Pour détourner l'attention d'une situation exceptionnelle, unique en son genre, qui est la candidature d'une personne impotente à la présidence de la République, les thuriféraires du régime se lancent à l'assaut de l'opinion en vantant la stabilité du pays. Le ministère des Affaires étrangères est allé jusqu'à inventer un concept - "l'Algérie est exportatrice nette de stabilité" - tandis que des zélateurs considèrent que cette situation est même un exemple. Raisonnons froidement et commençons à nous poser quelques questions simples par rapport à ces affirmations péremptoires.
Comment, dans une situation décrite favorablement au régime, celui-ci s'acharne-t-il à reconduire un homme malade, incapable de prononcer une phrase audible devant le Conseil constitutionnel? Cette image a fait le buzz au niveau mondial, déclenchant sarcasmes, rires et moqueries à l'encontre de notre pays. Au passage, ceux qui se sont prêtés à ce jeu cynique infligent une humiliation au président lui-même. Il est vrai que chez ces gens-là, le pouvoir est comme l'argent, il n'a pas d'odeur.
Comment se fait-il que le régime décrit comme étant si solide, stable à faire pâlir ses pairs de la Ligue arabe, se remet à un homme, un seul, quand bien même il est en décalage complet avec la sociologie du pays? Serait-il l'homme providentiel, acception refusée par la République, et qui, en même temps, si c'est le cas, est le signe de l'incapacité du régime à se renouveler? Le retour aux affaires d'Ouyahia et de Belkhadem accrédite plutôt cette dernière thèse.
Comment peut-on soutenir que le régime est stable alors que, sur le plan interne, les déchirures sont publiques et que les clans s'affrontent non pas dans un débat serein et constructif, mais dans des insultes où aucune institution n'a été à l'abri de dénigrements et d'insultes? Les passes d'armes entre le SG du FLN et quelques militaires, degré zéro de la politique, est significatif du niveau de désagrégation de l'Etat. Cet épisode met en exergue l'instabilité du système qui, comme tous ceux qui lui ressemblent, ne réfléchit pas à l'avenir mais à durer.
Comment se fait-il que depuis la levée de l'état d'urgence depuis deux ans, les manifestations de rue à caractère politique et pacifique sont interdites, surtout à Alger? Du reste, l'Algérie est de tous les pays de la Ligue arabe celui qui connaît le plus de manifestations corporatistes et revendicatives malgré les interdictions et la répression. Voilà une exception à contre-exemple de la stabilité vendue à l'opinion publique.
En quoi le régime est-il une exception quand des dirigeants du premier cercle, présidant aux destinées du trésor du pays - l'énergie - sont éclaboussés par des affaires de corruption sans qu'ils soient inquiétés outre mesure? Leur extradition n'est pas demandée par le gouvernement. Où se situe le blocage? Il paraît que ces affaires sont seulement destinées à régler ses comptes en interne et permettre à des clans d'occuper aux dépens d'autres des positions au sein des institutions étatiques. On est plutôt dans la normalité d'un Etat de non-droit.
L'Algérie est une exception dans la prestidigitation
Le régime algérien - se confondant à l'occasion avec le pays - vend l'idée que tout bouleversement institutionnel débouchera sur une situation de violence qui amènera le chaos.
Il cite en exemple la Libye, oubliant que ce pays n'a pas été un Etat mais un appareil administratif aux mains d'une famille de sarpates. Il cite l'Egypte avec un régime qui ressemble drôlement au nôtre et, enfin, la Syrie pour laquelle on souhaite le maintien de Bachar. A l'occasion, on critique la communauté internationale d'avoir osé se soucier un tant soit peu de la situation qu'on voudrait voir rester telle quelle pour ne pas susciter l'exemple.
Les dirigeants algériens disent d'ailleurs en paraphrasant De Gaulle lorsqu'il avait reconnu la Chine populaire que "son pays reconnaissait les Etats et non les régimes". C'est exactement la force et la chance de ce régime qui a squatté l'Etat, confondant sciemment ses intérêts propres avec ceux du pays pour continuer à le gouverner sous le règne de la dilapidation, de la manipulation et de la gabegie.
Entre-temps et malgré l'expérience éprouvée dans la lutte antiterroriste, l'affaissement de l'Etat au plan institutionnel à cause de multiples facteurs entraine son abaissement en matière de souveraineté. C'est la citoyenneté, le droit de choisir librement son régime et ses dirigeants, qui fait la force d'un Etat et d'une nation. Lorsque les forces de sécurité d'un Etat sont réduites à une armée de régime, elles deviennent obsolètes et impuissantes devant leur unique tache: la défense du pays. Voyez les armées sadatiennes et kadafiennes, pourtant bien équipées, détruites en un tour de main.
Les zélateurs du pouvoir algérien font silence sur le cas de la Tunisie. Voilà un Etat qui a été un exemple en matière de droit des femmes dans un régime autoritaire, le contraire de son homologue algérien, et qui, après avoir chassé Ben Ali se dote d'une Constitution consensuelle qui consacre l'Etat civil et démocratique. L'exception et tout à la fois l'exemple qu'a incarnés la Tunisie est la voie la plus redoutée par le pouvoir algérien. Ce dernier a toujours été dans l'octroi et le contrôle.
La prochaine élection présidentielle ressemble à ses devancières où tout est joué à l'avance. Elle introduit une nouveauté. La minorité d'obligés, qui deviendra par la grâce de la fraude la proportion la plus importante du corps électoral, croit pouvoir choisir son président alors que l'enjeu caché est qui sera bientôt le remplaçant de Bouteflika. Une révision constitutionnelle qui introduirait la vice-présidence de l'Etat entrera bientôt en vigueur.
