Clinquant, froufroutant, brillant. Le mariage en Tunisie est une institution. Une cérémonie soigneusement préparée – de la liste des invités au choix des dragées – qu'il faut évidemment immortaliser. Mais désormais, vous ne regarderez plus jamais vos photos de mariage du même œil.
L'artiste contemporaine Aïcha Filali, adepte du décryptage de la société tunisienne, s'est attaquée cette fois à cette sacro-sainte cérémonie de mariage.
Une exposition pleine d'humour pour réfléchir au sens même de la fête quand elle est empêtrée dans les conventions.
Des photos d'anonymes
Aïcha Filali a collecté des photos de mariages d'inconnus datant des années 80, 90, 2000. Des poses stéréotypées, dictées par le photographe, bien souvent dans des salles de mariage ou des municipalités.
Grâce à Photoshop, elle a isolé le couple de son environnement d'origine pour l'intégrer dans un tout nouvel univers urbain. Façades de maisons, fenêtres, balcons... des photos que l'artiste a pris à travers la ville. L'exposition aurait dû s'appeler "Bonheur immobilier". Finalement, elle s'intitule "Chbabek wa 3teb", comprenez "Fenêtres et seuils".
Ce montage photo est ensuite imprimé sur du tissus. "Ca n'est pas un choix anodin, ce tissu suggère le trousseau, l'univers de la mariée, les choses que l'on prépare pour la belle vie, ce grand saut dans l'inconnu, le bonheur total", sourit-elle.
Dernière étape, celle des fioritures. Sur chacun des montages, Aïcha Filali a rajouté, à la main, des broderies, des perles, des bijoux, des fleurs, des cravates, de la dentelle... pour un jeu en trompe-l'oeil.
Chaque personnage est également affublé de lunettes de soleil, histoire de respecter l'anonymat. Un clin d'oeil également aux publicités en Arabie Saoudite, où les figures humaines ne doivent pas être représentées.
La pièce-montée, passage obligé de tout mariage. C'est Abdelazziz et Sawsen qui s'y collent - tous les prénoms sont inventés. Pour Monsieur, c'est costume sombre et cravate rayée, une vraie cravate cousue sur l'image. Madame, elle, est moins sobre: un voile assorti à une longue robe satinée, saumonée, avec épaulettes pour un effet bouffant garanti. Le couple pose dans une rue un peu sale devant une porte de la médina.
"Les poses, c'est une machine très bien huilée. Ils posent devant leur pièce-montée qu'ils vont couper ensemble avant de se donner mutuellement à manger. C'est complètement consacré, personne ne remet ça en question aujourd'hui! Même les intellectuels qui se marient le font, pour faire plaisir à leurs parents ou aux codes sociaux", sourit Aïcha Filali.
La jeune Nozha, toute de blanche vêtue, est moins chargée que les autres mariées. "Nozha, ça veut dire "promenade" et elle, elle est complètement enfermée. C'est moi qui l'ait placée derrière cette fenêtre en fer forgé parce que plastiquement, cette fenêtre est magnifique, je voulais absolument l'utiliser. Mais je ne pouvais pas mettre un couple, alors j'ai mis une mariée. Puis, j'ai doublé la prison avec du vrai fer forgé. C'est comme une mise en abyme, une prison dans une prison."
Comme la quasi totalité des œuvres, la photo de Samir et Sourour est entourée par plusieurs bandes de tissus, symbolisant d'abord une sorte de cadre à l'image. Mais évoquant surtout l'univers de la literie, de l'édredon tout aussi chargé selon la tradition.
Cette photo fait partie d'une série de balcons et de portes, placé sur un "fond de ciel... comme si c'était des soucoupes volantes. C'est la configuration du couple – un peu de dos, se tenant par la taille, qui m'a donné l'idée de les installer comme ça, sur des marches qui mènent à un portail. En réalité, cet escalier ne mène nulle part! Bon, il mène au septième ciel puisque c'est le bonheur!"
L'artiste contemporaine Aïcha Filali, adepte du décryptage de la société tunisienne, s'est attaquée cette fois à cette sacro-sainte cérémonie de mariage.
