La bataille préélectorale fait rage entre les principaux partis politiques concernant le calendrier des élections. Elections séparées ou concomitantes? Législatives avant la présidentielle ou le contraire? Ennahdha et Nida Tounes jouent au chat et à la souris et semblent s'être mis d'accord pour ne pas être d'accord, quitte à en exaspérer certains.
La "concession" de Nida Tounes
Lundi 2 juin sur les ondes de Mosaïque FM, Mohsen Marzouk était critique vis-à-vis de son principal adversaire. "Ennahdha veut enfreindre les dispositions de la Constitution", assure-t-il.
Selon le responsable de Nida Tounes, le Président étant chargé par la Constitution de désigner le futur chef du gouvernement, il est "logique" que la présidentielle soit organisée avant les législatives.
Mais Nida Tounes est prêt à faire des "concessions". Certains veulent que les législatives aient lieu avant la présidentielle, d'autres le contraire. "Nous accepterons alors une concomitance des élections", histoire de couper la poire en deux, affirme Mohsen Marzouk.
Les raisons invoquées? Le respect de la Constitution d'abord et les délais très courts ensuite, qui permettraient difficilement d'organiser des élections séparées.
La "concession" d'Ennahdha
mardi 3 juin, également sur Mosaïque FM, c'est au tour de Ameur Larayedh, un des leader du mouvement Ennahdha, de présenter les "concessions" et les "sacrifices" que son parti est prêt à faire. Les mêmes arguments sont avancés, dans le sens inverse.
Selon Larayedh, Ennahdha voulait que les élections législatives et présidentielle soient concomitantes, mais face aux pressions exercées par les autres partis politiques, elle acceptera le principe d'élections séparées, à condition que les législatives aient lieu avant la présidentielle.
Les raisons invoquées? Le respect de la Constitution d'abord, la nécessité d'accélérer le processus et de respecter les délais ensuite.
"Nous avons défendu la concomitance des élections pour des raisons constitutionnelles d'abord. Parce que le nouveau Parlement ne peut évoluer sans le Président et inversement. Nous ne voulons pas non plus enfreindre la Constitution pour ce qui est de l'organisation de ces élections avant la fin de l'année", a assuré Ameur Larayedh.
"Des partis politiques, nombreux, sont pour le fait que la présidentielle ait lieu avant les législatives mais d'autres partis centristes, comme Al Massar, Afek Tounes, l'Alliance démocratique et Watad, privilégient l'organisation des législatives avant. Nous avons fait une concession en acceptant le principe d'élections séparées, avec les législatives qui précèdent".
Nida Tounes préfère donc la concomitance des élections, défendue au départ par Ennahdha, plutôt que la séparation des élections avec l'organisation des législatives avant la présidentielle. Et les désaccords persistent.
Al Massar arbitre en faveur de la "concession" d'Ennahdha
"Avec mes respects pour l'ensemble des partis politiques, si Ennahdha qui défendait à la base la concomitance des élections est prête à faire une concession en faveur de la séparation, je ne peux que m'en réjouir. Mais quand il a été question d'organiser les législatives avant, ceux qui étaient pour la séparation privilégient à présent la concomitance", a fustigé Samir Taïeb sur les ondes de Jawhara FM ce mardi 3 juin.
"Ce n'est pas comme ça qu'on construit des institutions pérennes", a-t-il dit, ajoutant que la séparation des élections ne serait plus un principe mais un calcul des partis ayant un intérêt pour l'élection présidentielle.
"Chacun a accepté de faire des concessions, si on continue comme ça, le débat ira à l'Assemblée constituante et nous pourrions nous retrouver avec des élections concomitantes, ce qui était la position défendue par Ennahdha dès le départ", a-t-il mis en garde.
Quels sont les enjeux?
L'ISIE, par l'intermédiaire de son président Chafik Sarsar, a plaidé dès le départ en faveur d'élections concomitantes. Selon M. Sarsar, organiser trois échéances électorales prendrait plus de temps et coûterait plus cher.
Il a entre autres avancé le fait que le délai entre les deux tours de l'élection présidentielle était long (environs 40 jours entre les délais prévus pour les recours et les deux semaines pour la campagne électorale).
