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Cérès a 50 ans: 1961. Bourguiba et de Gaulle: Le Sommet de Rambouillet (PHOTO 25/50)

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La rencontre entre les deux chefs d’Etat devait traiter des dossiers restés en suspens: L’Algérie, la frontière sud de la Tunisie, la base de Bizerte et les terres appartenant aux colons.

Bourguiba avait réclamé pour la Tunisie sa part des gisements pétroliers du Sahara, arguant du fait que cette partie était d’abord le fruit des conquêtes françaises et non pas des terres algériennes qu’il faudrait un jour restituer. Il avait aussi demandé que la France mette fin à sa présence militaire en Tunisie.

Sur la question du Sahara, de Gaulle est resté intraitable: Non c'était exclu, tous les pays limitrophes réclameraient alors leur part. En réalité, de Gaulle envisageait l'exploitation du pétrole par la France laquelle n’avait pas intérêt à multiplier le nombre de vis-à-vis.

De Gaulle avait aussi promis d’évacuer Bizerte dès que la France se serait dotée de l’arme atomique, rendant moins stratégique une présence militaire en Tunisie, "dans un an", avait-il dit.

Au château de Rambouillet, Bourguiba ne cacha pas sa fierté d'être reçu par le général et s'était alors promis de se contrôler: "Avec cet éléphant [De Gaulle], il faut que nous nous obligions à rester calmes!"

Deux raisons pourtant vont pousser Bourguiba à déclencher une guerre à Bizerte: Une France affaiblie en train de négocier avec les indépendantistes algériens et l’ascendant de Nasser sur une frange non négligeable de la population tunisienne.

Mais Bourguiba n'avait pas mesuré qu’il avait affaire à un général.

Sur un ton arrogant le New York Herald Tribune commente: "Bourguiba n'est pas Hannibal, il ferait mieux de désarmer ses éléphants."

La guerre de Bizerte durera un peu moins de trois jours et coûtera la vie à quelques milliers de Tunisiens et à 27 français.

En réalité, la rencontre historique entre les deux hommes, entre deux destins, n'était pas envisageable. Deux fortes personnalités à l'ego démesuré ne pouvaient que s’affronter.

Bourguiba n’aimait pas l’homme froid venu du Nord de la France, le saint-cyrien de culture maurassienne, le "putschiste" qui s’était emparé de la République, ce Français du XIXe voire du XVIIe siècle comme il le qualifia.

Il se sentait peu concerné par les exploits personnels de l’homme du 18 juin 1940.

S’il avait été l’un des rares destouriens à appeler à soutenir les Alliés, il n’apprécia guère les positions de De Gaulle à l’égard des colonies au lendemain de la Seconde Guerre mondiale

De son côté, de Gaulle trouva que Bourguiba était particulièrement représentatif des gens du midi, "ce n’est pas un sot", disait-il.

"Né un peu plus au Nord, il aurait été le maire de Marseille", confia-t-il à Malraux. Mais il n’hésita pas à le qualifier de "marchand de tapis", le jour où il apprit que Bourguiba était allé rapporter aux Américains le contenu de leurs entretiens à Rambouillet.

Il dira pourtant dans ses mémoires: "J'ai devant moi un lutteur, un politique, un chef d'État, dont l'envergure et l'ambition dépassent la dimension de son pays."

Malgré la pression populaire suite à la guerre de Bizerte et la rupture des relations entre Tunis et Paris, Bourguiba avait refusé de débaptiser la rue Charles-De-Gaulle perpendiculaire à l'avenue de France. Il lui suffisait d'avoir nommé Place de l'Indépendance le square séparant la cathédrale Saint-Vincent-de-Paul de l'ambassade de France.



ceres

Photographie extraite du livre publié aux éditions Cérès : "Notre Histoire", de Habib Bourguiba Jr. & Mohamed Kerrou.


50 ans, 50 photos, en partenariat avec Cérès.





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