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Valorisé, un gouvernement de technocrates est-il un gage de réussite?

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Après deux années de pouvoir de la Troïka, la Tunisie se dote d'un gouvernement de technocrates, comme celui qu'elle a eu durant la première période de transition en 2011 sous la direction de Béji Caied Essebsi. Ayant obtenu un vote de confiance assez confortable (149 voix pour), le nouveau gouvernement de technocrates de Mehdi Jomâa est plutôt bien reçu par l'opinion publique.

Pas de légitimité électorale... mais "légitime" quand même

Un technocrate est une personne non-politique, experte et spécialiste d'un domaine particulier. Quand on fait appel à un technocrate pour gouverner, on s'attend à des décisions d'urgence pour redresser le pays, et non des décisions prises en fonction de l'opinion publique. De toute manière, il n'est pas élu par les citoyens, mais nommé par les dirigeants du pays.

En 2011, le gouvernement de Béji Caied Essebsi a souffert de l'absence de légitimité. Formé au lendemain de la chute du gouvernement fort contesté de Mohamed Ghannouchi, Caied Essebsi a décidé d'écarter tous ceux qui pensent à se présenter aux élections, justifiant ce choix par "la légitimité de la compétence".

Aujourd'hui, ceux qui soutiennent le gouvernement de Jomâa invoquent "la légitimité du consensus". Pour Rached Ghannouchi, leader du parti Ennahdha qui s'écarte du pouvoir au profit de de cabinet de technocrates non politiques, "le gouvernement de Mehdi Jomâa est plus légitime que ceux qui l'ont précédés" car il est "issu d'un consensus". "Ce qui fait que tout le monde le soutien" affirme-t-il.

Les technocrates en temps de crise

Dans les démocraties occidentales, les technocrates sont de plus en plus sollicités. En temps de crise, ils représentent la dernière chance des politiques pour rassurer les marchés, redresser l'économie et avancer des réformes sans se préoccuper de l'opinion publique, n'étant pas concernés par les échéances électorales.

En 2011, l'Italie a vu l'économiste Mario Monti remplacer Silvio Berlusconi pour tenter de sauver le pays de la crise. En 2012, traversant une profonde crise économique et politique, le président grec Carolos Papoulias a décidé le remplacement du gouvernement par un cabinet provisoire de personnalités compétentes avec à sa tête Lucas Papademos ancien vice-président de la Banque centrale européenne. C'était la dernière carte à jouer pour la Grèce pour rassurer ses partenaires européens et éviter l'organisation de nouvelles élections.

En février 2013, le gouvernement bulgare démissionne sous la pression de la rue. Après des mois d'impasse politique, Plamen Orecharski, un économiste sans étiquette politique est nommé à la tête d'un nouveau gouvernement de technocrates.

Pas de préoccupations politiques, plus de compétences techniques et neutres (en apparence), les technocrates sont souvent valorisés, et donnent une image négative des hommes politiques qui ne seraient pas capables de redresser un pays en difficulté. On pourrait leur trouver une "légitimité de compétence" ou un "légitimité de consensus", mais la réelle légitimité des technocrates dépendra surtout de leurs résultats.

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