Dès sa création en 2003, l'Union africaine a suscité l'euphorie des peuples africains aspirants à un avenir meilleur. En effet, cette organisation représente la concrétisation du sentiment de solidarité sur le continent. Cependant, 10 ans après, l'Union africaine est dans l'impasse. Plusieurs raisons font que cette institution n'arrive pas à atteindre les objectifs escomptés affectant, par la même occasion, la tentative d'approfondir l'intégration africaine. Analyse.
Née des cendres de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA), l'Union africaine est une institution qui englobe tous les pays du continent (53 au total), à l'exception du Maroc qui s'est retiré suite à l'attribution d'un siège au Front Polisario. Sa création répond à la nécessité de relever les défis qui s'imposent. C'est la raison pour laquelle elle a été dotée de plusieurs organes très importants. Il s'agit notamment de la Commission de l'Union africaine, du Parlement panafricain, et du Conseil de paix et de sécurité.
Se rapprochant du modèle de l'Union européenne, l'ensemble de ces organes ont pour mission d'assurer la promotion de la démocratie sur le continent, d'améliorer les droits de l'Homme, d'asseoir la paix et surtout de prendre les mesures nécessaires pour le développement économique et social de l'Afrique.
Cependant, l'Union africaine suscite actuellement le débat à cause de ses multiples échecs. En fait, l'organisation africaine n'arrive plus à sauvegarder la paix sur le continent, à l'image des échecs survenus dans le dossier de la Libye et du Mali. De plus, ses politiques économiques ne font guère l'unanimité. D'ailleurs, ses visions n'ont jamais été adoptées par les Etats membres.
Ainsi, l'inefficacité de l'Union à concrétiser le sentiment de "solidarité africaine" est plus que jamais une réalité. Pire encore, une crise de légitimité et de crédibilité frappe l'avenir de cette institution. D'où l'émancipation des critiques et des voix qui exigent une réforme de l'Union africaine.
Devant cette situation se pose la question suivante: Quelles sont les raisons de l'échec de l'Union africaine? Et pourquoi représente-t-elle l'échec du modèle d'intégration en Afrique?
Absence de volonté politique des Etats membres
L'Union africaine semble être victime de ses problématiques internes. En effet, l'organisation africaine demeure déchirée par la réticence des États membres à abandonner une partie de leur souveraineté à cette institution supranationale. Ces derniers préfèrent renforcer, au sein du continent, un réseau bilatéral au détriment d'une coopération multilatérale, engendrant du coup une crise de légitimité du modèle d'intégration en Afrique.
Ce comportement se justifie en premier lieu par la rivalité stratégique qui alimente les rapports entre les pays africains. En fait, la logique d'intérêt prend le dessus sur l'approche de partenariat puisque certains États de l'Union africaine aspirent à renforcer leur leadership sur le reste du continent, engendrant parfois des crises politiques très complexes. Les cas de l'Algérie, de l'Afrique du Sud, et aussi du Maroc qui a retiré son adhésion à l'OUA en 1984 constituent des exemples très pertinents.
Dès lors, le travail des institutions de l'Unité africaine s'en trouve parfois affecté voire définitivement bloqué, alimentant ainsi les conflits qui ne peuvent être sans incidences sur la volonté de coopération et d'intégration sur le continent.
Un autre argument qui explique l'impasse dont souffre l'Union africaine réside dans le grand déséquilibre économique entre les Etats membres. En fait, certains pays sont très endettés, d'autres souffrent de déstabilisation sécuritaire qui ne favorise nullement leur évolution, voire leur intégration. Ce qui a tendance à réduire les efforts de l'UA en matière de développement économique et social du continent africain.
Devant ce contexte, force est de constater que l'intégration en Afrique est loin d'atteindre celle de l'Union européenne étant donné que l'UA se situe dans une impasse principalement motivée par l'absence de coopération entre les pays membres. Cela traduit, en conséquence, l'existence d'une influence politique externe qui handicape toute tentative tendant à renforcer la position de l'Afrique sur la scène internationale.
Absence d'indépendance politique
L'autre problématique majeure que rencontre l'Union africaine réside dans l'absence de volonté politique des pays membres, nécessaire dans ce genre de situation. Justement, l'Union africaine a été fondée sur la base de la solidarité africaine, ce qui signifie que les Etats membres devraient adopter une démarche partenariale plus profonde qui serait susceptible de déboucher vers une importante intégration à l'image de l'Union européenne.
