L'hommage sur lequel s'ouvre le dernier rapport de l'organisation internationale Action Contre la Faim est bouleversant. Il s'agit de 17 photos en noir et blanc, d'hommes et de femmes d'une vingtaine d'années aux visages lumineux. La plupart sont des travailleurs humanitaires. Ils ont tous été abattus lors d'une exécution sommaire à Mutur, dans le nord de Sri Lanka, le 4 août 2006.
Quelques semaines plus tard, je me suis rendu dans les bureaux d'ACF à Colombo. Tout le monde était sous le choc. On ne savait pas encore qui était responsable de ces meurtres : les Tigres de libération de l'Eelam tamoul, qui avaient brièvement occupé Mutur, ou l'armée, qui avait repris la ville après de violents combats. Nous avons discuté des moyens de pression que nous pouvions exercer sur le gouvernement afin qu'une enquête soit menée.
Les doutes quant à l'identité des tireurs ont depuis disparu. Un travail d'enquête minutieux mené par l'organisation University Teachers for Human Rights (Jaffna) a conduit jusqu'à la police et les unités des forces spéciales de la marine et les hauts responsables qui seraient directement impliqués dans cet assassinat.
Le gouvernement s'est arrangé pour donner l'impression d'agir sans rien faire pour autant. En 2009, une commission d'enquête présidentielle créée spécialement pour enquêter sur 16 affaires relatives aux droits de l'homme a innocenté au terme d'une procédure viciée les forces armées, et a blâmé les Tigres Tamouls ou les milices musulmanes. Le président Mahinda Rajapakse n'a jamais rendu public le rapport complet.
Le nouveau rapport d'ACF révèle que pendant plusieurs jours, les forces de sécurité ont empêché ACF et d'autres organismes internationaux d'accéder à la scène du crime. La police et les enquêteurs officiels en charge de cette affaire n'ont fait aucun effort pour mener une enquête sérieuse. Toutes celles qui ont suivi n'ont servi qu'à détourner l'attention de la communauté internationale. Les conclusions d'ACF sont claires : les 17 travailleurs humanitaires "ont certainement été assassinés par des membres des forces de sécurité sri lankaises et ces criminels sont couverts par les hautes autorités sri-lankaises".
ACF a rendu l'affaire publique parce qu'il n'y a "jusqu'à aujourd'hui, aucune perspective d'enquête effective au niveau national" et que "seule une enquête internationale indépendante pourrait effectivement conduire à la poursuite des assassins".
Cela fait des années que les organisations non gouvernementales, dont Human Rights Watch, demandent à ce qu'une enquête internationale soit ouverte sur les atrocités commises par les deux parties au cours des 26 ans de guerre civile à Sri Lanka.
Nous espérons que les gouvernements sauront réagir au plaidoyer d'ACF et notamment au cours de l'Examen Périodique Universel de Sri Lanka qui aura lieu en mars prochain au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies. Ces 17 photos en noir et blanc sont là pour nous rappeler ce tragique événement.
Quelques semaines plus tard, je me suis rendu dans les bureaux d'ACF à Colombo. Tout le monde était sous le choc. On ne savait pas encore qui était responsable de ces meurtres : les Tigres de libération de l'Eelam tamoul, qui avaient brièvement occupé Mutur, ou l'armée, qui avait repris la ville après de violents combats. Nous avons discuté des moyens de pression que nous pouvions exercer sur le gouvernement afin qu'une enquête soit menée.
Les doutes quant à l'identité des tireurs ont depuis disparu. Un travail d'enquête minutieux mené par l'organisation University Teachers for Human Rights (Jaffna) a conduit jusqu'à la police et les unités des forces spéciales de la marine et les hauts responsables qui seraient directement impliqués dans cet assassinat.
Le gouvernement s'est arrangé pour donner l'impression d'agir sans rien faire pour autant. En 2009, une commission d'enquête présidentielle créée spécialement pour enquêter sur 16 affaires relatives aux droits de l'homme a innocenté au terme d'une procédure viciée les forces armées, et a blâmé les Tigres Tamouls ou les milices musulmanes. Le président Mahinda Rajapakse n'a jamais rendu public le rapport complet.
Le nouveau rapport d'ACF révèle que pendant plusieurs jours, les forces de sécurité ont empêché ACF et d'autres organismes internationaux d'accéder à la scène du crime. La police et les enquêteurs officiels en charge de cette affaire n'ont fait aucun effort pour mener une enquête sérieuse. Toutes celles qui ont suivi n'ont servi qu'à détourner l'attention de la communauté internationale. Les conclusions d'ACF sont claires : les 17 travailleurs humanitaires "ont certainement été assassinés par des membres des forces de sécurité sri lankaises et ces criminels sont couverts par les hautes autorités sri-lankaises".
ACF a rendu l'affaire publique parce qu'il n'y a "jusqu'à aujourd'hui, aucune perspective d'enquête effective au niveau national" et que "seule une enquête internationale indépendante pourrait effectivement conduire à la poursuite des assassins".
Cela fait des années que les organisations non gouvernementales, dont Human Rights Watch, demandent à ce qu'une enquête internationale soit ouverte sur les atrocités commises par les deux parties au cours des 26 ans de guerre civile à Sri Lanka.
Nous espérons que les gouvernements sauront réagir au plaidoyer d'ACF et notamment au cours de l'Examen Périodique Universel de Sri Lanka qui aura lieu en mars prochain au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies. Ces 17 photos en noir et blanc sont là pour nous rappeler ce tragique événement.