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Pourquoi Abdelaziz Bouteflika va renoncer au quatrième mandat présidentiel

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Le président algérien Abdelaziz Bouteflika veut repousser au plus tard sa réponse sur sa disposition à briguer - ou pas - un quatrième mandat présidentiel, comme l'y appelle quelques uns de ses partisans. Cela lui permet de rester au centre de l'échiquier politique et de garder la haute main sur l'autorité de l'Etat.

Mais chaque jour qui passe le presse un peu plus pour qu'il rende publique sa décision sans plus attendre. L'incertitude paralysante pour l'opposition politique est également nuisible pour les plans de successions internes au régime algérien.

Son état de santé, un handicap?

Or le sort présidentiel, selon différentes sources concordantes à Alger, parait scellé: Abdelaziz Bouteflika ne se présentera pas à l'élection présidentielle d'avril 2014. Son état de santé ne le lui permet définitivement pas.

Les progrès réalisés depuis l'accident vasculaire cérébral (AVC) du 27 avril 2013, se sont ralentis depuis deux mois et plusieurs avis médicaux ont estimé que le patient de 77 ans ne pouvait plus espérer récupérer les fonctions encore altérées.

Abdelaziz Bouteflika a des difficultés de locution et ses membres gauches, jambes et bras, présentent un handicap moteur. Le « bidouillage » des images officielles de sa réception lundi dernier du premier ministre français Jean-Marc Ayrault, résume la situation.

Abdelaziz Bouteflika est très peu animé, et quasi inaudible. A la fin de l'été dernier, il est, selon des sources sérieuses, lui-même arrivé à la conclusion qu'il doit renoncer à son projet - effectif avant l'AVC du 27 avril - de demander le suffrage des Algériens pour un quatrième mandat.

Si le principe de ce renoncement est acquis, il est également lié, dans sa mise en oeuvre, à un accord confidentiel avec les responsables de l'ANP, l'armée algérienne. Soutien à un candidat de compromis, échec aux candidatures hostiles, protection du clan présidentiel sur le front judiciaire.

Le président sortant a en réalité réussit ce qu'aucun président algérien n'a fait avant lui: négocier les termes de sa succession avec les chefs de l'armée, dépositaires de la réalité du pouvoir politique dans sa temporalité systémique.

Le premier ministre Abdelmalek Sellal est cité à Alger dans divers milieux, comme le candidat du compromis pour succéder à Abdelaziz Bouteflika. La candidature de son ancien premier ministre Ali Benflis est, par contre, celle que le président sortant veut, en priorité, torpiller.

Reste l'immunité de son clan. Le desserrement de l'étau judiciaire dans les scandales de corruption qui mènent invariablement vers Saïd Bouteflika, le frère du président a commencé.

Bouteflika a du mal à tenir son agenda

Abdelaziz Bouteflika a donc obtenu ce qu'il voulait. Il peut partir et poursuivre sa convalescence dans la décence.

La meilleure garantie pour lui de tenir efficacement l'agenda de sa succession, et de s'abriter de toute mauvaise surprise, est de différer au plus tard possible l'annonce de son renoncement. C'est là que s'insinue une tension montante à Alger, où la vie politique du pays est suspendue à cette annonce. Et si ce délai à rallonge perturbe un candidat redouté comme Ali Benflis, contraint de différer plusieurs fois son annonce publique, il désoriente également les partisans du 4e mandat présidentiel qui ont de moins en moins envie de faire une pré-campagne à vide pour un candidat qui n'en est plus un.

Après une première salve d'appels pour que Bouteflika se présente pour un quatrième mandat, la tonalité a changé. Une bonne moitié du FLN refuse d'emboiter le pas à Amar Saidani, son secrétaire général contesté, en faveur du 4e mandat. Le RND se fait discret, les anciens comités de soutien sont publiquement partagés entre pro 4e mandat et pro départ à la retraite.

Le président du Forum des Chefs d'entreprise, Reda Hamiani vient de résumer, mardi sur la web radio Maghreb M, la pensée dominante dans les relais sociaux habituels du pouvoir politique: "que le président se détermine et on avisera de notre côté". La balle est dans le camp présidentiel. C'est à lui de dire, et de préférence vite, s'il est partant ou pas pour un 4e mandat. Il n y aura pas un raz de marée pour le supplier de rester à la tête de l'Etat.

Abdelmalek Sellal ne dit rien d'autre, lorsqu'il répond, devant son homologue français, à propos de Bouteflika et de son avenir présidentiel, "il décidera en son âme et conscience". Les invitations amicales à se déterminer ont remplacé les rares invitations enflammées à se présenter en avril prochain . Abdelmadjid Sidi Saïd, SG de l'UGTA est presque seul avec Amar Saidani dans le registre du zèle low cost.

Abdelmalek Sellal pour redistribuer les cartes

Abdelaziz Bouteflika va donc très probablement renoncer à rester à la tête de l'Etat algérien parce qu'il est à bout de souffle, parce qu'il a négocié à son avantage l'après Bouteflika... Mais aussi parce que les militaires lui ont fait comprendre qu'ils souhaitaient reprendre la main tant qu'il en était temps.

La conjoncture financière favorable tire à sa fin. L'Algérie va commencer à puiser dans ses excédents pour palier à des soldes extérieurs de plus en plus tendus durant les 5 prochaines années.

Le système ne souhaite pas aborder une tension annoncée avec une gouvernance paralysée par la prolongation du bouteflikisme tétanisant. C'est le temps politique d'une redistribution des cartes internes sans contraintes majeures de la société.

Le budget de l'Etat est passé par là depuis plusieurs années, et la redistribution clientéliste de la rente énergétique n'a jamais été aussi caricaturale durant les 50 années d'indépendance du pays. Selon Reda Hamiani, les subventions additionnés aux transferts sociaux approchent en 2013 les 30% d'un PIB qui lui même approche les 200 milliards de dollars.

Abdelmalek Sellal promet de réduire la dépendance de l'économie algérienne de la rente énergétique. Il n'en prend pas encore le chemin. Le premier ministre multiplie les rallonges budgétaires aux collectivités locales à travers le pays pour s'assurer la loyauté des électeurs en avril prochain.

Le silence présidentiel sur ses intentions lui permet d'avancer caché. Le moment du dévoilement approche. Plus vite que prévu.

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