En d'autres termes, l'attitude des pays africains demeure floue puisqu'ils s'abstiennent de développer leur modèle d'intégration régionale. Le projet NEPAD, conçu à cet effet, n'a pas pu réussi à atteindre ses objectifs. D'ailleurs, aucun accord de coopération économique et commerciale interafricain n'a encore vu le jour. De même, aucune mesure assurant la libre circulation des marchandises, des services ou des personnes n'a été encore mise en place, étant donné que les barrières douanières ne sont pas jusqu'à présent totalement supprimés et les frontières pas abolies.
Au contraire, l'actualité de l'Unité africaine a été caractérisée par des échecs considérables face à la crise sécuritaire en Libye, au Mali, en Centrafrique, et même en Côte d'ivoire, dont la résolution dépend encore de l'intervention des puissances étrangères comme la France, les Etats-Unis ou la Chine. L'organisation par la France du Sommet des chefs d'Etats pour débattre de la sécurité en Afrique confirme d'ailleurs parfaitement l'incapacité de l'UA et de son Conseil de sécurité et de paix à sauvegarder la paix et la sécurité sur le continent.
Cette dépendance sécuritaire se répercute également sur le plan politique. En effet, les décisions des Etats membres de l'UA semblent largement encadrées par la pression des puissances extérieures. D'ailleurs, l'Assemblée Générale de l'UA n'a pas hésité, dans un certain nombre de cas, à suspendre les activités de plusieurs membres pour des considérations purement stratégiques, venant généralement de l'extérieur comme ce fut le cas de l'Egypte après la déposition de l'ex président Morsi. Cela démontre parfaitement l'existence d'une influence étrangère, voire une dépendance vis-vis de certaines puissances, en l'occurrence la France et les Etats-Unis, lesquelles n'hésitent pas à affecter la solidarité africaine pour sauvegarder leurs propres intérêts. Ce contexte n'est guère convenable à l'évolution de l'Union africaine.
De tous ces éléments, il apparait évident que l'Union africaine n'offre pas la base pour la solidarité africaine. Au contraire, elle constitue le symbole d'un continent incapable de gérer ses crises politiques économiques et sociales. Pour favoriser l'intégration africaine, une panoplie de réformes devient nécessaire afin d'élaborer un projet d'union qui soit plus réaliste et plus adapté aux exigences de la population africaine.
Mais cela ne peut être accessible que si les Etats membres abandonnent leur individualisme pour s'inscrire dans une approche d'intégration et de solidarité. Il s'agit en réalité de la seule option permettant d'assurer le décollage économique et social du continent, nécessaire à l'épanouissement des peuples africains.
Née des cendres de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA), l'Union africaine est une institution qui englobe tous les pays du continent (53 au total), à l'exception du Maroc qui s'est retiré suite à l'attribution d'un siège au Front Polisario. Sa création répond à la nécessité de relever les défis qui s'imposent. C'est la raison pour laquelle elle a été dotée de plusieurs organes très importants. Il s'agit notamment de la Commission de l'Union africaine, du Parlement panafricain, et du Conseil de paix et de sécurité.
Se rapprochant du modèle de l'Union européenne, l'ensemble de ces organes ont pour mission d'assurer la promotion de la démocratie sur le continent, d'améliorer les droits de l'Homme, d'asseoir la paix et surtout de prendre les mesures nécessaires pour le développement économique et social de l'Afrique.
Cependant, l'Union africaine suscite actuellement le débat à cause de ses multiples échecs. En fait, l'organisation africaine n'arrive plus à sauvegarder la paix sur le continent, à l'image des échecs survenus dans le dossier de la Libye et du Mali. De plus, ses politiques économiques ne font guère l'unanimité. D'ailleurs, ses visions n'ont jamais été adoptées par les Etats membres.
Ainsi, l'inefficacité de l'Union à concrétiser le sentiment de "solidarité africaine" est plus que jamais une réalité. Pire encore, une crise de légitimité et de crédibilité frappe l'avenir de cette institution. D'où l'émancipation des critiques et des voix qui exigent une réforme de l'Union africaine.
Devant cette situation se pose la question suivante: Quelles sont les raisons de l'échec de l'Union africaine? Et pourquoi représente-t-elle l'échec du modèle d'intégration en Afrique?
Absence de volonté politique des Etats membres
L'Union africaine semble être victime de ses problématiques internes. En effet, l'organisation africaine demeure déchirée par la réticence des États membres à abandonner une partie de leur souveraineté à cette institution supranationale. Ces derniers préfèrent renforcer, au sein du continent, un réseau bilatéral au détriment d'une coopération multilatérale, engendrant du coup une crise de légitimité du modèle d'intégration en Afrique.
