Quantcast
Channel: Huffington Post Maghreb Athena - All
Viewing all articles
Browse latest Browse all 32453

Trois ans de révolution égyptienne: Entre Frères musulmans et militaires, la troisième voie persiste

$
0
0
Onze jours séparent l'anniversaire de la révolution égyptienne de celui de la révolution tunisienne. Des années-lumières séparent ce qu'elles sont devenues. Malgré toutes ses tares, la Tunisie jeune de trois ans n'a rien à envier au pays des Pharaons.

Révolution, soulèvement, coup d'Etat: Les mots se sont battus pour se succéder. De loin, l'Egypte parait coupée en deux. D'un côté, les Frères musulmans. Chassés du pouvoir, ils renouent aujourd'hui avec des stratégies de survie. De l'autre, les "30 millions de personnes" du renversement de Morsi, les "98%" qui ont dit "oui" à la nouvelle Constitution.

Mais au milieu, ou quelque part dans un coin, une troisième voie persiste. De nombreux activistes, vieux de la vieille du pré-2011, combatte aujourd'hui le régime de Sissi comme ils ont combattu ceux de Morsi et de Moubarak. Pour la plupart emprisonnés, ils sont trop nombreux pour être présentés d'un coup de clavier. En voici un en guise de tous, pour comprendre.

L'éternel résistant

Alaa Abd El Fattah est emprisonné une première fois en 2006, alors qu'il était venu protester en soutien à des activistes poursuivis pour avoir "insulté le président". Co-fondateur avec sa femme du site agrégateur de blogs en arabes Manalaa.net, il est alors déjà une figure importante de la liberté d'expression. Il avait lancé une pétition sur Manalaa. Le titre?

"Nous, soussignés, insultons le président"

Pendant les 45 jours de sa détention, le hashtag twitter “#FreeAlaa” fera son apparition à la proue d'une campagne internationale appelant à sa libération. #FreeAlaa continuera à le suivre tout au long de ses séjours en prison.

Car il n'en reste pas là. A sa sortie, sa femme Manal Hussein annonce au quotidien britannique The Independent que "un retour en arrière n'est plus possible". Ils vont continuer.

Pendant cinq ans, Alaa ne cesse de militer. Il n'est pas en Egypte le 25 janvier 2011. L'hebdomadaire égyptien Al Ahram n'hésite pourtant pas à le qualifier de "synonyme" de la révolution. De retour quelques jours plus tard, il se battra contre les attaques à chameaux sur la place Tahrir, le 2 février. Plus tard, Alaa ne se reposera pas sur ses lauriers. Fin Octobre 2011, il est emprisonné pour incitation à la violence contre le régime militaire transitoire. Alaa n'aime pas les tribunaux militaires. Il refusera de leur parler, préférant demander dans une lettre: "Après une révolution qui a dégagé le tyran, je retourne dans sa prison?"

Alaa est libéré deux mois plus tard. Il a raté la naissance de son fils Khaled.

Il y a deux mois, Alaa est arrêté une troisième fois. Il protestait contre la nouvelle loi anti-protestation.

Alaa est toujours en prison. Il a écrit une lettre à sa femme et à sa soeur. En prison, dit-il, "on est même privé du droit de s'inquiéter, car le temps que je sois mis au courant du rhume de mon fils, il va déjà mieux".

Séculaire, Alaa met pourtant tout le monde sur un pied d'égalité. Il écrit:

"Avant-hier, certains ont affirmé qu'il fallait interdire les visites des femmes et des enfants afin d'empêcher les Frères musulmans de transmettre des ordres. Comme si le prisonnier n'était pas un être humain."


A l'instar de son sujet, #FreeAlaa ne s'est arrêté à aucune révolution. Pour sa dernière publication avant d'être arrêté en 2011, Alaa Abd El Fattah écrivait dans l'indépendant El Chourouk: "Quand le Conseil des Forces armées comprendra-t-il que beaucoup de révolutionnaires craignent plus leurs mères tendres et aimantes qu'ils ne craignent la mort ou la torture?". Soussigné.

Contre le régime, c'est contre le régime

Dans Orient XXI, Warda Mohamed écrit en novembre 2013: "En Égypte, les pouvoirs se succèdent, mais il y a une constante: la violence des autorités à l’égard des civils".

La nouvelle loi qui a fait enfermer Alaa il y a deux mois n'est pas particulièrement ambigüe. "En résumé, et sans caricaturer, on peut dire qu’il s’agit d’une interdiction pure et simple du droit de manifester", écrit Alain Gresh une semaine plus tard dans Le Monde diplomatique.

19 associations égyptiennes avaient signé une pétition condamnant la nouvelle loi qui, pour le correspondant du Guardian au Caire, allait "à court terme, particulièrement affecter les partisans de Morsi".

Il n'y a pas eu besoin de long terme pour que les autorités en profitent pour également réprimer les autres activistes.



Retrouvez les articles du HuffPost Maghreb sur notre page Facebook.

Viewing all articles
Browse latest Browse all 32453

Trending Articles



<script src="https://jsc.adskeeper.com/r/s/rssing.com.1596347.js" async> </script>