Le chef du gouvernement tunisien Mehdi Jomâa doit atterrir à Washington le 2 avril pour une visite à Barack Obama, et les Américains s'y préparent déjà. Dans une lettre ouverte au Secrétaire d'Etat John Kerry, 65 personnalités américaines demande à l'administration US de renforcer son soutien à la Tunisie.
Politiciens, acteurs de la société civile ou encore présidents d'organisations internationales, ils émettent 7 recommandations. Si l'initiative reflète de bonnes intentions, les motivations vont chercher au-delà de la bonté de coeur.
Reçus 7 sur 7
Alors que 2014 devrait inaugurer un "Dialogue stratégique" entre les Etats-Unis et la Tunisie, les 65 ont identifié - en adéquation avec le gouvernement Jomâa - les deux défis majeurs: l'économie et la sécurité.
Pour aider à redorer le blason tunisien aux yeux des touristes, les 65 préconisent de relativiser les avertissements portant sur les déplacements dans le pays. Ces avertissements "ne sont pas adaptées aux réalités politiques tunisiennes et ne reflètent pas l'expérience des millions de personnes qui visitent le pays chaque année", souligne-t-on dans la lettre.
Alarmiste, le "Travel Warning" actuel du département d'Etat américain mentionne notamment un état d'urgence "toujours opérationnel" - il a été levé le 6 mars 2014.
Outre le tourisme et une mention spéciale pour le "respect des droits de l'homme" dans le cadre de la politique sécuritaire, les recommandations se focalisent principalement sur les enjeux économiques. Les 65 demandent à John Kerry "d'accroître l'assistance économique" et de "créer une mission USAID permanente en Tunisie", soulignant par ailleurs la nécessité de favoriser le secteur privé tout en éradiquant la corruption.
Mais les 65 n'en restent pas là. Ils se font également avocats d'un "accord de libre échange" entre les deux pays, et demandent à l'administration américaine de s'engager sur cette voie. La Tunisie ne serait pas le premier pays de la région à ainsi favoriser le commerce bilatéral avec les Américains, qui avaient signés un tel accord dès 2004 avec le Maroc.
Pour ne pas en rester qu'à l'échange de produits, les 65 préconisent par ailleurs de multiplier les échanges étudiants, de chercheurs et d'acteurs de la société civile. Lors de sa visite à Tunis en février, John Kerry avait déjà annoncé une rallonge de 10 millions de dollars pour la bourse Jefferson permettant aux Tunisiens de partir étudier aux Etats-Unis.
Deux raisons pour 65 signatures
Les promoteurs de la lettre ouverte ont brassé large pour rassembler quantité de signatures de poids, dont 8 parlementaires, 4 anciens ambassadeurs à Tunis, des présidents et des directeurs généraux. Parfois peu concerné professionnellement par l'actualité tunisienne, ce n'est pas par excès de philanthropie que tout ce beau monde a daigné signer.
Ses auteurs ne cachent pas leurs motivations: la promotion de la démocratie et les intérêts stratégiques des Etats-Unis. Le pays du "premier transfert de pouvoir pacifique parmi les démocraties arabes" attire les convoitises.
"Pour le bénéfice de nos deux nations, ceci est un moment-clé", rappellent les 65. Il ne s'agit pas que de la Tunisie, dont la consolidation pourra "servir d'exemple dans la région".
La région, justement, où les Etats-Unis peinent à établir des relations approfondies, hormis avec Israël. Les Américains ont changé de cap, s'éloignant de l'Arabie saoudite pour renouer, peu à peu, avec l'Iran. La relation avec le Maroc reste forte, mais le royaume chérifien est géographiquement éloigné du Proche-Orient.
Alors que Mehdi Jomâa rentre tout juste d'une tournée dans les pays du Golfe, les Etats-Unis ont tout intérêt à renforcer leurs liens, économiques comme politiques, avec une Tunisie susceptible de devenir la seule démocratie stable en Afrique du Nord.
