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Turquie: Recep Tayyip Erdogan dénonce la diffusion d'une écoute téléphonique l'incriminant dans le scandale de corruption

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Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a vigoureusement riposté mardi à la diffusion d'une conversation téléphonique compromettante qui l'a placé au cœur du scandale de corruption qui éclabousse son régime, dénonçant une "attaque haineuse".

Un enregistrement choc mais non authentifié

Diffusée lundi soir sur internet, cet enregistrement, dont l'authenticité n'a pas été confirmée de source indépendante, a pour la première fois personnellement mis en cause M. Erdogan, précipitant les appels de l'opposition à sa démission.

"Jamais nous ne cèderons (...) seul le peuple peut décider de nous renvoyer, et personne d'autre", a martelé le chef du gouvernement sous les ovations de ses partisans en renvoyant ses accusateurs et les critiques aux élections municipales du 30 mars prochain.

Dès lundi soir, le cabinet du Premier ministre avait catégoriquement démenti l’existence de la conversation en cause, évoquant déjà un "montage immoral".

Sans surprise, M. Erdogan a une nouvelle fois accusé mardi la confrérie du prédicateur musulman Fethullah Gülen, qui fut longtemps son allié, d'avoir orchestré cette nouvelle attaque en "mettant en scène une pièce (de théâtre) immorale".

Dans l'enregistrement daté du 17 décembre diffusé lundi soir, un homme présenté comme le Premier ministre conseille à un autre, décrit comme son fils aîné Bilal, déjà entendu comme témoin par les procureurs en charge de l'enquête anticorruption, de se débarrasser d'environ 30 millions d'euros, quelques heures seulement après un coup de filet de la police visant des dizaines de proches du régime.

"Fils, ce que je veux te dire, c'est de faire sortir tout ce que tu as chez toi, d'accord?", dit la voix présentée comme celle de M. Erdogan. "Qu'est-ce que je peux avoir chez moi? Il n'y a que l'argent qui t'appartient", lui répond son interlocuteur.

Sitôt diffusée, cette écoute téléphonique, énième d'une série qui décrivait jusque-là les pressions directes de M. Erdogan auprès des médias, a enflammé les réseaux sociaux et l'opposition, qui dénonce depuis des semaines la corruption du régime islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002.

Appel généralisé à la démission d'Erdogan

"Le gouvernement doit immédiatement démissionner, il a perdu toute légitimité", a lancé devant la presse Haluk Koç, vice-président de la principale force d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), "la Turquie ne peut pas continuer sur cette voie".

Le chef du Parti de l'action nationaliste (MHP) Devlet Bahçeli lui a emboîté le pas en annonçant que "la fin absolue et certaine pour M. Erdogan est toute proche". "La justice doit immédiatement lancer une enquête", a-t-il insisté.

Coïncidence ou pas, la publication de ces enregistrements est intervenue quelques heures après les révélations de deux journaux proches du régime accusant des magistrats proches de la confrérie de Fethullah Gülen d'avoir mis sur écoute des milliers de personnes, dont M. Erdogan.

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