"L'islam contemporain n'est qu'une idéologie passéiste qui propose aux peuples auxquels il s'adresse un retour pur et simple au passé".
Saïd Bouamama
Une secte - ou "groupe coercitif" - est une mécanique d'individus qui rejettent la structure religieuse d'origine en vertu d'une "mission spéciale" dont ils se sentent les instigateurs exclusifs. Ces individus s'organisent autour d'une lecture négative de l'environnement social dans lequel ils évoluent et avec lequel ils peuvent entretenir des rapports conflictuels ou bien de rupture.
La secte transmet des niveaux de croyance et des valeurs de conduite qui auront la fonction de contrôle social et par lesquels elle tentera de corriger les croyances et les conduites jugées déviantes. Pour ce faire, l'organisation sectaire se dote d'une structure hiérarchique où "l'élite" tente de formater la masse de fidèles dans le but de lui créer une "nouvelle conscience" assujettie, persistante et occasionnellement encline à l'agressivité.
Contrairement au fonctionnement sectaire en vigueur, l'islamisme ne se définit pas comme un schisme, mais bien comme le digne représentant de l'islam et son dépositaire. C'est ce qui explique, entre autres, l'adhésion massive à ce mouvement et les difficultés à le classer comme une secte.
L'islamisme: Une secte religieuse
On entend par "islamisme" toute doctrine religieuse qui puise ses notions et ses représentations dans l'islam, mais qui se fonde en même temps sur une lecture purement idéologique des textes sacrés dans le but de l'appliquer en politique, de conditionner la société et d'abolir le droit à la pluralité.
Les "élus" islamistes se voient comme les héritiers du prophète et de ses compagnons. Ces archétypes quasiment divinisés cristallisent à eux seuls les espérances d'un monde musulman fragilisé, décadent et en perdition identitaire. L'islamisme se nourrit de ces formes de pathologies psychosociales et professe un discours qui tourne généralement autour de cinq axes.
La communauté, la promesse et le renoncement: La communauté des fidèles doit représenter un idéal social, la promesse de retrouver l'Eden perdu. Dans le cas de l'islamisme, il s'agit d'adhérer à une communauté musulmane prophétique et apostolique qui renoue avec sa pureté originelle. Aussi, les musulmans doivent renoncer à tout ce qui vient "parasiter" cette quête, à savoir le monde extérieur - ou l'Autre - "impie" qui tente de corrompre les fidèles avec sa façade moderniste.
La confiance: En représentant l'islam originel, l'islamisme réussit à avoir la confiance des fidèles. Face au retard économique, technologique et scientifique, la religion constitue l'unique objet de substitution pour l'ensemble des musulmans. La confiance s'établit donc rapidement entre la masse de fidèles et les "élus" qui détiennent les arguments de séduction: ils sont les fondateurs "éclairés" par qui les musulmans se réapproprierons leur "vraie" religion - tant détériorée par le modernisme - et atteindront le salut éternel.
Le dogmatisme: Compte tenu de ses fondements sacrés, la secte islamiste semble détenir la vérité absolue et s'emploie à diffuser des dogmes. Ces dogmes ne doivent pas être contestés, et même s'ils le sont, la réponse doit se trouver toujours au sein de la communauté et non dans le monde extérieur. Les fidèles vivent ainsi dans la certitude: celle de pratiquer le "vrai islam", d'être les croyants parfaits et de mériter, pour cela, le Paradis. Au-delà des faits scientifiques, historiques et archéologiques, l'islamisme réécrit l'histoire de la "meilleure communauté faite aux hommes": les ancêtres sont "les vertueux" et "les bien guidés". Quant aux "élus" d'aujourd'hui, ils sont leur incarnation.
L'isolement: Afin de s'assurer la loyauté des fidèles, la secte islamiste diabolise le monde extérieur et crée, de ce fait, un univers symboliquement confiné et culturellement autosuffisant. L'Autre est sournois, comploteur, pervers et plein de haine envers l'islam et sa communauté. La seule échappatoire possible reste l'agrippement à une identité cultuelle figée. Celle-ci ne se définit pas à travers la mise à jour des structures et des mentalités, mais à travers les représentations et les symboles, c'est-à-dire, à travers un islam folklorique, ostentatoire et dépourvu de son caractère intellectuel.
Le lavage de cerveau: L'absence d'alternative critique chez les fidèles résulte d'un bombardement massif de discours et d'images morbides et apocalyptiques. Critiquer les dogmes d'une manière rationnelle c'est désobéir à un Dieu souvent décrit comme vengeur et impitoyable. Les thèmes de la mort, de la torture et de l'enfer sont récurrents. Le fidèle est, de la sorte, plongé dans une contemplation mélancolique et médite jour et nuit sur son sort outre-tombe et dans l'au-delà. Du coup, toutes ses actions et ses attitudes sont évaluées selon la logique dualiste de la récompense et du châtiment divins.
