Le 11 novembre 2004, à 3h30 du matin, Yasser Arafat décède à l'Hôpital d'Instruction des Armées Percy de Clamart (Hauts-de-Seine), d'une « hémorragie cérébrale ». Mais les médecins qui se sont succédé pendant 15 jours au chevet du leader palestinien sont incapables d'avancer la moindre explication sur sa mort.
Dans le rapport d'hospitalisation signé le 18 novembre 2004, ils reconnaissent que "la consultation d'un grand nombre d'experts, de spécialistes multiples, et les résultats des examens réalisés n'ont pas permis de retenir un cadre nosologique expliquant l'association des symptômes."
Souha Arafat a beau lancer publiquement -déjà !- l'accusation d'un empoisonnement de son mari, personne ne l'entend. Le dossier est aussitôt refermé. Il n'y aura pas d'autopsie. Et aucune ouverture d'enquête judiciaire.
Pendant 7 ans, l'Affaire Arafat n'existe pas. Silence radio de l'Autorité palestinienne, israélienne, du gouvernement français et de la famille Arafat. Jusqu'au jour où le journaliste américain Clayton Swisher, travaillant pour la chaîne Al-Jazeera va trouver Souha et la persuade de demander des expertises. Et de déposer plainte contre X pour obtenir l'exhumation du corps de son mari. Après de longues tergiversations, les prélèvements auront finalement lieu dans la nuit du 26 au 27 novembre 2012, à Ramallah, où les scientifiques travaillent dans la tombe du Raïs, à 4 mètres de profondeur.
Mais les analyses des échantillons prélevés par les experts suisses, français et russes vont diverger. Les premiers détectent la présence de fortes quantités de 'Polonium 210' sur certains os et affirment qu'on peut « raisonnablement » conclure à un empoisonnement du leader palestinien. Les seconds et les troisièmes, tout en confirmant la détection d'un produit hautement radioactif sur les os et les tissus du Raïs, écartent d'un revers de blouse, toute hypothèse autre que celle de la mort naturelle d'un homme âgé de 75 ans, usé et et cabossé par les épreuves de la vie...
Il y a quelques mois, les juges de Nanterre chargés d'instruire la plainte déposée par la veuve Arafat ont demandé aux experts français un « complément d'information » concernant leurs méthodes de travail et les caractéristiques radioactives du Polonium 210 découvert à doses plus ou moins importantes dans les prélèvements effectués en novembre 2012. On a pu croire un moment que les conclusions des magistrats français allaient évoluer et se rapprocher des hypothèses émises par les scientifiques suisses de l'Institut de Radiophysique de Lausanne. Mais grâce au témoignage exclusif du juge Jacques Gazeaux publié dans « L'Affaire Arafat », on comprend que l'enquête française s'apprête à confirmer la thèse d'une mort naturelle du leader palestinien : « avec toutes les bombes qu'il a pris sur la figure durant sa longue vie de combattant, confie le magistrat, on devine sans peine que l'homme était épuisé et que son organisme était en bout de course » (entretien avec l'auteur, le 16 septembre 2014).
Le problème est que cette intuition du vice-président du Tribunal de Nanterre va à l'encontre des observations collectées dans le dossier médical de Yasser Arafat et du rapport d'hospitalisation de son séjour à Percy-Clamart, publié intégralement en « document » dans l'ouvrage. On y lit que le malade a été victime, dans ses derniers jours, d'une « défaillance polyviscérale avec atteinte hépatique et rénale ». Traduction de ce syndrome par certains dictionnaires spécialisés comme le Larousse Médical : il s'agit d'une « violente agression initiale, infectieuse, traumatique ou chirurgicale » dont l'évolution « conduit à la mort en deux mois maximum ». Nous sommes très loin d'un décès dû à une simple « grande fatigue ». D'ailleurs, les 4 médecins de renom -deux généralistes, un rhumatologie et un infectiologue- qui s'expriment dans le dernier chapitre du livre confirment que le « tableau clinique » des derniers jours du leader palestinien ne ressemble pas à celui d'un homme emporté par la vieillesse (75 ans).
Si les conclusions des magistrats de Nanterre vont dans le sens que laisse entrevoir le juge Gazeaux, et si elles s'obstinent à écarter de manière catégorique toute hypothèse d'empoisonnement, comme l'avaient fait les médecins militaires de Percy en novembre 2004, non seulement les autorités françaises vont tourner le dos à toute démarche scientifique empirique et impartiale, mais elles risquent aussi de perpétuer un mensonge d'Etat au regard de l'Histoire et de la vérité tant attendue, 10 ans après l'étrange disparition du Président Yasser Arafat.
