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John Kerry promet d'aider l'Irak face à l'offensive menée par l'EIIL

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L'Otan entame mardi une réunion où la situation en Irak devrait être largement abordée, au lendemain du soutien intensif promis par le secrétaire d'Etat américain John Kerry à Bagdad face à la "menace existentielle" de l'offensive d'insurgés sunnites.

John Kerry est arrivé mardi matin dans la région autonome du Kurdistan irakien, dans le cadre d'une mission ultra-délicate au chevet de l'Irak, Washington s'alarmant de la progression des insurgés et appelant les dirigeants irakiens à gouverner d'une seule main.

Le secrétaire d'Etat américain devait rencontrer les dirigeants des trois provinces du Kurdistan (nord), au lendemain d'entretiens à Bagdad avec le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki et d'autres responsables politiques et religieux irakiens. Il a promis lundi un soutien intensif à l'Irak face à la "menace existentielle" que représente l'offensive des insurgés sunnites.

La réunion de deux jours des ministres des Affaires étrangères des pays de l'Otan doit débuter mardi en soirée à Bruxelles, un jour après la visite à Bagdad de M. Kerry.

Le chef de la diplomatie américaine a réclamé aux dirigeants irakiens de mettre de côté leurs différends confessionnels et politiques et de gouverner d'une seule main pour faire échec ensemble à l'offensive rebelle.

Lundi, les insurgés menés par l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) se sont emparés de la cité de Tal Afar dans la province de Ninive (nord-ouest), et de son aéroport, mais se sont retirés sans combats d'un poste-frontière avec la Syrie conquis la veille et de nouveau aux mains des forces armées. Durant le weekend, ils avaient pris de nouvelles localités de la province stratégique occidentale d'Al-Anbar, dont un premier poste-frontière qu'ils contrôlent toujours.

Cette province est frontalière de la Jordanie et de la Syrie, un pays en guerre depuis trois ans et où l'EIIL, qui ambitionne de créer un Etat islamique à cheval entre l'Irak et la Syrie, est engagé dans les combats.

"L'Irak fait face à une menace existentielle et les dirigeants irakiens doivent répondre à cette menace", a déclaré lors d'une conférence de presse à l'ambassade des Etats-Unis à Bagdad M. Kerry, après des entretiens avec le Premier ministre Nouri al-Maliki, un chiite.

"C'est un moment critique pour l'avenir de l'Irak et un moment d'extrême urgence. C'est le moment pour les dirigeants d'Irak de prendre des décisions", a-t-il dit, alors que M. Maliki, Premier ministre depuis 2006, est critiqué de toutes parts pour sa politique, notamment sa marginalisation de la minorité sunnite, qui a alimenté l'offensive jihadiste.

M. Kerry, qui devait s'envoler après Bagdad pour Bruxelles et Paris, a assuré que le soutien américain à l'Irak "sera intensif et soutenu", et d'ajouter: "si les leaders irakiens prennent les mesures nécessaires pour rassembler le pays", il sera plus "efficace".

Le président Barack Obama a annoncé la semaine dernière l'envoi de conseillers militaires, à qui l'Irak a promis une couverture juridique, pour aider l'armée, mais a exclu dans l'immédiat des frappes aériennes comme le voulait Bagdad. M. Obama, lui aussi, a sommé M. Maliki d'abandonner sa politique confessionnelle et de travailler à l'unité du pays.

"Soldats tués sauvagement"

Au Caire, M. Kerry avait assuré que son pays - qui a rapatrié ses troupes fin 2011 après huit années d'occupation - n'était "pas responsable" de la situation actuelle et ne cherchait pas à "choisir" un leader pour l'Irak.

L'Irak n'a toujours pas de gouvernement après les législatives d'avril qui avaient vu le bloc de M. Maliki arriver en tête, ce dernier ne parvenant pas à former un nouveau gouvernement tant les divisions sont profondes.

Depuis le 9 juin, les jihadistes de l'EIIL ont mis la main sur Mossoul, deuxième ville d'Irak, une grande partie de sa province Ninive (nord), de Tikrit et d'autres secteurs des provinces de Salaheddine (nord), Diyala (est) et Kirkouk (nord), et tiennent désormais quatre villes d'Al-Anbar: Fallouja, Al-Qaïm, Rawa et Aana, ainsi que partiellement celle de Ramadi.

De l'autre côté de la frontière, en Syrie, l'EIIL contrôle une grande partie de la province orientale de Deir Ezzor.

En Irak, les jihadistes ont rapidement progressé face à la débandade des forces armées qui ont ensuite tenté de leur faire face mais sans parvenir à stopper leur avancée. Ils sont à moins d'une centaine de km de Bagdad, leur objectif selon l'un de leurs chefs.

Selon un premier bilan officiel de l'offensive fourni par Qassem Atta, un porte-parole de M. Maliki, les combattants de l'EIIL ont tué des centaines de soldats et des centaines de civils.

"Des centaines de soldats ont été décapités, pendus à Salaheddine, Ninive, Diyala, Kirkouk et les zones où se trouvent les terroristes de l'EIIL", a-t-il dit.

Débordement sur la Jordanie?

Lundi, au sud de Bagdad, 69 détenus et un policier ont été tués dans un assaut lancé par des insurgés contre un convoi transportant des prisonniers, selon des sources policières. Au moins cinq membres des forces kurdes (peshmergas) ont été en outre tués à Ninive et six membres d'une même famille abattus dans leur maison à Bagdad.

Alors que la communauté internationale est alarmée par la situation chaotique en Irak, où des centaines de milliers de personnes ont été déplacées par l'avancée jihadiste, la Jordanie a renforcé la sécurité à sa frontière avec ce pays.

M. Obama lui-même avait prévenu que l'EIIL pouvait "aussi bien déborder sur des pays alliés comme la Jordanie".

Avant l'offensive jihadiste, l'Irak était ensanglanté depuis plus d'un an par les violences attribuées aux insurgés sunnites sur fond de grave crise politique imputée à M. Maliki, accusé par ses détracteurs d'agir en "dictateur".

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