Ainsi, si les deux élections étaient séparées, la date limite fixée par la Constitution à la fin de l'année pour l'organisation des législatives et de la présidentielle pourrait ne pas être respectée.
Cette position n'est pas partagée par Moez Bouraoui, président de l'association Atide, spécialisée dans l'observation et le contrôle du processus électoral depuis 2011. Les coûts engendrés par la concomitance des élections serait, selon lui, plus élevés, en raison de la main d'œuvre et du matériel supplémentaires nécessaires à l'organisation du scrutin.
Moez Bouraoui estime également qu'en organisant les législatives avant, il est possible que le second tour de la présidentielle soit organisé début 2015, en raison des délais entre les deux tours, sans que cela ne soit contraire aux dispositions de la Constitution, "puisque les législatives et le premier tour auront eu lieu avant la fin de 2014", affirme-t-il à l'hebdomadaire Réalités.
Indépendamment de la nécessité d'organiser les élections avant la date limite, rien dans la Constitution n'impose explicitement la tenue d'une élection avant l'autre. Si le président de la République doit nommer le chef du gouvernement émanant de la majorité parlementaire, il doit également prêter serment devant l'Assemblée. Ainsi, dans les deux cas, une période de flottement serait constatée.
La concomitance des élections peut par ailleurs être problématique pour ce qui est de la clarté de la campagne électorale et de la simplification du vote pour les électeurs. Les deux campagnes devraient se dérouler dans le même temps et les électeurs, le jour du scrutin, devront choisir deux types de candidats pour des enjeux sensiblement différents.
Avec la séparation des élections, il apparait que les partis ayant davantage défendu les prérogatives du Président de la République et qui auront certainement un candidat pour la présidentielle (Al Joumhouri, Nida Tounes, Ettakatol ou le CPR) privilégient l'organisation de l'élection présidentielle avant les législatives, le premier scrutin pouvant influer sur le second.
Ennahdha, qui a toujours défendu les prérogatives du chef du gouvernement avec un Parlement aux pouvoirs étendus, table sur les législatives et se retrouve l'allié de circonstance de petits partis tels qu'Al Massar. Ce dernier, en l'absence de prétentions pour la présidence de la République, préfère miser sur ses chances aux législatives (et accessoirement faire pression sur ses alliés actuels en faveur d'un front électoral).
La "concession" de Nida Tounes
Lundi 2 juin sur les ondes de Mosaïque FM, Mohsen Marzouk était critique vis-à-vis de son principal adversaire. "Ennahdha veut enfreindre les dispositions de la Constitution", assure-t-il.
Selon le responsable de Nida Tounes, le Président étant chargé par la Constitution de désigner le futur chef du gouvernement, il est "logique" que la présidentielle soit organisée avant les législatives.
Mais Nida Tounes est prêt à faire des "concessions". Certains veulent que les législatives aient lieu avant la présidentielle, d'autres le contraire. "Nous accepterons alors une concomitance des élections", histoire de couper la poire en deux, affirme Mohsen Marzouk.
Les raisons invoquées? Le respect de la Constitution d'abord et les délais très courts ensuite, qui permettraient difficilement d'organiser des élections séparées.
La "concession" d'Ennahdha
mardi 3 juin, également sur Mosaïque FM, c'est au tour de Ameur Larayedh, un des leader du mouvement Ennahdha, de présenter les "concessions" et les "sacrifices" que son parti est prêt à faire. Les mêmes arguments sont avancés, dans le sens inverse.
Selon Larayedh, Ennahdha voulait que les élections législatives et présidentielle soient concomitantes, mais face aux pressions exercées par les autres partis politiques, elle acceptera le principe d'élections séparées, à condition que les législatives aient lieu avant la présidentielle.
Les raisons invoquées? Le respect de la Constitution d'abord, la nécessité d'accélérer le processus et de respecter les délais ensuite.
"Nous avons défendu la concomitance des élections pour des raisons constitutionnelles d'abord. Parce que le nouveau Parlement ne peut évoluer sans le Président et inversement. Nous ne voulons pas non plus enfreindre la Constitution pour ce qui est de l'organisation de ces élections avant la fin de l'année", a assuré Ameur Larayedh.