Dans le rapport d'hospitalisation signé le 18 novembre 2004, ils reconnaissent que "la consultation d'un grand nombre d'experts, de spécialistes multiples, et les résultats des examens réalisés n'ont pas permis de retenir un cadre nosologique expliquant l'association des symptômes."
Souha Arafat a beau lancer publiquement -déjà !- l'accusation d'un empoisonnement de son mari, personne ne l'entend. Le dossier est aussitôt refermé. Il n'y aura pas d'autopsie. Et aucune ouverture d'enquête judiciaire.
Pendant 7 ans, l'Affaire Arafat n'existe pas. Silence radio de l'Autorité palestinienne, israélienne, du gouvernement français et de la famille Arafat. Jusqu'au jour où le journaliste américain Clayton Swisher, travaillant pour la chaîne Al-Jazeera va trouver Souha et la persuade de demander des expertises. Et de déposer plainte contre X pour obtenir l'exhumation du corps de son mari. Après de longues tergiversations, les prélèvements auront finalement lieu dans la nuit du 26 au 27 novembre 2012, à Ramallah, où les scientifiques travaillent dans la tombe du Raïs, à 4 mètres de profondeur.
Emmanuel Faux est l'auteur de L'affaire Arafat L'étrange mort du leader palestinien, paru le 5 novembre aux Éditions l'Archipel. 240 pages
Mais les analyses des échantillons prélevés par les experts suisses, français et russes vont diverger. Les premiers détectent la présence de fortes quantités de 'Polonium 210' sur certains os et affirment qu'on peut « raisonnablement » conclure à un empoisonnement du leader palestinien. Les seconds et les troisièmes, tout en confirmant la détection d'un produit hautement radioactif sur les os et les tissus du Raïs, écartent d'un revers de blouse, toute hypothèse autre que celle de la mort naturelle d'un homme âgé de 75 ans, usé et et cabossé par les épreuves de la vie...
Il y a quelques mois, les juges de Nanterre chargés d'instruire la plainte déposée par la veuve Arafat ont demandé aux experts français un « complément d'information » concernant leurs méthodes de travail et les caractéristiques radioactives du Polonium 210 découvert à doses plus ou moins importantes dans les prélèvements effectués en novembre 2012. On a pu croire un moment que les conclusions des magistrats français allaient évoluer et se rapprocher des hypothèses émises par les scientifiques suisses de l'Institut de Radiophysique de Lausanne. Mais grâce au témoignage exclusif du juge Jacques Gazeaux publié dans « L'Affaire Arafat », on comprend que l'enquête française s'apprête à confirmer la thèse d'une mort naturelle du leader palestinien : « avec toutes les bombes qu'il a pris sur la figure durant sa longue vie de combattant, confie le magistrat, on devine sans peine que l'homme était épuisé et que son organisme était en bout de course » (entretien avec l'auteur, le 16 septembre 2014).
Le problème est que cette intuition du vice-président du Tribunal de Nanterre va à l'encontre des observations collectées dans le dossier médical de Yasser Arafat et du rapport d'hospitalisation de son séjour à Percy-Clamart, publié intégralement en « document » dans l'ouvrage. On y lit que le malade a été victime, dans ses derniers jours, d'une « défaillance polyviscérale avec atteinte hépatique et rénale ». Traduction de ce syndrome par certains dictionnaires spécialisés comme le Larousse Médical : il s'agit d'une « violente agression initiale, infectieuse, traumatique ou chirurgicale » dont l'évolution « conduit à la mort en deux mois maximum ». Nous sommes très loin d'un décès dû à une simple « grande fatigue ». D'ailleurs, les 4 médecins de renom -deux généralistes, un rhumatologie et un infectiologue- qui s'expriment dans le dernier chapitre du livre confirment que le « tableau clinique » des derniers jours du leader palestinien ne ressemble pas à celui d'un homme emporté par la vieillesse (75 ans).
Si les conclusions des magistrats de Nanterre vont dans le sens que laisse entrevoir le juge Gazeaux, et si elles s'obstinent à écarter de manière catégorique toute hypothèse d'empoisonnement, comme l'avaient fait les médecins militaires de Percy en novembre 2004, non seulement les autorités françaises vont tourner le dos à toute démarche scientifique empirique et impartiale, mais elles risquent aussi de perpétuer un mensonge d'Etat au regard de l'Histoire et de la vérité tant attendue, 10 ans après l'étrange disparition du Président Yasser Arafat.
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