Ce comportement se justifie en premier lieu par la rivalité stratégique qui alimente les rapports entre les pays africains. En fait, la logique d'intérêt prend le dessus sur l'approche de partenariat puisque certains États de l'Union africaine aspirent à renforcer leur leadership sur le reste du continent, engendrant parfois des crises politiques très complexes. Les cas de l'Algérie, de l'Afrique du Sud, et aussi du Maroc qui a retiré son adhésion à l'OUA en 1984 constituent des exemples très pertinents.
Dès lors, le travail des institutions de l'Unité africaine s'en trouve parfois affecté voire définitivement bloqué, alimentant ainsi les conflits qui ne peuvent être sans incidences sur la volonté de coopération et d'intégration sur le continent.
Un autre argument qui explique l'impasse dont souffre l'Union africaine réside dans le grand déséquilibre économique entre les Etats membres. En fait, certains pays sont très endettés, d'autres souffrent de déstabilisation sécuritaire qui ne favorise nullement leur évolution, voire leur intégration. Ce qui a tendance à réduire les efforts de l'UA en matière de développement économique et social du continent africain.
Devant ce contexte, force est de constater que l'intégration en Afrique est loin d'atteindre celle de l'Union européenne étant donné que l'UA se situe dans une impasse principalement motivée par l'absence de coopération entre les pays membres. Cela traduit, en conséquence, l'existence d'une influence politique externe qui handicape toute tentative tendant à renforcer la position de l'Afrique sur la scène internationale.
Absence d'indépendance politique
L'autre problématique majeure que rencontre l'Union africaine réside dans l'absence de volonté politique des pays membres, nécessaire dans ce genre de situation. Justement, l'Union africaine a été fondée sur la base de la solidarité africaine, ce qui signifie que les Etats membres devraient adopter une démarche partenariale plus profonde qui serait susceptible de déboucher vers une importante intégration à l'image de l'Union européenne.
En d'autres termes, l'attitude des pays africains demeure floue puisqu'ils s'abstiennent de développer leur modèle d'intégration régionale. Le projet NEPAD, conçu à cet effet, n'a pas pu réussi à atteindre ses objectifs. D'ailleurs, aucun accord de coopération économique et commerciale interafricain n'a encore vu le jour. De même, aucune mesure assurant la libre circulation des marchandises, des services ou des personnes n'a été encore mise en place, étant donné que les barrières douanières ne sont pas jusqu'à présent totalement supprimés et les frontières pas abolies.
Au contraire, l'actualité de l'Unité africaine a été caractérisée par des échecs considérables face à la crise sécuritaire en Libye, au Mali, en Centrafrique, et même en Côte d'ivoire, dont la résolution dépend encore de l'intervention des puissances étrangères comme la France, les Etats-Unis ou la Chine. L'organisation par la France du Sommet des chefs d'Etats pour débattre de la sécurité en Afrique confirme d'ailleurs parfaitement l'incapacité de l'UA et de son Conseil de sécurité et de paix à sauvegarder la paix et la sécurité sur le continent.
Cette dépendance sécuritaire se répercute également sur le plan politique. En effet, les décisions des Etats membres de l'UA semblent largement encadrées par la pression des puissances extérieures. D'ailleurs, l'Assemblée Générale de l'UA n'a pas hésité, dans un certain nombre de cas, à suspendre les activités de plusieurs membres pour des considérations purement stratégiques, venant généralement de l'extérieur comme ce fut le cas de l'Egypte après la déposition de l'ex président Morsi. Cela démontre parfaitement l'existence d'une influence étrangère, voire une dépendance vis-vis de certaines puissances, en l'occurrence la France et les Etats-Unis, lesquelles n'hésitent pas à affecter la solidarité africaine pour sauvegarder leurs propres intérêts. Ce contexte n'est guère convenable à l'évolution de l'Union africaine.
De tous ces éléments, il apparait évident que l'Union africaine n'offre pas la base pour la solidarité africaine. Au contraire, elle constitue le symbole d'un continent incapable de gérer ses crises politiques économiques et sociales. Pour favoriser l'intégration africaine, une panoplie de réformes devient nécessaire afin d'élaborer un projet d'union qui soit plus réaliste et plus adapté aux exigences de la population africaine.
Mais cela ne peut être accessible que si les Etats membres abandonnent leur individualisme pour s'inscrire dans une approche d'intégration et de solidarité. Il s'agit en réalité de la seule option permettant d'assurer le décollage économique et social du continent, nécessaire à l'épanouissement des peuples africains.
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