Le phénomène est bien décrit par les éthologues. Si on retourne un lapin ou un oiseau sur le dos de manière ferme et autoritaire ou si on plaque une poule sur le côté, l'animal s'immobilise et n'oppose plus aucune résistance. Il entre dans une sidération réflexe.
L'agression chez les humains peut provoquer chez la victime, cette même prostration qui fige la personne dans une stupeur pouvant durer plusieurs années. Le cours de sa vie s'interrompt. Rien ne peut se construire. Le plaisir a disparu. La violence de l'agression a obligé la personne à se dissocier. Elle n'est plus dans son corps.
Elle montre du doigt la cause de son traumatisme. Il y a un avant, et un après. Dans le cas d'agressions sexuelles, le corps violenté est devenu le lieu d'une peur. Il est lié à des images, à des sensations horribles. Pour pouvoir s'approcher à nouveau de son propre corps, il faudrait laver la mémoire de cette empreinte toxique et remettre du mouvement là où il s'est immobilisé.
Une thérapie qui serait efficace aurait ce double objectif. Ariane sollicite des séances d'hypnose pour "en finir avec son traumatisme": un viol, dix ans auparavant. Elle décrit avec une parfaite lucidité son état actuel. Elle a une activité professionnelle. Sa vie affective n'arrive pas à se construire. Elle est frigide. Son corps la répugne. Ce drame occupe toutes ses pensées. Toutes ses difficultés actuelles en découlent. L'hypnothérapeute l'écoute longuement. Après plusieurs minutes, deux possibilités thérapeutiques se font jour.
La première consisterait à désactiver la mémoire des émotions de peur liées à cette agression. Par exemple, il pourrait être proposé à Ariane de prendre une distance et de décrire les faits d'une manière telle que ses larmes ne viennent plus. Le thérapeute a choisi un autre chemin parce qu'Ariane vient juste de dire que ce viol est toujours au centre de son existence. Il lui demande alors de fermer les yeux et de placer ce drame au centre d'un cercle imaginaire, tel qu'elle l'a décrit. La séance d'hypnose a commencé. Après quelques instants :
La perception d'Ariane s'était focalisée sur cette agression. La séance et le jeu proposé ont permis d'ouvrir sa perception. Il n'y a plus d'obstacle à son épanouissement. Tout ce qui était mis en sommeil peut s'activer à nouveau. Elle ne laissera pas la folie et la violence des autres décider de son existence. Elle est sortie de sa sidération.
L'agression chez les humains peut provoquer chez la victime, cette même prostration qui fige la personne dans une stupeur pouvant durer plusieurs années. Le cours de sa vie s'interrompt. Rien ne peut se construire. Le plaisir a disparu. La violence de l'agression a obligé la personne à se dissocier. Elle n'est plus dans son corps.
Elle montre du doigt la cause de son traumatisme. Il y a un avant, et un après. Dans le cas d'agressions sexuelles, le corps violenté est devenu le lieu d'une peur. Il est lié à des images, à des sensations horribles. Pour pouvoir s'approcher à nouveau de son propre corps, il faudrait laver la mémoire de cette empreinte toxique et remettre du mouvement là où il s'est immobilisé.
Une thérapie qui serait efficace aurait ce double objectif. Ariane sollicite des séances d'hypnose pour "en finir avec son traumatisme": un viol, dix ans auparavant. Elle décrit avec une parfaite lucidité son état actuel. Elle a une activité professionnelle. Sa vie affective n'arrive pas à se construire. Elle est frigide. Son corps la répugne. Ce drame occupe toutes ses pensées. Toutes ses difficultés actuelles en découlent. L'hypnothérapeute l'écoute longuement. Après plusieurs minutes, deux possibilités thérapeutiques se font jour.
La première consisterait à désactiver la mémoire des émotions de peur liées à cette agression. Par exemple, il pourrait être proposé à Ariane de prendre une distance et de décrire les faits d'une manière telle que ses larmes ne viennent plus. Le thérapeute a choisi un autre chemin parce qu'Ariane vient juste de dire que ce viol est toujours au centre de son existence. Il lui demande alors de fermer les yeux et de placer ce drame au centre d'un cercle imaginaire, tel qu'elle l'a décrit. La séance d'hypnose a commencé. Après quelques instants :
- L'hypnothérapeute : Et vous, où êtes-vous placée ?
- Ariane : Je ne suis nulle part...
- L'hypnothérapeute : Mettez-vous à votre place.
- Ariane, après un long moment : Je suis entrée dans le cercle...
- Allez-vous garder au centre votre agression ?
- Non, je la déplace... je ne mets plus rien au centre.
Après de longues minutes, Ariane ouvre les yeux.
- J'ai compris, vous savez. Ma vie ne se résume pas à ce viol.
- C'est vrai. Vous êtes plus que ce drame.
- Je crois que je n'ai pas besoin de revenir, j'ai compris : répète t-elle.
La perception d'Ariane s'était focalisée sur cette agression. La séance et le jeu proposé ont permis d'ouvrir sa perception. Il n'y a plus d'obstacle à son épanouissement. Tout ce qui était mis en sommeil peut s'activer à nouveau. Elle ne laissera pas la folie et la violence des autres décider de son existence. Elle est sortie de sa sidération.
Plus d'informations dans le livre du Dr Benhaiem, co-écrit avec François Roustang, paru aux éditions Odile Jacob: