L'année dernière, à l'occasion d'une conférence de presse tenue par le Syndicat des forces de sécurité intérieure, son porte-parole Sahbi Jouni a désigné plusieurs journalistes d'investigation comme des acteurs du "blanchiment du terrorisme" (tabyidh al-irhab). Jouini, qui n'a pas pris la peine de justifier ses accusations, avait alors amorcé une tendance inquiétante qui se manifeste aujourd'hui à grande échelle. L'accusation de tabyidh est en train de refleurir dans la bouche et sous la plume des médias et du grand public.
Les débats télévisés tunisiens au sujet des récents affrontements qui ont opposé les forces de l'ordre à des groupements armés ont donné lieu à une vive polémique remettant en cause la liberté d'expression. En effet, de nombreuses voix se sont élevées pour condamner les propos de personnalités ayant présenté le terroriste Kamel Gadhgadhi comme un martyr ou celles qui ont publiquement critiqué les tactiques utilisées par la police à l'occasion du raid de Raoued.
Le problème fondamental qui se pose ne porte pas tant sur la défense du terrorisme assurée par les milieux les plus radicaux, mais davantage sur le flou que jette cette polémique sur les limites de la liberté d'expression en temps de crise sécuritaire. Alors que plusieurs voix se sont élevées pour déclarer que les droits de l'Homme garantis par la Constitution fraîchement adoptée doivent s'effacer face à la menace terroriste, il est nécessaire de trouver un juste milieu entre la chasse aux sorcières et la banalisation de l'apologie d'al-Qaeda.
Le ministère de l'Intérieur et le Syndicat des forces de sécurité intérieure semblent instrumentaliser le débat afin de faire accepter la censure des voix dissidentes qui, sans soutenir le terrorisme, portent un regard critique sur la version des faits présentée par le gouvernement tunisien. A l'antenne de Nessma TV, Sahbi Jouni n'a pas manqué de déclarer que toute personne qui critique ou tente d'analyser des opérations anti-terroristes doit être considérée comme un soutien du terrorisme.
Ce discours pernicieux implique que le soutien de la société civile dans la lutte contre le terrorisme serait incompatible avec une remise en cause raisonnée de la narration officielle portée par le ministère de l'Intérieur, laquelle souffre de nombreuses incohérences. Les paroles de Jouni sont d'autant plus surprenantes que son syndicat s'est permis à maintes reprises de critiquer la version officielle, allant jusqu'à accuser des membres du gouvernement ainsi que des hauts fonctionnaires de mettre des bâtons dans les roues des unités anti-terroristes. Cette liberté de ton, Jouini se la réserve et la nie aux journalistes et aux chercheurs qui souhaitent examiner les faits.
Le soft power du lobby policier, qui a réussi à rallier à sa cause les médias de masse, pourrait-il se transformer en hard power avec l'adoption prochaine des deux projets de lois portant sur la lutte contre le terrorisme et la cyber-criminalité? Il semble raisonnable de craindre que la démocratie tunisienne naissante pénalise le doute et rétablisse le tabou qui, sous l'ancien régime, faisait de la gestion des questions sécuritaires une affaire privée de l'Etat.
Les débats télévisés tunisiens au sujet des récents affrontements qui ont opposé les forces de l'ordre à des groupements armés ont donné lieu à une vive polémique remettant en cause la liberté d'expression. En effet, de nombreuses voix se sont élevées pour condamner les propos de personnalités ayant présenté le terroriste Kamel Gadhgadhi comme un martyr ou celles qui ont publiquement critiqué les tactiques utilisées par la police à l'occasion du raid de Raoued.
Le problème fondamental qui se pose ne porte pas tant sur la défense du terrorisme assurée par les milieux les plus radicaux, mais davantage sur le flou que jette cette polémique sur les limites de la liberté d'expression en temps de crise sécuritaire. Alors que plusieurs voix se sont élevées pour déclarer que les droits de l'Homme garantis par la Constitution fraîchement adoptée doivent s'effacer face à la menace terroriste, il est nécessaire de trouver un juste milieu entre la chasse aux sorcières et la banalisation de l'apologie d'al-Qaeda.
LIRE: Médias et terrorisme, la difficile équation
Le ministère de l'Intérieur et le Syndicat des forces de sécurité intérieure semblent instrumentaliser le débat afin de faire accepter la censure des voix dissidentes qui, sans soutenir le terrorisme, portent un regard critique sur la version des faits présentée par le gouvernement tunisien. A l'antenne de Nessma TV, Sahbi Jouni n'a pas manqué de déclarer que toute personne qui critique ou tente d'analyser des opérations anti-terroristes doit être considérée comme un soutien du terrorisme.
Ce discours pernicieux implique que le soutien de la société civile dans la lutte contre le terrorisme serait incompatible avec une remise en cause raisonnée de la narration officielle portée par le ministère de l'Intérieur, laquelle souffre de nombreuses incohérences. Les paroles de Jouni sont d'autant plus surprenantes que son syndicat s'est permis à maintes reprises de critiquer la version officielle, allant jusqu'à accuser des membres du gouvernement ainsi que des hauts fonctionnaires de mettre des bâtons dans les roues des unités anti-terroristes. Cette liberté de ton, Jouini se la réserve et la nie aux journalistes et aux chercheurs qui souhaitent examiner les faits.
Le soft power du lobby policier, qui a réussi à rallier à sa cause les médias de masse, pourrait-il se transformer en hard power avec l'adoption prochaine des deux projets de lois portant sur la lutte contre le terrorisme et la cyber-criminalité? Il semble raisonnable de craindre que la démocratie tunisienne naissante pénalise le doute et rétablisse le tabou qui, sous l'ancien régime, faisait de la gestion des questions sécuritaires une affaire privée de l'Etat.
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