Aux yeux des 65, la Tunisie pourrait ainsi devenir "un allié régional clé et un rempart contre des évolutions négatives en Afrique du Nord".
Politiciens, acteurs de la société civile ou encore présidents d'organisations internationales, ils émettent 7 recommandations. Si l'initiative reflète de bonnes intentions, les motivations vont chercher au-delà de la bonté de coeur.
Reçus 7 sur 7
Alors que 2014 devrait inaugurer un "Dialogue stratégique" entre les Etats-Unis et la Tunisie, les 65 ont identifié - en adéquation avec le gouvernement Jomâa - les deux défis majeurs: l'économie et la sécurité.
Pour aider à redorer le blason tunisien aux yeux des touristes, les 65 préconisent de relativiser les avertissements portant sur les déplacements dans le pays. Ces avertissements "ne sont pas adaptées aux réalités politiques tunisiennes et ne reflètent pas l'expérience des millions de personnes qui visitent le pays chaque année", souligne-t-on dans la lettre.
Alarmiste, le "Travel Warning" actuel du département d'Etat américain mentionne notamment un état d'urgence "toujours opérationnel" - il a été levé le 6 mars 2014.
Outre le tourisme et une mention spéciale pour le "respect des droits de l'homme" dans le cadre de la politique sécuritaire, les recommandations se focalisent principalement sur les enjeux économiques. Les 65 demandent à John Kerry "d'accroître l'assistance économique" et de "créer une mission USAID permanente en Tunisie", soulignant par ailleurs la nécessité de favoriser le secteur privé tout en éradiquant la corruption.
Mais les 65 n'en restent pas là. Ils se font également avocats d'un "accord de libre échange" entre les deux pays, et demandent à l'administration américaine de s'engager sur cette voie. La Tunisie ne serait pas le premier pays de la région à ainsi favoriser le commerce bilatéral avec les Américains, qui avaient signés un tel accord dès 2004 avec le Maroc.
Pour ne pas en rester qu'à l'échange de produits, les 65 préconisent par ailleurs de multiplier les échanges étudiants, de chercheurs et d'acteurs de la société civile. Lors de sa visite à Tunis en février, John Kerry avait déjà annoncé une rallonge de 10 millions de dollars pour la bourse Jefferson permettant aux Tunisiens de partir étudier aux Etats-Unis.
Deux raisons pour 65 signatures
Les promoteurs de la lettre ouverte ont brassé large pour rassembler quantité de signatures de poids, dont 8 parlementaires, 4 anciens ambassadeurs à Tunis, des présidents et des directeurs généraux. Parfois peu concerné professionnellement par l'actualité tunisienne, ce n'est pas par excès de philanthropie que tout ce beau monde a daigné signer.
Ses auteurs ne cachent pas leurs motivations: la promotion de la démocratie et les intérêts stratégiques des Etats-Unis. Le pays du "premier transfert de pouvoir pacifique parmi les démocraties arabes" attire les convoitises.
"Pour le bénéfice de nos deux nations, ceci est un moment-clé", rappellent les 65. Il ne s'agit pas que de la Tunisie, dont la consolidation pourra "servir d'exemple dans la région".
La région, justement, où les Etats-Unis peinent à établir des relations approfondies, hormis avec Israël. Les Américains ont changé de cap, s'éloignant de l'Arabie saoudite pour renouer, peu à peu, avec l'Iran. La relation avec le Maroc reste forte, mais le royaume chérifien est géographiquement éloigné du Proche-Orient.
Alors que Mehdi Jomâa rentre tout juste d'une tournée dans les pays du Golfe, les Etats-Unis ont tout intérêt à renforcer leurs liens, économiques comme politiques, avec une Tunisie susceptible de devenir la seule démocratie stable en Afrique du Nord.
Aux yeux des 65, la Tunisie pourrait ainsi devenir "un allié régional clé et un rempart contre des évolutions négatives en Afrique du Nord".
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