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Tabaré Vazquez élu président de l'Uruguay pour la seconde fois

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INTERNATIONAL - Tabaré Vazquez a largement remporté dimanche le second tour des élections présidentielles en Uruguay, revenant au pouvoir après avoir été le premier dirigeant de gauche du pays, mais avec un regard critique sur la récente légalisation du cannabis.

Ce cancérologue de 74 ans, qui avait présidé le petit pays latinoaméricain de 2005 à 2010, aurait obtenu 53 à 53,9% selon les différents instituts de sondage, contre 40,6 à 42% pour son opposant du Parti national (centre-droit), Luis Lacalle Pou, 41 ans.

"Il y a quelques minutes j'ai appelé M. Tabaré Vazquez pour le féliciter de son triomphe légitime dans ces élections", a déclaré le jeune député, fils d'un ancien président, depuis son QG de campagne.


Le président élu a lui plaidé pour un accord national en matière de sécurité et d'éducation, deux thèmes-clés de la campagne : "en matière de développement économique et social, ce qui est authentique et durable est le fruit de travaux en commun", a-t-il lancé devant ses sympathisants euphoriques.

"Cela implique des dialogues et des accords entre tous les secteurs et dans tous les domaines de société, sur les thèmes essentiels pour le pays", a-t-il ajouté.

Tabaré Vazquez prendra ses fonctions le 1er mars prochain, assurant à la coalition de gauche du Frente Amplio (FA) un troisième mandat consécutif.

Il aura la lourde tâche de succéder, avec un style plus classique, à José Mujica, dit "Pepe", coqueluche des médias internationaux pour son franc-parler contre la société de consommation et son mode de vie humble.

Et il devra faire face, d'une part, au ralentissement économique qui touche la région et, d'autre part, à ses propres réticences vis-à-vis de la loi-phare de José Mujica, légalisant depuis décembre 2013 la marijuana sous contrôle de l'Etat.

Car, pendant ses cinq ans au pouvoir, Mujica a fait adopter des lois très progressistes pour l'Amérique latine comme la légalisation de l'avortement, du mariage homosexuel et du cannabis, sujets sur lesquels Tabaré Vazquez n'a pas toujours été d'accord, opposant notamment son véto à la loi sur l'avortement.


Cancérologue n'ayant jamais cessé d'exercer, même quand il était président, Tabaré Vazquez s'était illustré pendant son premier mandat par de très sévères lois anti-tabac, qui avaient valu au pays un procès du fabricant de cigarettes Philip Morris.

Une embellie qui s'essouffle

Il déconseille fortement la consommation du cannabis, jugeant "incroyable" sa possible vente en pharmacie, prévue dans la loi, et a déjà assuré qu'il mettrait en place "une évaluation stricte de l'impact de cette loi sur la société".


Mais il ne devrait pas revenir sur cette loi pionnière dans le monde, se contentant d'éventuelles modifications, car la légalisation du cannabis était inscrite au programme du Frente Amplio.

Il héritera en revanche de sa difficile mise en application, avec notamment la mise en place d'un fichier d'utilisateurs qui est rejetée par ces derniers, craignant ce qu'il adviendra de ce fichier en cas de changement de gouvernement.

Après avoir vécu, lors de son premier mandat, la pire crise économique du pays, en 2001-2002, ce qui l'avait incité à lancer un plan d'urgence sociale, Tabaré Vazquez revient au pouvoir alors que l'embellie semble justement s'essouffler.

Car si le pays affiche encore une bonne santé économique, avec un chômage faible, il faudra toutefois appliquer la rigueur: l'ensemble de la région ralentit et le pays affiche un déficit budgétaire et une inflation élevés.

Dans ce pays de 3,3 millions d'habitants où le vote est obligatoire sous peine d'amende, 2,6 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes, cinq semaines après le premier tour qui était associé à un scrutin législatif.


Les résultats du 26 octobre, où le Frente Amplio s'était assuré de garder sa majorité parlementaire, étaient particulièrement encourageants pour Tabaré Vazquez, qui avait recueilli 47,8% des suffrages, devant Lacalle Pou (30,9%).

En votant dimanche matin dans le quartier populaire de La Teja, dans l'ouest de Montevideo, Tabaré Vazquez avait déclaré dans un large sourire: "je ne veux pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué".

José Mujica s'était montré aussi très confiant: "je crois que le peuple uruguayen va prendre une décision qui est déjà annoncée par les sondages", avait-il assuré, en déposant son bulletin dans le quartier modeste du Cerro, dans l'ouest de la capitale.

LIRE AUSSI: Portrait du Président uruguayen José Mujica, "le plus pauvre des chefs d'État"


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