Le premier long métrage de la tunisienne Kaouther Ben Hania "Le challat de Tunis" sortira le 1er avril prochain. Un titre qui fait appel aux imaginaires de nombreux tunisiens.
Originaire de Sidi Bouzid, la jeune réalisatrice tunisienne a suivi une formation commerciale avant d'intégrer l'Ecole des arts et du cinéma (EDAC) de Tunis, elle rejoint par la suite la prestigieuse École nationale supérieure des métiers de l'image et du son de La Fémis sur les hauteurs de Montmartre à Paris.
Un excellent CV pour la tunisienne qui a déjà réalisé plusieurs courts métrages comme K (2001), La fenêtre (2002) et La brèche (2003) puis Panoramique sur le monde (2003) et Moi, ma soeur et "la chose" (2006). Ce dernier aborde la vision d'un enfant au moment de la nuit de noces lorsque sa grande soeur perdra sa virginité mais également son innocence.
Kaouther Ben Hania a pour habitude de dénoncer la condition des femmes dans une société tunisienne empreinte au machisme. Dans son nouveau film, la réalisatrice s'en prend une nouvelle fois à ces questions en abordant la légende du "challat", personnage violent, qui balafre, fouette des femmes dans des espaces publics.
Synopsis:
Partant d'un fait divers en 2003, devenu légende urbaine en Tunisie comme dans plusieurs pays du Moyen-Orient, le challat de Tunis, cet homme mystérieux qui aurait agressé plusieurs femmes tunisiennes de sa lame de barbier, habillées, selon lui, trop à l'occidentale. Les faits se sont déroulés alors que le président Ben Ali était au pouvoir. L'enquête se mène après le soulèvement populaire de 2011. La réalisatrice dresse ici, dans un film d'une durée d'1h30, le portrait d'une société tunisienne en pleine effervescence où où le corps féminin (mais surtout les fesses) reste un enjeu de taille.
Découvrez la bande annonce du film
Contactée par le HuffPost Maghreb, la réalisatrice explique:"la dictature, les codes de la femme, une société assez conservatrice, la peur fait que ce genre de fait divers émergent. Moi ce qui m'intéresse c'était de savoir pourquoi un homme comme lui pouvait être mené à faire cela, il y a tout une symbolique derrière qui revient finalement aux problèmes sociaux tunisiens."
La réalisatrice insiste, elle n'est pas une militante féministe, elle travaille comme une documentariste sans prendre parti. Le challat se veut être un miroir de la société, le spectateur est invité a se poser des questions sur ses propres convictions au regard de faits : "je voulais comprendre pourquoi un homme était amené à faire cela"
Le film s'est vite transformé en un faux documentaire ou "documenteur", sous fond de comédie noire, des personnages interprétant leurs propres rôles, notamment la réalisatrice elle-même qui se filme entrain d'enquêter.
Le challat de Tunis une "vraie" légende urbaine
Nour, jeune femme vivant dans la banlieue sud de Tunis se souvient de cette histoire qui l'aura marquée: "J'étais adolescente quand les gens commençaient à parler de ça. Sur le chemin du lycée, on en rigolait avec les copines, pour nous cela restait fictif, nous n'y avons jamais cru réellement!"
Celle qui est désormais en dernière année de faculté voit le challat comme créé de toute pièce "ce n'est qu'un fantasme refoulé des hommes tunisiens". Pour elle, ce qui n'était que des rumeurs étaient nées du "conservatisme de la société qui ne voulait en aucun cas que les femmes soient belles et attirantes". Elle se rappelle qu'à l'époque le voile n'était pas vraiment toléré : "il fallait trouver un autre moyen pour cacher les femmes, comme le souhaitent certains."
Eya, 36 ans, indique que pour elle le challat a existé "mes tantes d'ailleurs m'en parlent toujours" c'est un peu comme "Jack l'éventreur … mais de fesses tunisiennes!". Le challat était devenu une vraie menace : "avec les cousines on voulait sortir pour aller faire un tour, changer d'air, marcher ou juste s'amuser mais à chaque fois on nous demandait de faire attention à ce type et qu'il rodait souvent dans les rues de la Médina. On finissait pas rester à la maison, pour un énième weekend sans saveur".
Pour Eya, ces personnages feront toujours partis des sociétés arabes, elle en rit aujourd'hui et imagine que le Challat n'était "qu'un vieux pervers boiteux qui porte une canne, et qui je pense est impuissant! (rires)".
Le film sera distribué dans quatre salles tunisiennes, à Al Hambra à La Marsa, au cinémadart, dans la salle du Rio à Tunis et celle de l'Amilcar d'El Manar.