"Des partis politiques, nombreux, sont pour le fait que la présidentielle ait lieu avant les législatives mais d'autres partis centristes, comme Al Massar, Afek Tounes, l'Alliance démocratique et Watad, privilégient l'organisation des législatives avant. Nous avons fait une concession en acceptant le principe d'élections séparées, avec les législatives qui précèdent".
Nida Tounes préfère donc la concomitance des élections, défendue au départ par Ennahdha, plutôt que la séparation des élections avec l'organisation des législatives avant la présidentielle. Et les désaccords persistent.
Al Massar arbitre en faveur de la "concession" d'Ennahdha
"Avec mes respects pour l'ensemble des partis politiques, si Ennahdha qui défendait à la base la concomitance des élections est prête à faire une concession en faveur de la séparation, je ne peux que m'en réjouir. Mais quand il a été question d'organiser les législatives avant, ceux qui étaient pour la séparation privilégient à présent la concomitance", a fustigé Samir Taïeb sur les ondes de Jawhara FM ce mardi 3 juin.
"Ce n'est pas comme ça qu'on construit des institutions pérennes", a-t-il dit, ajoutant que la séparation des élections ne serait plus un principe mais un calcul des partis ayant un intérêt pour l'élection présidentielle.
"Chacun a accepté de faire des concessions, si on continue comme ça, le débat ira à l'Assemblée constituante et nous pourrions nous retrouver avec des élections concomitantes, ce qui était la position défendue par Ennahdha dès le départ", a-t-il mis en garde.
Quels sont les enjeux?
L'ISIE, par l'intermédiaire de son président Chafik Sarsar, a plaidé dès le départ en faveur d'élections concomitantes. Selon M. Sarsar, organiser trois échéances électorales prendrait plus de temps et coûterait plus cher.
Il a entre autres avancé le fait que le délai entre les deux tours de l'élection présidentielle était long (environs 40 jours entre les délais prévus pour les recours et les deux semaines pour la campagne électorale).
Ainsi, si les deux élections étaient séparées, la date limite fixée par la Constitution à la fin de l'année pour l'organisation des législatives et de la présidentielle pourrait ne pas être respectée.
Cette position n'est pas partagée par Moez Bouraoui, président de l'association Atide, spécialisée dans l'observation et le contrôle du processus électoral depuis 2011. Les coûts engendrés par la concomitance des élections serait, selon lui, plus élevés, en raison de la main d'œuvre et du matériel supplémentaires nécessaires à l'organisation du scrutin.
Moez Bouraoui estime également qu'en organisant les législatives avant, il est possible que le second tour de la présidentielle soit organisé début 2015, en raison des délais entre les deux tours, sans que cela ne soit contraire aux dispositions de la Constitution, "puisque les législatives et le premier tour auront eu lieu avant la fin de 2014", affirme-t-il à l'hebdomadaire Réalités.
Indépendamment de la nécessité d'organiser les élections avant la date limite, rien dans la Constitution n'impose explicitement la tenue d'une élection avant l'autre. Si le président de la République doit nommer le chef du gouvernement émanant de la majorité parlementaire, il doit également prêter serment devant l'Assemblée. Ainsi, dans les deux cas, une période de flottement serait constatée.
La concomitance des élections peut par ailleurs être problématique pour ce qui est de la clarté de la campagne électorale et de la simplification du vote pour les électeurs. Les deux campagnes devraient se dérouler dans le même temps et les électeurs, le jour du scrutin, devront choisir deux types de candidats pour des enjeux sensiblement différents.
Avec la séparation des élections, il apparait que les partis ayant davantage défendu les prérogatives du Président de la République et qui auront certainement un candidat pour la présidentielle (Al Joumhouri, Nida Tounes, Ettakatol ou le CPR) privilégient l'organisation de l'élection présidentielle avant les législatives, le premier scrutin pouvant influer sur le second.
Ennahdha, qui a toujours défendu les prérogatives du chef du gouvernement avec un Parlement aux pouvoirs étendus, table sur les législatives et se retrouve l'allié de circonstance de petits partis tels qu'Al Massar. Ce dernier, en l'absence de prétentions pour la présidence de la République, préfère miser sur ses chances aux législatives (et accessoirement faire pression sur ses alliés actuels en faveur d'un front électoral).
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