Nul besoin d'être un spécialiste de la question pour constater que le mouvement des Frères Musulmans est en train de vivre une des périodes les plus sombres de son histoire. Le coup de grâce vient d'être donné par le gouvernement britannique lorsque le premier ministre David Cameron, à la surprise générale, a ordonné une enquête sur les activités du mouvement en Grande-Bretagne. Une évaluation à hauts risques pour un mouvement habitué à naviguer dans le gris de la clandestinité.
David Cameron avait lui même défini le cadre et la problématique de cette enquête en en résumant les interrogations: "Quelles sont leurs valeurs? Quelle est leur présence au Royaume-Uni? Croient-ils en l'extrémisme, ou en l'extrémisme violent? Quels sont leurs réseaux?".
Ce brusque tournant britannique intervient après deux séquences au cours desquelles le mouvement des Frères musulmans a subi deux violentes charges qui ont cassé son ossature. La première lorsque le ministre de la Défense égyptien, actuel candidat à la présidentielle égyptienne, Abdelfattah Sissi, dépose le président de Frères musulmans Mohamed Morsi, démantèle la confrérie et la déclare organisation terroriste. La seconde lorsqu'un pays aussi puissant que l'Arabie saoudite le range sur la liste des organisations terroristes qu'il faut non seulement réduire au silence mais dont il faut aussi assécher l'influence.
Lorsque ces deux pays, l'Egypte et l'Arabie saoudite avaient fait ces choix, rares étaient ceux qui pariaient sur une compréhension ou une complicité internationale. Bien au contraire nombreux étaient ceux qui misaient sur un haut-le-cœur international qui dénoncerait un excès d'autoritarisme susceptible de rouvrir la voie à tous les radicalismes.
Et pourtant la position britannique dément ces craintes. Et elle est d'autant plus parlante que Londres a toujours été reconnue sur la place internationale comme une capitale d'une tolérance excessive à l'égard de tous les groupes fondamentalistes. L'image d'un "Londonistan" à la faune interlope djihadiste venue des quatre coins du monde est encore présente dans les esprits. Il est vrai que cette stratégie était motivée par une volonté de tolérer pour mieux infiltrer et éventuellement manipuler.
Alors que les autres pays européens, notamment la France, montraient une intransigeance sans concessions à l'égard des tendances de l'islamisme radical au point de procéder régulièrement à des arrestations spectaculaires à but préventif et pédagogique, la Grande-Bretagne se distinguait par une politique d'ouverture et de tolérance à leur égard qui confirme pour les uns sa légendaire perfidie et pour les autres son douteux machiavélisme.
Ironie de l'histoire. En même temps que David Cameron ordonne une enquête qui ambitionne de jeter une lumière crue sur les activités des Frères musulmans, son gouvernement embauche comme conseiller pour les questions terroristes Tariq Ramadan, un des petits fils de Hassan El Banna, le fondateur de la confrérie des frères Musulmans. Tariq Ramadan est un personnage original de la galaxie islamique européenne qui a toujours pris la réflexion ambiante à contre courant. Modéré quant le ton est à la harangue. Radical quant l'ambiance est au consensus.
Le coup porté contre les frères Musulmans aujourd'hui est d'autant plus rude qu'il intervient après une période de grandes performances politiques. Dans le sillage du printemps arabe, la confrérie a su capitaliser la colère et investir le désir de démocratie et de réforme exprimée par les opinions arabes. Ainsi à la faveur d'élections transparentes, et parce qu'ils étaient la force la plus organisée du paysage politique arabes, les Frères musulmans ont ainsi pu rafler la mise. Ils avaient pris démocratiquement le pouvoir en Tunisie et et Égypte et s'apprêteraient à le faire par les armes et les chaos en Libye et en Syrie.
L'attitude de Londres à l'égard des Frères montre que l'influence de l'Arabie saoudite et de l'Egypte ont beaucoup pesé sur la balance. Même si cette enquête et ce rapport ne vont pas fatalement aboutir à des arrestations ou à des expulsions, ils participent de manière indéniable à exercer une pression supplémentaire sur les Frères musulmans qui après avoir encaissé la coupe de la décapitation égyptienne et de la mise sous quarantaine sécuritaire saoudienne, se sont repliés sur leurs bastions traditionnels pour mieux préparer leurs réponses.
Une interrogation demeure toutefois....Quelle va être l'attitude de l'administration américaine à l'égard des Frères musulmans? Surtout que dans sa stratégie de lutte contre Al Qaïda, l'Amérique a cru bon d'encourager ce qu'elle considère être l'Islam modéré au pouvoir, les frères Musulmans étaient dans sa conception les porteurs de son emblème. Il n'est pas du tout certain que l'Amérique de Barack Obama resterait à l'écart de ce processus de diabolisation des Frères lancé par le Caire et Ryad et validé par Londres.
Le processus de diabolisation lancé contre les Frères musulmans a pour objectif de les priver de tous les moyens d'existence, soit par offrandes de généreux donateurs soit par activités économiques parallèles. Ainsi ils sont présentés comme faisant partie d'une organisation internationale qui ressemble, à s'y méprendre , dans son agenda et sa structure à l'organisation terroriste d'Al Qaïda.
Et parce que Al Qaïda et les Frères musulmans sont tous les deux d'obédience sunnite et parce que le numéro Un d'Al Qaïda l'Egyptien Ayman Al Zawahiri est un ancien Frère musulman, la confrérie est accusée d'être une structure transnationale qui prône la violence et le terrorisme.
La confrérie a beau dire et affirmer que la violence n'est pas son mode d'expression et qu'elle l'a abandonnée depuis des lustres pour inscrire son action dans des processus politique apaisés, rien n'y fait. Elle est accusée par ses détracteurs d'être la tête qui nourrit l'hydre terroriste et crée l'atmosphère de son évolution.
