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Les enjeux majeurs des discussions UTICA - UGTT à venir

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Le soulagement et l'apaisement, certes très relatifs, semblent avoir reconquit du terrain auprès de l'opinion, après des mois des tensions insoutenables aux limites de la rupture. Le vote historique d'une nouvelle Constitution concomitamment à la désignation d'un nouveau gouvernement évite ainsi une crise majeure dont aucune des forces politiques n'a voulu prendre le risque.

Parler d'euphorie serait un bien grand mot (même si la presse locale et internationale salue cet exploit de la classe politique) à en juger par le peu d'empressement de la population à manifester spontanément son contentement.

Un secret espoir pointe sous l'insatisfaction habituelle

Une page est tournée, une autre s'ouvre. La perplexité et le scepticisme de nos concitoyens relèvent d'attentes toujours insatisfaites. Celles d'une réalité crue et sans fards: du sous-emploi massif au recul du pouvoir d'achat du plus grand nombre, en passant par les déboires d'un Etat chancelant (la lente mais perceptible dégradation de la qualité des services rendus à la population: abandons scolaires, insalubrité, pandémies).

Sans illusions excessives, nos concitoyens n'en cultivent pas moins le secret espoir que le gouvernement va porter remède à cette économie vacillante. Un état de grâce possible et d'autant plus suscité que ce gouvernement aligne talents et expériences sur des questions jugées cruciales. Reste que le fameux retour à la confiance, ou pour le dire plus concrètement la construction d'une nouvelle paix sociale et d'une stabilité retrouvée, ne dépend pas - loin s'en faut - des seuls effets d'annonces gouvernementales, ou de l'adoption de mesures symboliques. Croire, dans les circonstances actuelles, en la toute puissance et efficience de l'action de l'Etat (en dépit de la longue tradition centralisatrice) serait une erreur magistrale.

Les protagonistes de la société civile l'ont bien compris. De larges négociations vont s'engager dans les toutes prochaines semaines entre les organisations patronales et syndicales pour tenter de dénouer les blocages et les crispations à l'œuvre dans un tissu économique et social désemparé, déséquilibré au bord de l'asphyxie.

Mais, au juste: Y a-t-il quelque chose à négocier lorsque toutes les marges de manœuvre semblent s'être évaporées?

Les déficits ont atteint des niveaux proches du paroxysme, une croissance atone selon toutes les prévisions, laissent peu de grains à moudre! Si l'on ajoute à cela la profonde crise du secteur bancaire, on est en droit de se demander où peuvent se situer les "donnant-donnant". Ce que nos chères élites appellent les "quicks solutions" ou, quand ils sont moins pressés, les "win-win games".

Que peuvent bien s'offrir réciproquement les organisations professionnelles?

L'UGTT et sa mouvance syndicale peut-elle accepter un arbitrage (un trade-off, autre anglicisme dont raffolent mes confrères) entre un gel relatif des salaires contre de nouvelles créations d'emplois? Par tradition, les syndicats (l'UGTT échapperait-elle à ce réflexe?) ont plus tendance à protéger leurs mandants qu'à accepter une stagnation du pouvoir d'achat (voire son recul) contre d'hypothétiques promesses d'embauche.

De son coté les représentants de l'UTICA ne vont pas manquer d'évoquer les contraintes de compétitivité et de flexibilité. D'une part, et relativement à un contexte de marché local mis sous tension par la montée irrésistible de l'économie informelle de la contrebande importée et d'autre part, des difficultés à préserver et à renforcer des parts marchés acquises à l'international (pour l'essentiel dans une Europe convalescente).

De facto, les investisseurs locaux échaudés par la multiplication des revendications (surenchères salariales, titularisation, réintégration), sont pour le moins en attente de signe forts. D'évidence, l'investissement privé restera en panne tant que la situation sociale ne se sera pas nettement éclaircie.
Est-ce en prévision de discussions difficiles que l'UTICA a fait savoir que sa priorité en 2014 était ailleurs, dans celle de la conquête de l'Afrique. Histoire de marquer les esprits?

Peu d'espoir pour le marché du travail

Devant le peu de solutions, les partenaires sociaux se tourneront irrémédiablement vers l'Etat, espérant que celui-ci sera en mesure de relancer l'investissement public, source de commandes et possiblement de création d'emplois, notamment dans les régions en désespérance. Anticipant cette demande, le nouveau ministre de l'Economie et des finances a fort judicieusement fait savoir qu'il attendrait de faire le plein des crédits et de dons avant de se lancer dans la moindre annonce.

Si, compte tenu de marges de manœuvre si étriquées, il y a peu d'espoirs de voir une réelle embellie sur le marché du travail, d'autres sujets tout aussi préoccupants et urgents pourraient en revanche se retrouver au menu des négociations: le déficit des caisses maladie et de retraite, et le sempiternel casse-tête de la caisse de compensation.

Relèvement du niveau et nouveau partage des cotisations sociales? Allongement de la durée de cotisation, date de départ de l'âge à la retraite, introduction d'une TVA sociale?

Une année électorale n'est jamais une année de réformes

Ces questions sont d'autant plus lancinantes que le gouvernement (continuité de l'Etat oblige) devra donner des gages de bonne volonté (promesses désormais inscrites sous forme de conditionnalités) aux demandes réitérées de "réformes" du FMI et des autres institutions financières internationales.

Bien évidemment aussi, et en dépit des appels superfétatoires des partis politiques à la restauration et à la relance économique, les ministres ont pris bonne note que le climat pré-électoral qui ne va pas tarder à s'instaurer incite chacun des départements ministériels à la plus grande prudence. Exclu de trancher dans le vif!

C'est du moins le pronostic le plus raisonnable que l'on puisse faire. Une année électorale n'est jamais une année de réformes.

Une année blanche? Les paris sont ouverts! Car, cependant, nombre de ministres dont le premier d'entre-eux, inéligibles, voudront malgré tout marquer d'une pierre blanche leur passage aux plus hautes instances du pays. Nous ne sommes donc pas à l'abri de surprises, d'autant que rien n'interdit la reconduite aux affaires publiques de certains d'entre eux, une fois les élections passées. Il y a donc du challenge dans l'air...

Ne jamais vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué, dit le dicton.

Mais de toute évidence ce gouvernement va devoir faire preuve d'imagination et d'inventivité. De celle qui surprend là où on imaginait l'impasse.

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