finir tués par des colons", dit, amer, Abou Mohammed.
Les agressions d'agriculteurs, les arrachages d'arbres et les incendies de terres agricoles sont devenus le quotidien des 1.400 habitants d'Al-Janiya depuis l'installation de six colonies autour de ce village de Cisjordanie occupée, raconte Abou Mohammed.
La saison des olives, moment crucial de la vie en Palestine, a commencé début octobre. Chaque jour, Abou Mohammed tente d'accéder à ses 30 hectares d'oliveraies. A chaque fois, c'est le même dialogue de sourds: "Le soldat israélien me dit: tu ne peux pas entrer, c'est une zone militaire, je réponds: c'est ma terre, mais il m'empêche quand même d'entrer".
Il a revu pour la première fois cette année des terres auxquelles il n'avait pas accès depuis l'année 2000. Lui et les autres agriculteurs du village n'ont pu que constater impuissants que 400 oliviers, certains millénaires, avaient été arrachés. Depuis le début de l'année, selon l'ONU, au moins 7.500 arbres ont été abîmés ou arrachés.
Un peu plus loin, les terres sont désormais cultivées par des colons. "C'est mon père qui les a plantées graine par graine et moi, j'y ai laissé toute ma sueur", répète-t-il, le visage ceint du foulard traditionnel blanc des paysans palestiniens.
"Maintenant, c'est ma terre"
Il est loin d'être un cas isolé, déplore Arik Ascherman, président de Rabbins pour les droits de l'Homme. Pour lui, le plus grand danger en Cisjordanie occupée, c'est que l'exception devienne la règle.
"On commence par empêcher les Palestiniens d'accéder à leurs terres, puis on les cultive, puis on dit: maintenant, c'est ma terre", lance ce rabbin. Et la justice israélienne "ne donne jamais raison aux Palestiniens", dit le chef du conseil municipal d'Al-Janiya Nader Youssef.
Depuis 1967, 135 colonies se sont installées en Cisjordanie, ainsi qu'une centaine de "colonies sauvages", illégales, dit l'ONU. Près de 380.000 colons y vivent selon l'ONU, trois fois plus qu'il y a 20 ans.
S'en prendre aux olives, c'est menacer un secteur vital. Elles représentent la moitié des terres palestiniennes cultivées, note James Rawley, coordinateur des opérations humanitaires de l'ONU. Entre l'huile et les fruits, les Palestiniens tirent des oliviers un quart de leurs revenus agricoles, ajoute-t-il. Cent mille foyers en tirent leur subsistance.
Le secteur est chaque année un peu plus menacé par l'expansion de la colonisation israélienne, illégale aux yeux de la communauté internationale, et par le mur de séparation construit par Israël. 30% des terres des Palestiniens se trouvent désormais du mauvais côté de la barrière qui court à travers la Cisjordanie, dit l'ONU.
C'est à cause du mur qu'Ahmed Dewan, agriculteur à Biddou, à l'est de Ramallah, a "raté la saison du raisin, puis celle des amandes, des pommes et même des feuilles de vigne, l'emblème de la nourriture palestinienne", dit-il. Maintenant qu'a commencé celle des olives, c'est sans grand espoir qu'il charge chaque matin sa voiture de ses outils agricoles.
"On n'a eu le droit d'accéder à nos oliveraies que deux jours cette année. On ne peut ni entretenir les arbres, ni récolter en deux jours!", lâche-t-il.
Agressions en hausse
Ceux qui arrivent à gagner leurs terres, en profitant de maigres ouvertures concédées par les Israéliens, 37 jours depuis le début de l'année, selon l'ONU, s'exposent à des agressions de plus en plus violentes de la part de colons, souvent armés et radicaux.
En 2012, 71 attaques ont été recensées et 115 agriculteurs blessés. Avant le début de la saison des olives, l'ONU décomptait 88 agressions et 142 blessés cette année.
Abou Mohammed est l'un d'eux. "50 colons ont débarqué. On était quatre agriculteurs, des gens de mon âge et plus. On n'a pas fait le poids. Finalement, ce sont les soldats israéliens qui nous ont évacués pour nous protéger des colons", raconte-t-il.
Ces violences "rendent dépendants de l'aide internationale des villages entiers qui étaient auto-suffisants depuis 1948", dénonce l'ONU.
Dans les familles, on était cultivateurs de père en fils. Mais fatigués des violences et de récoltes qui ne rapportent rien, les enfants d'Ahmed Dewan comme ceux d'Abou Mohammed ont préféré trouver d'autres métiers.
"L'agriculture, c'est fini maintenant. Les jeunes ne veulent plus travailler la terre, ils ont peur de finir tués par des colons", dit, amer, Abou Mohammed.
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