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Comment ça fonctionne ? Le dépérissement politique en Tunisie

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La vie politique dans la Tunisie postrévolutionnaire abonde en contrastes saisissants.

Aux spectacles bruyant des affrontements publics, tragicomiques ou dramatiques, répond le labyrinthe des calculs silencieux des partis, le cheminement discret des projets mûris dans les secrets des cabinets, aux déferlements rhétoriques du langage politique, tantôt enflammé, tantôt insipide, toujours prolixe mais rarement « vrai », s'ajoutent les décisions politiques qui sont capables d'engager lourdement le destin collectif.

En Tunisie postrévolutionnaire, certains entrent en politique comme des "mystiques" en religion, d'autres comme des héros grecques et d'autres s'y précipitent comme dans une arène d'amphithéâtre romain avec une psychologie de gladiateurs. Entre ces pôles extrêmes, évoluent professionnels et dilettantes, légistes et prétoriens, sophistes et pragmatiques, savants et ignorants, tous, à leurs manières, révélateurs de multiples attraits de cette scène dont ils constituent les acteurs.

Rien d'étonnant dès lors à ce que la vie politique suscite chez ceux qui en sont les "spectateurs" diversement attentifs, une profonde ambivalence de sentiments. Aujourd'hui les sondages d'opinions l'attestent régulièrement; mais depuis toujours, elle se trouve inscrite dans le langage quotidien de la société tunisienne. Toute une tradition millénaire fait de la politique un combats pour les idées et les valeurs ou encore un service rendu pour la communauté mais la réalité politique dans la Tunisie d'aujourd'hui fait de la politique une course vers le palais de Carthage ou vers la Kasbah.

, et malgré la complexité croissante des affaires politiques, ils pressentent obscurément la coexistencDepuis plus de deux ans, on commence à remarquer que les "spectateurs" de la vie politique naissante en Tunisie soupçonnent confusément la distance qui sépare les ambitions réelles des acteurs et les rationalisations embellissantes qu'ils en fournissente inextricable du superfétations et de l'important, du dérisoire et du tragique.

Mais alors que nos "politiciens" vivent celle-ci à temps plein, et que les militants y consacrent le meilleur d'eux-mêmes, les simples Tunisiens ne lui accordent qu'une attention intermittente, conjecturelle, fortement affectée, qui plus est, par leur niveau culturel, leur formation académique et leur sentiment d'intégration à l'Agora. L'indifférence radical peut côtoyer durablement l'intérêt passionné mais sans un vrai engagement sur le terrain.

L'évidence la plus significative de cette ambivalence de la réalité politique tunisienne s'exprime dans le rythme qui domine la vie politique postrévolutionnaire. C'est le tempo espérance/scepticisme, illusions/déceptions. Périodiquement, la politique se trouve investie d'attentes démesurément larges et même les plus ordinaires des campagnes électorales visent à susciter le maximum d'espoirs, ou encore d'inquiétudes, autour de la perspective d'un changement. L'expérience a montré que cette stratégie peut amener à une réussite temporaire puisqu'il y a participation électorale, même si l'élan retombe régulièrement sur deux consultations.

Paradoxes du nouveau système, partout soucieux d'une mobilisation maximale des masses populaires, subissent du cruels reflux de l'intérêt pour le quotidien politique en Tunisie, d'autres au contraire qui préféreraient une vie politique qui se trouve brusquement confrontés à des vagues déferlantes de politisation. Sur tous ces phénomènes, pourrait-on jeter le regard du moraliste ou de philosophe?

Juger prendre parti, dessiner les linéaments d'une politique idéale, brosser le tableau d'un bon gouvernement est un exercice auxquels de nombreux penseurs se sont livrés depuis plus de deux ans mais en politique, il faut toujours séparer les constatations empiriques et les jugements de valeurs, même s'il est toujours relatif du fait des prénotions de l'observateur. Néanmoins, l'on retiendra ici une approche qui veut être purement clinique; c'est-à-dire privilégiant la question "comment ça fonctionne?". En s'abstenant d'émettre délibérément toute préférence personnelle, de proposer tout jugement moral à l'occasion de l'examen, le politiste tunisien risque de ne pas conserver ses chances d'être fidèles à une certaine éthique dont les deux piliers sont probablement le primat de la lucidité sur tout autre ordre de considération, et le refus de tirer autorité de la science pour bousculer chez autrui ses légitimes préférences.


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