Si la perspective d'une croissance prometteuse incite les pays africains et avec eux les bailleurs de fonds à l'optimisme, le retour en force, depuis 2007, des pays africains sur les marchés financiers internationaux, soulève des inquiétudes au sujet de la soutenabilité de leur endettement. N'y a-t-il pas un risque de reproduire la crise des années 80?
Certains observateurs considèrent que les pays africains disposent encore d'une marge confortable pour pouvoir s'endetter davantage. Pour ne prendre que la dette de l'Afrique subsaharienne, celle-ci a représenté 20% du revenu national brut du continent en 2010, ce qui correspond à la moyenne des pays en développement. Néanmoins, si cette marge existe, elle ne constitue pas pour autant une carte blanche pour s'endetter, et ce pour plusieurs raisons.
Premièrement, parce que les niveaux de dette doivent être appréciés en fonction des capacités de remboursement - souvent limitées - des économies africains. Même une dette représentant 40 ou 50% du PIB peut être difficile à rembourser pour des pays présentant des fragilités politiques et économiques structurelles ou encore de faibles recettes budgétaires comprises entre 10 et 20% du PIB comme c'est souvent le cas en Afrique. D'ailleurs, durant les années 1980, les États qui étaient sujets à des défauts de paiement à répétition l'ont été à des taux d'endettement extérieurs considérés comme faibles pour des pays développés (moins de 40 % du PIB).
Deuxièmement, parce qu'en dépit d'une croissance prometteuse, les économies africaines, insuffisamment diversifiées, demeurent vulnérables à tout choc conjoncturel : retournement des cours ou brusque chute des recettes d'exportations en raison de l'atonie de la demande mondiale. Les pays africains ne sont pas donc à l'abri de rechuter d'autant plus que selon Qian et al. (2011) , 70 % des États ayant rencontré des difficultés de paiement ont connu une nouvelle crise d'endettement souverain dans les vingt années qui ont suivi. Cela devrait inciter les dirigeants africains à réfléchir d'autant plus que seuls onze pays africains ayant atteint le point d'achèvement de l'initiative PPTE sont en risque de surendettement faible. Par ailleurs, au regard de la situation budgétaire des pays créanciers, les pays africains ne pourraient pas compter sur un nouvel épisode d'annulation massive de créances.
Troisièmement, si d'aucuns mettent en avant l'évolution positive de la structure de l'endettement africain dans le sens où la dette interne est de plus en plus dominante, il n'en demeure pas moins que ce n'est pas exempt de risque. En effet, cette dette interne, souscrite à des conditions bien moins favorables, fait peser une charge non négligeable sur les finances publiques. Le Sénégal est dans cette situation, principalement en raison d'un accroissement très rapide de la dette intérieure. La Côte d'Ivoire elle aussi est confrontée à des tensions récurrentes sur son financement du fait de l'ampleur de sa dette bancaire intérieure qui doit être refinancée régulièrement.
Troisièmement, rappelons que c'est le déficit public qui alimente l'endettement. Et malheureusement, depuis 2008 les pays africains se sont lancés dans des politiques budgétaires expansionnistes pour amortir les effets de la crise mondiale. Pis, la croissance élevée en Afrique a eu pour conséquence le développement de déficits budgétaires très importants. La raison tient au laxisme suite à la découverte de ressources naturelles, ou encore la redistribution généreuse (augmentation des salaires, des subventions) à des fins électoralistes. À titre d'exemple, au Ghana, et depuis que du pétrole y a été découvert, les dépenses ont flambé portant le déficit à 10 % en 2012. La Zambie, aura un déficit supérieur à 7 % en 2014, suite à l'augmentation des salaires des fonctionnaires d'environ 40 %. Or pour les économies africaines en moyenne, et pour une croissance de 6 %, le niveau de déficit soutenable, sans alourdir la dette de manière importante, est de 3 % à 4 %.
Enfin, si les pays d'Afrique subsaharienne ont bénéficié au cours des cinq dernières années de conditions d'emprunt favorables, la donne est en train de changer. En effet, les investisseurs commencent à exiger des taux d'intérêt plus élevés pour détenir de la dette de certains pays africains, signe que le marché est devenu de plus en plus exigeant et prudent par rapport à la hausse des déficits budgétaires. À titre d'exemple, la Zambie a vu le taux de son emprunt grimper de 5,63% en 2012 à 8,63% au début du mois d'avril 2014. Le Ghana qui il y a quelques années était montré en exemple pour sa classe moyenne et ses importantes réserves de pétrole, a vu le coût de ses emprunts augmenter. L'émission de 1 milliard de dollars réalisée l'an dernier avec un taux de 7,88 % se négocie aujourd'hui au-dessus de 9 %. Cela risque de mettre les budgets africains sous pression et les piéger dans une spirale de surendettement.
Si l'on est encore loin de la situation catastrophique des années 80, la non prise en considération des risques associés à une mauvaise gestion de la dette, notamment en poursuivant des politiques budgétaires expansionnistes, politisant les investissements publics, effectuant de la redistribution électoraliste, manquant de transparence dans la gestion des fonds publics et en maintenant le poids excessif de l'État, est susceptible de saper les dynamiques porteuses d'espoir et de faire dérailler les économies africaines de la voie de l'émergence pour de longues années encore.