Originaire de Sidi Bouzid, la jeune réalisatrice tunisienne a suivi une formation commerciale avant d'intégrer l'Ecole des arts et du cinéma (EDAC) de Tunis, elle rejoint par la suite la prestigieuse École nationale supérieure des métiers de l'image et du son de La Fémis sur les hauteurs de Montmartre à Paris.
Un excellent CV pour la tunisienne qui a déjà réalisé plusieurs courts métrages comme K (2001), La fenêtre (2002) et La brèche (2003) puis Panoramique sur le monde (2003) et Moi, ma soeur et "la chose" (2006). Ce dernier aborde la vision d'un enfant au moment de la nuit de noces lorsque sa grande soeur perdra sa virginité mais également son innocence.
Kaouther Ben Hania a pour habitude de dénoncer la condition des femmes dans une société tunisienne empreinte au machisme. Dans son nouveau film, la réalisatrice s'en prend une nouvelle fois à ces questions en abordant la légende du "challat", personnage violent, qui balafre, fouette des femmes dans des espaces publics.
Synopsis:
Partant d'un fait divers en 2003, devenu légende urbaine en Tunisie comme dans plusieurs pays du Moyen-Orient, le challat de Tunis, cet homme mystérieux qui aurait agressé plusieurs femmes tunisiennes de sa lame de barbier, habillées, selon lui, trop à l'occidentale. Les faits se sont déroulés alors que le président Ben Ali était au pouvoir. L'enquête se mène après le soulèvement populaire de 2011. La réalisatrice dresse ici, dans un film d'une durée d'1h30, le portrait d'une société tunisienne en pleine effervescence où où le corps féminin (mais surtout les fesses) reste un enjeu de taille.
Contactée par le HuffPost Maghreb, la réalisatrice explique:"la dictature, les codes de la femme, une société assez conservatrice, la peur fait que ce genre de fait divers émergent. Moi ce qui m'intéresse c'était de savoir pourquoi un homme comme lui pouvait être mené à faire cela, il y a tout une symbolique derrière qui revient finalement aux problèmes sociaux tunisiens."
La réalisatrice insiste, elle n'est pas une militante féministe, elle travaille comme une documentariste sans prendre parti. Le challat se veut être un miroir de la société, le spectateur est invité a se poser des questions sur ses propres convictions au regard de faits : "je voulais comprendre pourquoi un homme était amené à faire cela"
Au départ elle voulait faire de ce fait divers "une fiction", elle enchaîne : "Sous Ben Ali nous n'avions pas les moyens d'enquêter sur des rapports policiers. Depuis que Ben Ali est parti, j'ai pu aller me documenter et essayer de comprendre l'origine de cette légende et constater qu'il a bel et bien existé et que le challat de Tunis n'a d'ailleurs jamais été arrêté."
Le film s'est vite transformé en un faux documentaire ou "documenteur", sous fond de comédie noire, des personnages interprétant leurs propres rôles, notamment la réalisatrice elle-même qui se filme entrain d'enquêter.
Le challat de Tunis une "vraie" légende urbaine
Nour, jeune femme vivant dans la banlieue sud de Tunis se souvient de cette histoire qui l'aura marquée: "J'étais adolescente quand les gens commençaient à parler de ça. Sur le chemin du lycée, on en rigolait avec les copines, pour nous cela restait fictif, nous n'y avons jamais cru réellement!"
Celle qui est désormais en dernière année de faculté voit le challat comme créé de toute pièce "ce n'est qu'un fantasme refoulé des hommes tunisiens". Pour elle, ce qui n'était que des rumeurs étaient nées du "conservatisme de la société qui ne voulait en aucun cas que les femmes soient belles et attirantes". Elle se rappelle qu'à l'époque le voile n'était pas vraiment toléré : "il fallait trouver un autre moyen pour cacher les femmes, comme le souhaitent certains."
Eya, 36 ans, indique que pour elle le challat a existé "mes tantes d'ailleurs m'en parlent toujours" c'est un peu comme "Jack l'éventreur … mais de fesses tunisiennes!". Le challat était devenu une vraie menace : "avec les cousines on voulait sortir pour aller faire un tour, changer d'air, marcher ou juste s'amuser mais à chaque fois on nous demandait de faire attention à ce type et qu'il rodait souvent dans les rues de la Médina. On finissait pas rester à la maison, pour un énième weekend sans saveur".
Pour Eya, ces personnages feront toujours partis des sociétés arabes, elle en rit aujourd'hui et imagine que le Challat n'était "qu'un vieux pervers boiteux qui porte une canne, et qui je pense est impuissant! (rires)".
Le film sera distribué dans quatre salles tunisiennes, à Al Hambra à La Marsa, au cinémadart, dans la salle du Rio à Tunis et celle de l'Amilcar d'El Manar.
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