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Opposition "laïque"?

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"A lutter avec les mêmes armes que ton ennemi, tu deviendras comme lui".
Friedrich Nietzsche


En réponse à des accusations d'apostasie, un député de l'opposition "laïque" n'a pas hésité à clamer en pleine assemblée constituante: "Je suis musulman, mon père est musulman, mon grand-père est musulman, et le peuple tunisien est bien ancré dans son identité arabo-musulmane!".

Mais alors, de quelle opposition "laïque" parle- t-on dans les médias nationaux et internationaux? Quel genre de laïcité se défend contre ses détracteurs en insistant sur l'appartenance religieuse du peuple? L'opposition tunisienne est-elle toujours obligée de se justifier par rapport à sa foi et à ses croyances?

En Tunisie, force est de constater que l'étiquette de la "laïcité" crée un profond malaise chez la plupart des partis de l'opposition. Ces derniers préfèrent ne pas l'inclure dans leur programme et encore moins dans leur communication, de sorte à ne pas heurter la mentalité collective et à rivaliser avec des partis qui ont, de tout temps, fait de la religion leur label. Certes, les enjeux électoraux forcent l'opposition tunisienne à abandonner quelques-uns de ses principes et à emprunter du répertoire idéologique rival. Toutefois, se détourner de la laïcité n'est pas acte sans importance, c'est une énorme concession.

Bien que la Tunisie n'ait jamais été un pays ouvertement laïc, l'ouverture démocratique dont nous bénéficions depuis le 14 janvier aurait pu être un prétexte pour asseoir l'identité laïque de la "gauche". Au lieu de cela, la "gauche" se veut plus politicienne que politique et surfe sur la tendance du moment. On assista alors à des prières de rue devant le palais du Bardo et on se partageait, dans les réseaux sociaux, les photos des députés de l'opposition qui rompaient leur jeûne, histoire de déconstruire le stéréotype de la "gauche athée". Les deux camps entraient ainsi dans une surenchère effrénée et interminable: lequel est plus "musulman" que l'autre... comme si la foi était une affaire de show-off.

Pourtant, en s'hasardant à satisfaire l'électorat et en s'adonnant à de tels spectacles, l'opposition a fini par s'introduire dans le terrain de son adversaire politique, un terrain que celui-ci maîtrise à la perfection. Du coup, toutes les tentatives de l'opposition ont viré à l'échec: les préjugés n'ont pas disparu et la "gauche" tunisienne demeure toujours le synonyme de la subversion et du renversement des valeurs. En dépit de ses revers, l'opposition se cramponne encore au produit politique phare: la religion. Aux islamistes leurs porte-paroles religieux, à l'opposition les siens comme le "très modéré" Cheikh Farid Al Béji qui s'allie à la "gauche", mais qui affiche en même temps son soutien à la polygamie et à la charia.

A vrai dire, cet esprit du renoncement et ces incohérences témoignent de la fragilité de l'opposition. Son éparpillement, la lutte des égos en son sein et l'improvisation dont elle fait preuve ont eu raison de son pouvoir attractif dès le début. Aussi, au lieu de se rattraper au niveau stratégique et organisationnel, elle tente de se rattraper au niveau idéologique dans le but de voiler ses réelles déficiences. Or, l'électorat n'est pas dupe et les sondages parlent d'eux-mêmes: malgré le mécontentement général vis-à-vis du parti islamiste au pouvoir, sa popularité n'a pas autant dégringolé, contrairement à d'autres partis de l'opposition qui s'essoufflent à imiter sans jamais parvenir à un résultat satisfaisant.

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