Au Sud du Caire, la prison de Tora abrite de nombreux proches politiques de l'ancien président Mohamed Morsi.
Mardi 28 janvier, ils sont tous au tribunal pour être jugés aux côtés de leur chef. Trois autres prisonniers n'ont pas encore eu l'honneur d'un procès.
Les deux journalistes Abdullah Alshamy et Peter Greste ainsi que l'activiste Alaa Abd El Fattah ont récemment écrit des lettres depuis leurs cellules. Ils racontent la vie en prison et l'incompréhensible injustice.
16 détenus dans 12 m²
Il appelle sa cellule "le cimetière". La semaine dernière, Abdullah Alshamy a fait parvenir une lettre à sa famille. Il y décrit des conditions déplorables. "Nous sommes 16 à dormir dans un espace de 12 m²". Il est enfermé depuis plus de cinq mois et n'a toujours pas vu la couleur d'un chef d'accusation officiel.
Journaliste pour Al-Jazeera, il couvrait le 14 août le rassemblement des manifestants pro-Morsi sur la place Rabaa Al Awadhiya. Dans un contexte de répression du régime contre la chaîne qatari accusée de soutenir les Frères musulmans, il est arrêté pour "possession d'arme à feu" et pour "avoir tiré" sur des policiers.
Dans la même enceinte, Alaa Abd El Fattah ronge son frein depuis fin novembre. Activiste et bloggeur, opposant à Moubarak, Morsi puis Sissi, il raconte à ses soeurs que ses conditions d'emprisonnement sont "bonnes" mais que "l'oppression de l'âme est difficile".
Emprisonné pour s'être engagé contre la nouvelle loi anti-protestation, Alaa doit aujourd'hui faire face à deux chefs d'accusation. Il attend d'être jugé: "Le temps s'arrêtera pour moi et continuera pour vous", écrit-il.
Troisième des Usual Suspects, l'Australien Peter Greste, collègue de Abdullah Alshamy à Al Jazeera, ne parle pas de conditions d'incarcération. Il parle société. Peter Grete a été embarqué fin décembre - les autorités l'accusent de coopération avec les Frères musulmans et de soutien à leur propagande par la diffusion d'information partiale. Greste avait été envoyé en Egypte à peine trois semaines plus tôt.
Le "normal" s'est éloigné du juste milieu
Selon Greste, reporter expérimenté notamment dans les couvertures de conflits, la perception du "normal" égyptien a tant changé avec le régime que leur travail était soudain qualifié de "menaçant".
Alaa Abd El Fattah aussi fustige une justice politicienne."Ils ont décidés que nous devions être condamnés", écrit Alaa. "La révolution est dans un état si misérable qu'ils peuvent se le permettre".
Abdullah Alshamy affirme quant à lui n'appartenir à aucune "faction ou idéologie": "Je n'appartiens qu'à ma conscience et à mon humanité". Des principes qu'il estime piétinés par de nombreux journalistes égyptiens, ceux qui "faussent les faits et étouffent les violations des libertés et des médias".
Ils ne sont pas les seuls dans leur cas. De nombreux activistes et plusieurs journalistes partagent en ce moment le même destin sinon les mêmes murs.
Depuis leur incarcération, la Constitution portée par le régime militaire a été adoptée par référendum. L'article 71 y dispose que "aucune punition d'emprisonnement ne peut être imposée pour des crimes perpétrés par voie de publication". Pourtant, les journalistes accusés de propagande et de collusion attendent toujours leur procès derrière les barreaux.
"Les journalistes en eux-mêmes ne sont jamais censés devenir une information", affirme Peter Greste. Ils le sont quand même.
Mardi 28 janvier, ils sont tous au tribunal pour être jugés aux côtés de leur chef. Trois autres prisonniers n'ont pas encore eu l'honneur d'un procès.
Les deux journalistes Abdullah Alshamy et Peter Greste ainsi que l'activiste Alaa Abd El Fattah ont récemment écrit des lettres depuis leurs cellules. Ils racontent la vie en prison et l'incompréhensible injustice.
16 détenus dans 12 m²
Il appelle sa cellule "le cimetière". La semaine dernière, Abdullah Alshamy a fait parvenir une lettre à sa famille. Il y décrit des conditions déplorables. "Nous sommes 16 à dormir dans un espace de 12 m²". Il est enfermé depuis plus de cinq mois et n'a toujours pas vu la couleur d'un chef d'accusation officiel.
Journaliste pour Al-Jazeera, il couvrait le 14 août le rassemblement des manifestants pro-Morsi sur la place Rabaa Al Awadhiya. Dans un contexte de répression du régime contre la chaîne qatari accusée de soutenir les Frères musulmans, il est arrêté pour "possession d'arme à feu" et pour "avoir tiré" sur des policiers.
Dans la même enceinte, Alaa Abd El Fattah ronge son frein depuis fin novembre. Activiste et bloggeur, opposant à Moubarak, Morsi puis Sissi, il raconte à ses soeurs que ses conditions d'emprisonnement sont "bonnes" mais que "l'oppression de l'âme est difficile".
Emprisonné pour s'être engagé contre la nouvelle loi anti-protestation, Alaa doit aujourd'hui faire face à deux chefs d'accusation. Il attend d'être jugé: "Le temps s'arrêtera pour moi et continuera pour vous", écrit-il.
Troisième des Usual Suspects, l'Australien Peter Greste, collègue de Abdullah Alshamy à Al Jazeera, ne parle pas de conditions d'incarcération. Il parle société. Peter Grete a été embarqué fin décembre - les autorités l'accusent de coopération avec les Frères musulmans et de soutien à leur propagande par la diffusion d'information partiale. Greste avait été envoyé en Egypte à peine trois semaines plus tôt.
Le "normal" s'est éloigné du juste milieu
Selon Greste, reporter expérimenté notamment dans les couvertures de conflits, la perception du "normal" égyptien a tant changé avec le régime que leur travail était soudain qualifié de "menaçant".
"Quiconque applaudit l'Etat est perçu comme sûr et méritant la liberté. Les autres représentent une menace qu'il faut écraser".
Alaa Abd El Fattah aussi fustige une justice politicienne."Ils ont décidés que nous devions être condamnés", écrit Alaa. "La révolution est dans un état si misérable qu'ils peuvent se le permettre".
Abdullah Alshamy affirme quant à lui n'appartenir à aucune "faction ou idéologie": "Je n'appartiens qu'à ma conscience et à mon humanité". Des principes qu'il estime piétinés par de nombreux journalistes égyptiens, ceux qui "faussent les faits et étouffent les violations des libertés et des médias".
Ils ne sont pas les seuls dans leur cas. De nombreux activistes et plusieurs journalistes partagent en ce moment le même destin sinon les mêmes murs.
Depuis leur incarcération, la Constitution portée par le régime militaire a été adoptée par référendum. L'article 71 y dispose que "aucune punition d'emprisonnement ne peut être imposée pour des crimes perpétrés par voie de publication". Pourtant, les journalistes accusés de propagande et de collusion attendent toujours leur procès derrière les barreaux.
"Les journalistes en eux-mêmes ne sont jamais censés devenir une information", affirme Peter Greste. Ils le sont quand même.
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