Quantcast
Channel: Huffington Post Maghreb Athena - All
Viewing all articles
Browse latest Browse all 32453

Tourisme: Comment les gouvernements étrangers présentent la Tunisie à leurs ressortissants

$
0
0
Il y a deux mois, elle a annoncé vouloir "sauver les 20 prochaines saisons" touristiques. Depuis, Amel Karboul a multiplié les initiatives, affirmant notamment que "toutes les nationalités sont les bienvenues en Tunisie".

La ministre du Tourisme souhaite également "regagner la confiance des marchés de ceux qui sont déjà nos clients". Outre la Libye et l'Algérie, pour lesquels les chiffres ne distinguent pas touristes et commerçants, la France (985.000), l'Allemagne (411.000), le Royaume-Uni (329.000), l'Italie (216.000) et l'Espagne (30.000) figuraient en 2012 dans le groupe de tête des pays fournisseurs de touristes à la Tunisie.

Mais pour "regagner" cette "confiance", la Tunisie doit avant tout compter sur la première interface recherchée par les touristes potentiels. Sur les sites des différents ministères des Affaires étrangères, les fiches d'avertissement aux voyageurs font de la prévention. Alarmistes et parfois loufoques, les avertissements ont de quoi faire peur.

Mentions générales

A propos de la Tunisie, les gouvernements étrangers s'accordent sur un certain nombre d'appréciations. Il est ainsi conseillé d'éviter "les rassemblements" et "les foules", parfois même les "lieux publics" de manière générale (Italie) ou encore les "déplacements de nuit", pour minimiser les risques habituels: le "terrorisme" et les "enlèvements".

Côté géographie, les lignes se suivent et se ressemblent. On déconseille formellement les alentours du mont Châambi - où l'armée continue à combattre des "éléments terroristes", rappelle l'Espagne - ainsi que les frontières limitrophes avec l'Algérie et la Libye. Sans oublier de mentionner la "zone militaire" du Sud, pour laquelle il faut de toute façon obtenir un laisser-passer du ministère de la Défense nationale.

D'autres zones, notamment Médenine, Tataouine et Sidi Bouzid, parfois Jendouba pour les sites les plus à jour, sont également déconseillés.

Les "conseils aux voyageurs" d'éviter des régions de l'intérieur font concurrence à l'appel d'Amel Karboul à redynamiser le "tourisme des régions".

Seule l'Allemagne détonne singulièrement. Contrairement à la Libye, à l'Algérie, au Liban ou encore au Yémen et à l'Egypte, la Tunisie ne figure pas sur la liste des pays pour lesquels le ministère des Affaires étrangères allemand avertit ses ressortissants.

Mentions spéciales

Si les gouvernements étrangers ont accordé la plupart de leurs violons, chacun y va tout de même de ses propres détails.

L'Italie invite ainsi ses ressortissants à éviter les quartiers "en difficulté économique", tandis que le Royaume-Uni prévient ses touristes du comportement "imprévisible" des automobilistes tunisiens.

Des régions traditionnellement ou potentiellement touristiques ne sont pas épargnées par certains ministères. Le Royaume-Uni va ainsi jusqu'à déconseiller - "sauf impératif absolu" - des villes comme Nefta et Douz. De mauvais augure pour le festival des Dunes électroniques et l'ambition de la ministre du Tourisme pour le Sud tunisien.

L'Italie propose de son côté d'éviter le Kef - et d'ignorer la table de Jugurtha? - et d'être prudent dans les gouvernorats de Bizerte et de Monastir à cause des "évènements liés à l'intégrisme religieux salafiste".

Pour l'Espagne, Tozeur et Kebili sont à faire "en groupe" et "avec la plus grande prudence". Un chameau pourrait surgir à tout moment.

Alors que tous les gouvernements invitent leurs ressortissants à "coopérer avec les forces de l'ordre", les Espagnols n'hésitent pas à les qualifier de "habituellement efficaces". Si l'adverbe peut surprendre, c'est parce que les agents ne semblent pas entièrement fiables.

"Malheureusement, la pratique veut que les agents de sécurité ne remettent pas de copies des plaintes déposées dans les commissariats".


Toujours selon l'Espagne, les vols et les agressions auraient d'ailleurs récemment augmenté dans les zones urbaines et touristiques. Mais d'après les chiffres du ministère de l'Intérieur tunisien, le nombre de faits criminels "constatés" n'auraient pourtant qu'à peine augmenté de 2012 à 2013. Le nombre de vols auraient même diminué.

Les Espagnols vont jusqu'à contredire les Italiens. Tandis que les premiers n'identifient "aucunes zones de risque sanitaire", les Italiens tiennent à mentionner "la présence du corona virus".

Finalement, les Français proposent une précaution non sans message implicite: "En cas de détonation: n'approchez jamais des fenêtres".

Un semblant de confiance... pour les sentiers battus

Même si la plupart (Italie, Royaume-Uni, Allemagne) rappellent que les touristes étrangers n'ont jusqu'à alors pas été affectés par les évènements, les ministères étrangers n'en restent pas moins alarmistes. Au point d'inciter les touristes à ne plus sortir de leurs hôtels.

Le Royaume-Uni précise ainsi aux potentiels touristes que "la plupart des touristes britanniques demeurent dans des resorts sur la côte et que la plupart des séjours se déroulent sans soucis". Autant dire qu'un touriste en sécurité est un touriste qui joue au golf et profite de la plage.

A la lumière des "mouvements sociaux" dans les régions du centre, la France incite quant à elle ses ressortissants à "privilégier les déplacements par voie aérienne pour rejoindre les zones touristiques du Sud-Ouest".

Le ministre du Tourisme tunisienne souhaite "diversifier" une industrie touristique qu'elle aimerait "moins focalisée sur le balnéaire". A en croire les avertissements étrangers, l'entreprise s'avère périlleuse.

Retrouvez les articles du HuffPost Maghreb sur notre page Facebook.

Viewing all articles
Browse latest Browse all 32453

Trending Articles



<script src="https://jsc.adskeeper.com/r/s/rssing.com.1596347.js" async> </script>