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Affaire des "martyrs et blessés de la révolution": Opinion publique et classe politique choquées suite au verdict de la Cour d'appel

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Des dizaines de jeunes activistes et de militants des droits de l'Homme se sont rassemblés dimanche après-midi, devant le Palais de Carthage, pour protester contre les jugements prononcés par la Cour d'appel militaire de Tunis dans les affaires des martyrs et blessés de la révolution.

Lire: Tunisie-Procès d'ex-responsables sous Ben Ali: Colère après des verdicts jugés trop "cléments"


Jonchant le trottoir situé en face de l'entrée principale du Palais de Carthage, les protestataires ont scandé des slogans de loyauté et de fidélité au sang des martyrs de la révolution, sous le contrôle prudent des forces de la sécurité présidentielle.

"La décision du tribunal militaire constitue une nouvelle violation des droits des martyrs après leur privation du droit à la vie", a lancé Adnène Brahmi, fils du député Mohamed Brahmi, assassiné le 25 juillet 2013.

Pour Walid Zarrouk, secrétaire général du syndicat de base des cadres des Prisons et institutions de réhabilitation pénitentiaire, également présent dans cette manifestation, "le verdict de la cour d'appel militaire est une transaction qui vient consacrer le principe d'impunité et mettre en doute l'indépendance du pouvoir judiciaire".

Quittant calmement les lieux après deux heures de protestation, les manifestants ont annoncé leur intention d'organiser d'autres mouvements de protestation au cours de la semaine prochaine.

La Cour d'appel militaire avait condamné samedi soir, l'ancien ministre de l'Intérieur Rafik Haj Kacem ainsi que 4 anciens responsables de sécurité, (Ali Seriati ainsi que les trois anciens directeurs du ministère de l'Intérieur Jalel Boudrigua, Adel Touiri et Lotfi Zouaoui), à 3 ans de prison.

Ces jugements ont été prononcés après examen par la chambre criminelle des affaires du Grand-Tunis et des martyrs
de la révolution à Thala, Kasserine, Tejerouine, Kairouan, Kerkenna et Sfax.




Réactions politiques

Le porte-parole de la présidence de la République Adnène Mansar a déclaré sur la chaîne TNN que pour Moncef Marzouki, ce jugement est "inattendu et choquant pour l'opinion publique". Le Président affirme toutefois "son respect pour le justice".

Son parti, le Congrès pour la République (CPR), a dénoncé dans un communiqué, une "mascarade" et "une complicité avec les symboles de l’ancien régime".

Le Chef du gouvernement Mehdi Jomâa a de son côté estimé que selon le principe de la séparation des pouvoirs, il n'a pas à intervenir dans les décision de la justice. M. Jomâa a toutefois déclaré que ce verdict aura des conséquences sur la situation politique du pays.

Le Front populaire a réclamé dimanche, de retirer l'affaire des martyrs et blessés de la révolution des tribunaux militaires
et de la soumettre, dans l'immédiat, aux juridictions civiles dans le cadre du processus de la justice transitionnelle.

"Ce verdict est une lâche trahison envers les blessés et les martyrs de la révolution et une humiliation infligée à l'ensemble des Tunisiens", ajoute le Front qui considère que ce jugement est "un grand pas sur le chemin de la contre-révolution".

En outre, le Front impute à la Troïka le retard accusé dans la mise en œuvre du processus de la justice transitionnelle, mettant en garde contre l'impunité des crimes et des criminels.

Dans un communiqué rendu public dimanche, le parti Ettakatol a exprimé son "étonnement" face à la "requalification des faits" précisant que les dédommagements financiers ne soignera pas les blessures des familles des martyrs et blessés de la révolution.

Le parti appelle en ce sens à "mettre fin à l'impunité" et d'appliquer un "procès juste" dans cette affaire.

Le Parti Al Jomhouri s'est dit de son côté "solidaire" avec les familles des martyrs, qui n'ont pas bénéficié d'une "justice équitable après 3 années de souffrance", et a appelé à appliqué la loi sur la Justice transitionnelle et d'élire rapidement la commission de la vérité et de la dignité dont la composition a tardé "sans raison".

Lors d'un meeting du mouvement Ennahdha tenu dimanche à Bizerte, Ali Larayedh s'est dit "choqué" par les jugements prononcés par la Cour d'appel militaire, exprimant sa compassion avec les familles des martyrs et les blessés de la révolution.

"Ces jugements ne reflètent point les attentes des Tunisiens, ni celles des familles des martyrs et des blessés de la révolution", a-t-il indiqué.

Lors d'un meeting à Monastir, le porte-parole du parti Al Massar, Samir Bettaieb, a qualifié le verdict prononcé en appel par le tribunal militaire de "drame de la révolution".

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