A suivre: Islamisme, secte politique
Saïd Bouamama
A paraître prochainement: Islamisme, secte politique au pouvoir
Une secte - ou "groupe coercitif" - est une mécanique d'individus qui rejettent la structure religieuse d'origine en vertu d'une "mission spéciale" dont ils se sentent les instigateurs exclusifs. Ces individus s'organisent autour d'une lecture négative de l'environnement social dans lequel ils évoluent et avec lequel ils peuvent entretenir des rapports conflictuels ou bien de rupture.
La secte transmet des niveaux de croyance et des valeurs de conduite qui auront la fonction de contrôle social et par lesquels elle tentera de corriger les croyances et les conduites jugées déviantes. Pour ce faire, l'organisation sectaire se dote d'une structure hiérarchique où "l'élite" tente de formater la masse de fidèles dans le but de lui créer une "nouvelle conscience" assujettie, persistante et occasionnellement encline à l'agressivité.
Contrairement au fonctionnement sectaire en vigueur, l'islamisme ne se définit pas comme un schisme, mais bien comme le digne représentant de l'islam et son dépositaire. C'est ce qui explique, entre autres, l'adhésion massive à ce mouvement et les difficultés à le classer comme une secte.
L'islamisme: Une secte religieuse
On entend par "islamisme" toute doctrine religieuse qui puise ses notions et ses représentations dans l'islam, mais qui se fonde en même temps sur une lecture purement idéologique des textes sacrés dans le but de l'appliquer en politique, de conditionner la société et d'abolir le droit à la pluralité.
Les "élus" islamistes se voient comme les héritiers du prophète et de ses compagnons. Ces archétypes quasiment divinisés cristallisent à eux seuls les espérances d'un monde musulman fragilisé, décadent et en perdition identitaire. L'islamisme se nourrit de ces formes de pathologies psychosociales et professe un discours qui tourne généralement autour de cinq axes.
La communauté, la promesse et le renoncement: La communauté des fidèles doit représenter un idéal social, la promesse de retrouver l'Eden perdu. Dans le cas de l'islamisme, il s'agit d'adhérer à une communauté musulmane prophétique et apostolique qui renoue avec sa pureté originelle. Aussi, les musulmans doivent renoncer à tout ce qui vient "parasiter" cette quête, à savoir le monde extérieur - ou l'Autre - "impie" qui tente de corrompre les fidèles avec sa façade moderniste.
La confiance: En représentant l'islam originel, l'islamisme réussit à avoir la confiance des fidèles. Face au retard économique, technologique et scientifique, la religion constitue l'unique objet de substitution pour l'ensemble des musulmans. La confiance s'établit donc rapidement entre la masse de fidèles et les "élus" qui détiennent les arguments de séduction: ils sont les fondateurs "éclairés" par qui les musulmans se réapproprierons leur "vraie" religion - tant détériorée par le modernisme - et atteindront le salut éternel.
Le dogmatisme: Compte tenu de ses fondements sacrés, la secte islamiste semble détenir la vérité absolue et s'emploie à diffuser des dogmes. Ces dogmes ne doivent pas être contestés, et même s'ils le sont, la réponse doit se trouver toujours au sein de la communauté et non dans le monde extérieur. Les fidèles vivent ainsi dans la certitude: celle de pratiquer le "vrai islam", d'être les croyants parfaits et de mériter, pour cela, le Paradis. Au-delà des faits scientifiques, historiques et archéologiques, l'islamisme réécrit l'histoire de la "meilleure communauté faite aux hommes": les ancêtres sont "les vertueux" et "les bien guidés". Quant aux "élus" d'aujourd'hui, ils sont leur incarnation.
L'isolement: Afin de s'assurer la loyauté des fidèles, la secte islamiste diabolise le monde extérieur et crée, de ce fait, un univers symboliquement confiné et culturellement autosuffisant. L'Autre est sournois, comploteur, pervers et plein de haine envers l'islam et sa communauté. La seule échappatoire possible reste l'agrippement à une identité cultuelle figée. Celle-ci ne se définit pas à travers la mise à jour des structures et des mentalités, mais à travers les représentations et les symboles, c'est-à-dire, à travers un islam folklorique, ostentatoire et dépourvu de son caractère intellectuel.
Le lavage de cerveau: L'absence d'alternative critique chez les fidèles résulte d'un bombardement massif de discours et d'images morbides et apocalyptiques. Critiquer les dogmes d'une manière rationnelle c'est désobéir à un Dieu souvent décrit comme vengeur et impitoyable. Les thèmes de la mort, de la torture et de l'enfer sont récurrents. Le fidèle est, de la sorte, plongé dans une contemplation mélancolique et médite jour et nuit sur son sort outre-tombe et dans l'au-delà. Du coup, toutes ses actions et ses attitudes sont évaluées selon la logique dualiste de la récompense et du châtiment divins.
A suivre: Islamisme, secte politique
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