Dans les pays à ancienneté démocratique, l'une des qualités du champ politique est sa tendance à évoluer en dépit des débâcles électorales. La défaite d'un camp politique pousse ainsi ses adhérents et ses chefs à repenser leur stratégie afin de prévenir tout autre échec, surtout quand les enjeux électoraux sont décisifs pour le futur d'un Etat et d'une nation.
En Tunisie, la surprise est venue du parti Nidaa Tounes qui, fort de sa position -hypothétique- de favori dans les intentions de vote, a décidé de faire cavalier seul et de se présenter aux législatives avec ses propres listes. Toutefois, cette décision pourrait se révéler suicidaire tant bien pour le camp des "progressistes" que pour la Tunisie. Se définissant comme un parti à tendance nationaliste (de par son appellation et sa rhétorique), Nidaa Tounes ne semble pas pourtant œuvrer pour l'avenir du pays, mais obéit plutôt à des tactiques politiciennes aussi irréfléchies qu'individualistes.
Irréfléchies car la décision de partir seul aux élections n'émane pas à priori d'une étude sérieuse, mais d'un ensemble de résultats équivoques, dévoilés par des instituts de sondage partisans, peu scrupuleux ou bien inexpérimentés.
Individualistes car cette décision imprudente témoigne d'un parti aveuglé par l'illusion de la victoire, arrogant, qui évolue en conséquence en marge de la réalité électorale, politique et sociale et dont la hiérarchie a été séduite par "l'appel" des courtisans et des intérêts personnels.
Le parti Nidaa Tounès ne semble donc pas écouter "l'appel de la Tunisie" qui l'exhorte à faire union avec les autres forces "démocrates" pour faire face aux dangers qui guettent le pays: faillite économique, terrorisme et risque de voir les partis réactionnaires s'emparer du pouvoir d'une manière quasiment définitive. D'un autre côté, la mauvaise foi des autres acteurs du camp "progressiste" ne facilite pas la formation d'un front solide qui aura pour tâche de contrecarrer ses adversaires. L'absence d'une réelle motivation unioniste, la lutte des égos et l'amateurisme feraient du camp "progressiste" un amas désorganisé d'égocentriques, d'opportunistes et de mercenaires. Ainsi, il serait fort probable de voir ce dernier essuyer une série de revers cinglants qui engagerait le pays dans une direction que les Tunisiens les plus avertis redoutent déjà.
Loin de tirer des leçons des expériences passées, les "progressistes" sont en train de refaire le même parcours en espérant un résultat meilleur, ce qui est le summum de l'absurde. Alors que la Tunisie a besoin, plus que jamais, d'un bloc moderniste, le camp "progressiste" se montre incapable d'être à la hauteur des espérances de ses électeurs et entre dans une lutte fratricide qui ne profite qu'à ses ennemis.
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