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Un défi algérien: Passer de l'exception à l'exemple

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Depuis le déclenchement, à la fin de l'année 2010 en Tunisie, de ce que la presse internationale baptisera les "Printemps arabes", l'Algérie n'a cessé d'être l'objet de toutes les spéculations. Les scénarii les plus fantaisistes, mais aussi les plus sombres, n'ont cessé d'être mis de l'avant. Pour leurs auteurs, il était impossible que le pays échappe au tourbillon qui emportait l'un après l'autre les régimes d'Etats voisins. C'était ignorer le caractère singulier de l'Algérie dans le monde arabe et musulman.

Après l'euphorie qui a gagné les rédactions et les plateaux de télévision face à la "révolution du jasmin" et autres "printemps arabes", l'heure est désormais aux bilans. Bilans négatifs s'il en est, parfois même désastreux.

Une remarque s'impose d'emblée si l'on veut faire une lecture apaisée et lucide des évènements qui ont enfoncé, depuis trois ans, une partie des pays arabes et d'Afrique du Nord dans une zone de fortes turbulences. Exception faite du royaume du Maroc qui a été quelque peu ébranlé, aucune monarchie n'a été emportée par ce qui était présenté comme une lame de fond à laquelle rien ne pouvait résister. Au Bahreïn la révolte populaire a été écrasée dans le sang par l'armée d'un puissant voisin sans que cela n'émeuve les "dépositaires traditionnels" de la conscience universelle. Mieux, ou pire, certaines monarchies du Golfe, dont les rapports à la démocratie et aux droits humains ne constituent pas un exemple, se sont érigées en redresseurs de torts, en alliance avec certaines puissances occidentales. Au nom de la démocratie et des libertés!

Pour les esprits lucides et impartiaux cela suffisait déjà à jeter le doute sur les véritables motivations de ces mouvements ou, en tout cas, de leurs sponsors étrangers. Sans rien diminuer, bien sûr, de l'aspiration réelle des peuples à en finir avec des régimes autocratiques corrompus pour accéder à la démocratie, à la modernité, aux libertés et au développement.

LIRE La réponse du député honoraire Tarik Mira: En quoi l'Algérie est-elle une exception?


Au Mouvement Populaire Algérien (MPA) nous avions rapidement perçu le danger. Nous avons toujours considéré que le changement, dans quelque pays que ce soit, ne vaut que s'il mène vers le meilleur et non vers le pire. Or, il devenait de plus en plus évident que les "printemps arabes", au grand dam des authentiques révolutionnaires qui ont mis leur vie en danger pour faire accéder leurs pays respectifs à la démocratie et à la modernité, faisaient partout le lit de régimes théocratiques dont les acteurs étaient à l'affût.

Certes, des dictateurs sont tombés. Ben Ali exilé, Moubarak emprisonné et jugé, Kadhafi éliminé. Il ne se trouvera personne pour les regretter. Même si, dans le cas de Kadhafi, la manière dont les services occidentaux l'ont livré au lynchage n'honore pas les auteurs et les complices de ce qui reste un crime abjecte en dépit de la personnalité de la victime.

Aujourd'hui, la Tunisie et l'Egypte font face à des crises politiques complexes, sur fond de violence, alors que leurs économies respectives sont disloquées. La Libye, détruite en partie par les bombardements de l'OTAN, est livrée à des milices incontrôlables et risque à tout moment la partition. Sans compter que dans son sillage, un autre pays, le Mali, a frôlé lui aussi la partition et a failli tomber entre les mains des tenants de l'ordre théocratique.

Ce qui se passe en Syrie et déborde sur le Liban met à nu une attitude occidentale ambiguë et contradictoire. Les insurgés syriens, sans projet connu, hétérogènes dans leur composante, sont organisés en factions, désormais en guerre entre elles. Il n'est pas superflu, à ce propos, de relever qu'au moins un millier de djihadistes européens, sont sur le terrain des opérations en Syrie. Là aussi, bien que Bachar Al Assad et son régime ne sont dignes d'aucune sympathie, il eût été dramatique pour la Syrie et l'ensemble de la région que le pays tombât aux mains des milices intégristes.