"Je m'attache depuis toujours à débusquer les travers, les fixations pour les donner à voir, comme si je tendais un miroir à la société tunisienne", explique-t-elle. Miroir grossissant où les moindres détails y passent : ses artifices, ses codes vestimentaires, ses traditions et ses conventions.
Une exposition pleine d'humour pour réfléchir au sens même de la fête quand elle est empêtrée dans les conventions.
Des photos d'anonymes
Aïcha Filali a collecté des photos de mariages d'inconnus datant des années 80, 90, 2000. Des poses stéréotypées, dictées par le photographe, bien souvent dans des salles de mariage ou des municipalités.
Grâce à Photoshop, elle a isolé le couple de son environnement d'origine pour l'intégrer dans un tout nouvel univers urbain. Façades de maisons, fenêtres, balcons... des photos que l'artiste a pris à travers la ville. L'exposition aurait dû s'appeler "Bonheur immobilier". Finalement, elle s'intitule "Chbabek wa 3teb", comprenez "Fenêtres et seuils".
Ce montage photo est ensuite imprimé sur du tissus. "Ca n'est pas un choix anodin, ce tissu suggère le trousseau, l'univers de la mariée, les choses que l'on prépare pour la belle vie, ce grand saut dans l'inconnu, le bonheur total", sourit-elle.
Dernière étape, celle des fioritures. Sur chacun des montages, Aïcha Filali a rajouté, à la main, des broderies, des perles, des bijoux, des fleurs, des cravates, de la dentelle... pour un jeu en trompe-l'oeil.
Chaque personnage est également affublé de lunettes de soleil, histoire de respecter l'anonymat. Un clin d'oeil également aux publicités en Arabie Saoudite, où les figures humaines ne doivent pas être représentées.
Abdelazziz et Sawsen
La pièce-montée, passage obligé de tout mariage. C'est Abdelazziz et Sawsen qui s'y collent - tous les prénoms sont inventés. Pour Monsieur, c'est costume sombre et cravate rayée, une vraie cravate cousue sur l'image. Madame, elle, est moins sobre: un voile assorti à une longue robe satinée, saumonée, avec épaulettes pour un effet bouffant garanti. Le couple pose dans une rue un peu sale devant une porte de la médina.
"Les poses, c'est une machine très bien huilée. Ils posent devant leur pièce-montée qu'ils vont couper ensemble avant de se donner mutuellement à manger. C'est complètement consacré, personne ne remet ça en question aujourd'hui! Même les intellectuels qui se marient le font, pour faire plaisir à leurs parents ou aux codes sociaux", sourit Aïcha Filali.
Nozha
La jeune Nozha, toute de blanche vêtue, est moins chargée que les autres mariées. "Nozha, ça veut dire "promenade" et elle, elle est complètement enfermée. C'est moi qui l'ait placée derrière cette fenêtre en fer forgé parce que plastiquement, cette fenêtre est magnifique, je voulais absolument l'utiliser. Mais je ne pouvais pas mettre un couple, alors j'ai mis une mariée. Puis, j'ai doublé la prison avec du vrai fer forgé. C'est comme une mise en abyme, une prison dans une prison."
Samir et Sourour
Comme la quasi totalité des œuvres, la photo de Samir et Sourour est entourée par plusieurs bandes de tissus, symbolisant d'abord une sorte de cadre à l'image. Mais évoquant surtout l'univers de la literie, de l'édredon tout aussi chargé selon la tradition.
Cette photo fait partie d'une série de balcons et de portes, placé sur un "fond de ciel... comme si c'était des soucoupes volantes. C'est la configuration du couple – un peu de dos, se tenant par la taille, qui m'a donné l'idée de les installer comme ça, sur des marches qui mènent à un portail. En réalité, cet escalier ne mène nulle part! Bon, il mène au septième ciel puisque c'est le bonheur!"
LIRE AUSSI: BLOG: Mariages en façade, par l'écrivaine Azza Filali
Fenêtres et seuils, exposition d'Aicha Filali. Jusqu'au 14 janvier 2014, à la Galerie Ammar Farhat, 3, rue Sidi El Ghemrini, 2026 Sidi Bou Saïd
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