Cela s'appelle de la prestidigitation. C'est en cela que le régime algérien est une exception.
LIRE: Un défi algérien - Passer de l'exception à l'exemple, par le ministre Amara Benyounes
Comment, dans une situation décrite favorablement au régime, celui-ci s'acharne-t-il à reconduire un homme malade, incapable de prononcer une phrase audible devant le Conseil constitutionnel? Cette image a fait le buzz au niveau mondial, déclenchant sarcasmes, rires et moqueries à l'encontre de notre pays. Au passage, ceux qui se sont prêtés à ce jeu cynique infligent une humiliation au président lui-même. Il est vrai que chez ces gens-là, le pouvoir est comme l'argent, il n'a pas d'odeur.
Comment se fait-il que le régime décrit comme étant si solide, stable à faire pâlir ses pairs de la Ligue arabe, se remet à un homme, un seul, quand bien même il est en décalage complet avec la sociologie du pays? Serait-il l'homme providentiel, acception refusée par la République, et qui, en même temps, si c'est le cas, est le signe de l'incapacité du régime à se renouveler? Le retour aux affaires d'Ouyahia et de Belkhadem accrédite plutôt cette dernière thèse.
Comment peut-on soutenir que le régime est stable alors que, sur le plan interne, les déchirures sont publiques et que les clans s'affrontent non pas dans un débat serein et constructif, mais dans des insultes où aucune institution n'a été à l'abri de dénigrements et d'insultes? Les passes d'armes entre le SG du FLN et quelques militaires, degré zéro de la politique, est significatif du niveau de désagrégation de l'Etat. Cet épisode met en exergue l'instabilité du système qui, comme tous ceux qui lui ressemblent, ne réfléchit pas à l'avenir mais à durer.
Comment se fait-il que depuis la levée de l'état d'urgence depuis deux ans, les manifestations de rue à caractère politique et pacifique sont interdites, surtout à Alger? Du reste, l'Algérie est de tous les pays de la Ligue arabe celui qui connaît le plus de manifestations corporatistes et revendicatives malgré les interdictions et la répression. Voilà une exception à contre-exemple de la stabilité vendue à l'opinion publique.
En quoi le régime est-il une exception quand des dirigeants du premier cercle, présidant aux destinées du trésor du pays - l'énergie - sont éclaboussés par des affaires de corruption sans qu'ils soient inquiétés outre mesure? Leur extradition n'est pas demandée par le gouvernement. Où se situe le blocage? Il paraît que ces affaires sont seulement destinées à régler ses comptes en interne et permettre à des clans d'occuper aux dépens d'autres des positions au sein des institutions étatiques. On est plutôt dans la normalité d'un Etat de non-droit.
L'Algérie est une exception dans la prestidigitation
Le régime algérien - se confondant à l'occasion avec le pays - vend l'idée que tout bouleversement institutionnel débouchera sur une situation de violence qui amènera le chaos.
Il cite en exemple la Libye, oubliant que ce pays n'a pas été un Etat mais un appareil administratif aux mains d'une famille de sarpates. Il cite l'Egypte avec un régime qui ressemble drôlement au nôtre et, enfin, la Syrie pour laquelle on souhaite le maintien de Bachar. A l'occasion, on critique la communauté internationale d'avoir osé se soucier un tant soit peu de la situation qu'on voudrait voir rester telle quelle pour ne pas susciter l'exemple.
Les dirigeants algériens disent d'ailleurs en paraphrasant De Gaulle lorsqu'il avait reconnu la Chine populaire que "son pays reconnaissait les Etats et non les régimes". C'est exactement la force et la chance de ce régime qui a squatté l'Etat, confondant sciemment ses intérêts propres avec ceux du pays pour continuer à le gouverner sous le règne de la dilapidation, de la manipulation et de la gabegie.
Entre-temps et malgré l'expérience éprouvée dans la lutte antiterroriste, l'affaissement de l'Etat au plan institutionnel à cause de multiples facteurs entraine son abaissement en matière de souveraineté. C'est la citoyenneté, le droit de choisir librement son régime et ses dirigeants, qui fait la force d'un Etat et d'une nation. Lorsque les forces de sécurité d'un Etat sont réduites à une armée de régime, elles deviennent obsolètes et impuissantes devant leur unique tache: la défense du pays. Voyez les armées sadatiennes et kadafiennes, pourtant bien équipées, détruites en un tour de main.
Les zélateurs du pouvoir algérien font silence sur le cas de la Tunisie. Voilà un Etat qui a été un exemple en matière de droit des femmes dans un régime autoritaire, le contraire de son homologue algérien, et qui, après avoir chassé Ben Ali se dote d'une Constitution consensuelle qui consacre l'Etat civil et démocratique. L'exception et tout à la fois l'exemple qu'a incarnés la Tunisie est la voie la plus redoutée par le pouvoir algérien. Ce dernier a toujours été dans l'octroi et le contrôle.
La prochaine élection présidentielle ressemble à ses devancières où tout est joué à l'avance. Elle introduit une nouveauté. La minorité d'obligés, qui deviendra par la grâce de la fraude la proportion la plus importante du corps électoral, croit pouvoir choisir son président alors que l'enjeu caché est qui sera bientôt le remplaçant de Bouteflika. Une révision constitutionnelle qui introduirait la vice-présidence de l'Etat entrera bientôt en vigueur.
Cela s'appelle de la prestidigitation. C'est en cela que le régime algérien est une exception.
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