L'Algérie constitue une exception dans la sphère arabo-musulmane

Au plus fort des évènements qui ont ébranlé le monde arabe, nombreux sont les politologues et autres analystes de circonstance à prédire que l'Algérie allait à son tour être emportée par le tourbillon. C'était méconnaître l'Algérie, son histoire, sa réalité et son peuple. Assurément, l'Algérie constitue une exception dans la sphère arabo-musulmane.

C'est d'abord le seul pays de cette sphère à s'être libéré du joug colonial par les armes, après huit ans d'une guerre particulièrement sanglante et au prix de plus d'un million de martyrs. C'est un pays qui, au lendemain de l'indépendance, s'est érigé en république moderne même si certains choix politiques et économiques n'étaient pas des plus opportuns.

Le peuple algérien ne s'est jamais départi d'une certaine tradition de lutte héritée de sa longue histoire. Jaloux de leurs droits et de leurs libertés, les Algériens ont été les artisans de leurs propres printemps, loin des manipulations et des effets de mode. Le long des années 80, par exemple, l'Algérie a été traversée de mouvements cycliques, parfois durement réprimés, porteurs de revendications en faveur de la démocratie, des libertés et de la promotion des droits humains.
Dès 1989 le pluralisme politique a été consacré et la presse écrite libérée. Près d'une centaine de titres quotidiens à la liberté de ton que peuvent envier certaines sociétés avancées sont tous les jours dans les kiosques.

Et, comme rien n'a été épargné au pays, le long de la décennie 90 l'Algérie a fait face au terrorisme qu'elle a vaincu. Elle l'a vaincu seule, en payant le prix fort, dans l'incompréhension générale sinon la complicité parfois assumée de certaines parties. L'expérience a été rude mais elle a conforté encore plus les Algériens dans leur patriotisme et leur attachement à la démocratie et à la modernité, les deux valeurs principalement ciblées par le terrorisme.

Ce sont là quelques éléments qui font de l'Algérie une exception et expliquent, en partie, pourquoi les "printemps arabes" se sont arrêtés à nos frontières, en dépit des tentatives des uns et des autres d'entraîner le pays dans une aventure dangereuse et sans lendemain.

L'Algérie a donc résisté à toutes les tentatives de déstabilisation, l'une des dernières en date étant l'attaque du site gazier de Tiguentourine, à In Amenass, dans le sud du pays, par un groupe terroriste lourdement armé, venu d'un pays voisin et composé de mercenaires étrangers.

Aussi, c'est dans un climat calme et serein que le Président de la République vient de d'annoncer sa candidature pour un 4e mandat à l'élection présidentielle du 17 avril prochain. Une élection pluraliste, qui sera un rendez-vous de confrontation d'idées et de projets, dans le plein respect du jeu démocratique et à l'issue duquel le peuple algérien décidera en toute souveraineté de l'identité de son futur président.

Les amateurs de vaines polémiques ne manquent pas d'ironiser à ce sujet, certaines parties lui déniant même ce droit, faisant fi des dispositions constitutionnelles en la matière.

Au MPA nous ne faisons pas mystère de notre soutien plein et entier. En effet, tous les moyens du parti seront mobilisés pour faire campagne à son profit. Quant à ceux qui évoquent l'état de santé du président pour lui barrer la route d'un nouveau mandat, une seule réponse : on ne peut imaginer le président Bouteflika, un combattant de la première heure qui a consacré sa vie au pays, briguer un nouveau mandat s'il n'a pas l'assurance et la conviction d'être à la hauteur des missions qui seraient alors les siennes.

Les zones de turbulence que traversent les pays et les sociétés arabes montrent, en définitive, que ces pays et ces sociétés sont en quête d'un devenir. Un devenir sur la route duquel se dresse un défi majeur : comment construire la démocratie en terre d'Islam ? A ce sujet, l'Algérie se doit de composer avec le réel. Il s'agit de gérer au plus près le juste équilibre entre, d'une part, l'exigence démocratique et, d'autre part, l'impératif de paix et de stabilité. C'est cette voie qu'emprunte le pays.

Et c'est cette voie qui permettra à l'Algérie de relever ce nouveau défi qui est le sien: passer de l'exception à l'exemple.

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