David Cameron avait lui même défini le cadre et la problématique de cette enquête en en résumant les interrogations: "Quelles sont leurs valeurs? Quelle est leur présence au Royaume-Uni? Croient-ils en l'extrémisme, ou en l'extrémisme violent? Quels sont leurs réseaux?".
Ce brusque tournant britannique intervient après deux séquences au cours desquelles le mouvement des Frères musulmans a subi deux violentes charges qui ont cassé son ossature. La première lorsque le ministre de la Défense égyptien, actuel candidat à la présidentielle égyptienne, Abdelfattah Sissi, dépose le président de Frères musulmans Mohamed Morsi, démantèle la confrérie et la déclare organisation terroriste. La seconde lorsqu'un pays aussi puissant que l'Arabie saoudite le range sur la liste des organisations terroristes qu'il faut non seulement réduire au silence mais dont il faut aussi assécher l'influence.
Lorsque ces deux pays, l'Egypte et l'Arabie saoudite avaient fait ces choix, rares étaient ceux qui pariaient sur une compréhension ou une complicité internationale. Bien au contraire nombreux étaient ceux qui misaient sur un haut-le-cœur international qui dénoncerait un excès d'autoritarisme susceptible de rouvrir la voie à tous les radicalismes.
Lire aussi: Les stratégies de survie des Frères musulmans
Et pourtant la position britannique dément ces craintes. Et elle est d'autant plus parlante que Londres a toujours été reconnue sur la place internationale comme une capitale d'une tolérance excessive à l'égard de tous les groupes fondamentalistes. L'image d'un "Londonistan" à la faune interlope djihadiste venue des quatre coins du monde est encore présente dans les esprits. Il est vrai que cette stratégie était motivée par une volonté de tolérer pour mieux infiltrer et éventuellement manipuler.
Alors que les autres pays européens, notamment la France, montraient une intransigeance sans concessions à l'égard des tendances de l'islamisme radical au point de procéder régulièrement à des arrestations spectaculaires à but préventif et pédagogique, la Grande-Bretagne se distinguait par une politique d'ouverture et de tolérance à leur égard qui confirme pour les uns sa légendaire perfidie et pour les autres son douteux machiavélisme.
Ironie de l'histoire. En même temps que David Cameron ordonne une enquête qui ambitionne de jeter une lumière crue sur les activités des Frères musulmans, son gouvernement embauche comme conseiller pour les questions terroristes Tariq Ramadan, un des petits fils de Hassan El Banna, le fondateur de la confrérie des frères Musulmans. Tariq Ramadan est un personnage original de la galaxie islamique européenne qui a toujours pris la réflexion ambiante à contre courant. Modéré quant le ton est à la harangue. Radical quant l'ambiance est au consensus.
Le coup porté contre les frères Musulmans aujourd'hui est d'autant plus rude qu'il intervient après une période de grandes performances politiques. Dans le sillage du printemps arabe, la confrérie a su capitaliser la colère et investir le désir de démocratie et de réforme exprimée par les opinions arabes. Ainsi à la faveur d'élections transparentes, et parce qu'ils étaient la force la plus organisée du paysage politique arabes, les Frères musulmans ont ainsi pu rafler la mise. Ils avaient pris démocratiquement le pouvoir en Tunisie et et Égypte et s'apprêteraient à le faire par les armes et les chaos en Libye et en Syrie.
L'attitude de Londres à l'égard des Frères montre que l'influence de l'Arabie saoudite et de l'Egypte ont beaucoup pesé sur la balance. Même si cette enquête et ce rapport ne vont pas fatalement aboutir à des arrestations ou à des expulsions, ils participent de manière indéniable à exercer une pression supplémentaire sur les Frères musulmans qui après avoir encaissé la coupe de la décapitation égyptienne et de la mise sous quarantaine sécuritaire saoudienne, se sont repliés sur leurs bastions traditionnels pour mieux préparer leurs réponses.
Une interrogation demeure toutefois....Quelle va être l'attitude de l'administration américaine à l'égard des Frères musulmans? Surtout que dans sa stratégie de lutte contre Al Qaïda, l'Amérique a cru bon d'encourager ce qu'elle considère être l'Islam modéré au pouvoir, les frères Musulmans étaient dans sa conception les porteurs de son emblème. Il n'est pas du tout certain que l'Amérique de Barack Obama resterait à l'écart de ce processus de diabolisation des Frères lancé par le Caire et Ryad et validé par Londres.
Lire aussi: Le Qatar paye le prix de son soutien aux Frères musulmans
Le processus de diabolisation lancé contre les Frères musulmans a pour objectif de les priver de tous les moyens d'existence, soit par offrandes de généreux donateurs soit par activités économiques parallèles. Ainsi ils sont présentés comme faisant partie d'une organisation internationale qui ressemble, à s'y méprendre , dans son agenda et sa structure à l'organisation terroriste d'Al Qaïda.
Et parce que Al Qaïda et les Frères musulmans sont tous les deux d'obédience sunnite et parce que le numéro Un d'Al Qaïda l'Egyptien Ayman Al Zawahiri est un ancien Frère musulman, la confrérie est accusée d'être une structure transnationale qui prône la violence et le terrorisme.
La confrérie a beau dire et affirmer que la violence n'est pas son mode d'expression et qu'elle l'a abandonnée depuis des lustres pour inscrire son action dans des processus politique apaisés, rien n'y fait. Elle est accusée par ses détracteurs d'être la tête qui nourrit l'hydre terroriste et crée l'atmosphère de son évolution.
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