Certains observateurs considèrent que les pays africains disposent encore d'une marge confortable pour pouvoir s'endetter davantage. Pour ne prendre que la dette de l'Afrique subsaharienne, celle-ci a représenté 20% du revenu national brut du continent en 2010, ce qui correspond à la moyenne des pays en développement. Néanmoins, si cette marge existe, elle ne constitue pas pour autant une carte blanche pour s'endetter, et ce pour plusieurs raisons.
Premièrement, parce que les niveaux de dette doivent être appréciés en fonction des capacités de remboursement - souvent limitées - des économies africains. Même une dette représentant 40 ou 50% du PIB peut être difficile à rembourser pour des pays présentant des fragilités politiques et économiques structurelles ou encore de faibles recettes budgétaires comprises entre 10 et 20% du PIB comme c'est souvent le cas en Afrique. D'ailleurs, durant les années 1980, les États qui étaient sujets à des défauts de paiement à répétition l'ont été à des taux d'endettement extérieurs considérés comme faibles pour des pays développés (moins de 40 % du PIB).
Deuxièmement, parce qu'en dépit d'une croissance prometteuse, les économies africaines, insuffisamment diversifiées, demeurent vulnérables à tout choc conjoncturel : retournement des cours ou brusque chute des recettes d'exportations en raison de l'atonie de la demande mondiale. Les pays africains ne sont pas donc à l'abri de rechuter d'autant plus que selon Qian et al. (2011) , 70 % des États ayant rencontré des difficultés de paiement ont connu une nouvelle crise d'endettement souverain dans les vingt années qui ont suivi. Cela devrait inciter les dirigeants africains à réfléchir d'autant plus que seuls onze pays africains ayant atteint le point d'achèvement de l'initiative PPTE sont en risque de surendettement faible. Par ailleurs, au regard de la situation budgétaire des pays créanciers, les pays africains ne pourraient pas compter sur un nouvel épisode d'annulation massive de créances.
Troisièmement, si d'aucuns mettent en avant l'évolution positive de la structure de l'endettement africain dans le sens où la dette interne est de plus en plus dominante, il n'en demeure pas moins que ce n'est pas exempt de risque. En effet, cette dette interne, souscrite à des conditions bien moins favorables, fait peser une charge non négligeable sur les finances publiques. Le Sénégal est dans cette situation, principalement en raison d'un accroissement très rapide de la dette intérieure. La Côte d'Ivoire elle aussi est confrontée à des tensions récurrentes sur son financement du fait de l'ampleur de sa dette bancaire intérieure qui doit être refinancée régulièrement.
Troisièmement, rappelons que c'est le déficit public qui alimente l'endettement. Et malheureusement, depuis 2008 les pays africains se sont lancés dans des politiques budgétaires expansionnistes pour amortir les effets de la crise mondiale. Pis, la croissance élevée en Afrique a eu pour conséquence le développement de déficits budgétaires très importants. La raison tient au laxisme suite à la découverte de ressources naturelles, ou encore la redistribution généreuse (augmentation des salaires, des subventions) à des fins électoralistes. À titre d'exemple, au Ghana, et depuis que du pétrole y a été découvert, les dépenses ont flambé portant le déficit à 10 % en 2012. La Zambie, aura un déficit supérieur à 7 % en 2014, suite à l'augmentation des salaires des fonctionnaires d'environ 40 %. Or pour les économies africaines en moyenne, et pour une croissance de 6 %, le niveau de déficit soutenable, sans alourdir la dette de manière importante, est de 3 % à 4 %.
Enfin, si les pays d'Afrique subsaharienne ont bénéficié au cours des cinq dernières années de conditions d'emprunt favorables, la donne est en train de changer. En effet, les investisseurs commencent à exiger des taux d'intérêt plus élevés pour détenir de la dette de certains pays africains, signe que le marché est devenu de plus en plus exigeant et prudent par rapport à la hausse des déficits budgétaires. À titre d'exemple, la Zambie a vu le taux de son emprunt grimper de 5,63% en 2012 à 8,63% au début du mois d'avril 2014. Le Ghana qui il y a quelques années était montré en exemple pour sa classe moyenne et ses importantes réserves de pétrole, a vu le coût de ses emprunts augmenter. L'émission de 1 milliard de dollars réalisée l'an dernier avec un taux de 7,88 % se négocie aujourd'hui au-dessus de 9 %. Cela risque de mettre les budgets africains sous pression et les piéger dans une spirale de surendettement.
Si l'on est encore loin de la situation catastrophique des années 80, la non prise en considération des risques associés à une mauvaise gestion de la dette, notamment en poursuivant des politiques budgétaires expansionnistes, politisant les investissements publics, effectuant de la redistribution électoraliste, manquant de transparence dans la gestion des fonds publics et en maintenant le poids excessif de l'État, est susceptible de saper les dynamiques porteuses d'espoir et de faire dérailler les économies africaines de la voie de l'émergence pour de longues années encore.
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