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Affaire d'espionnage américain: Berlin expulse le chef des services secrets des Etats-Unis en Allemagne

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Voilà qui ne va pas apaiser les relations déjà tendues entre les deux pays. Berlin a décidé d'expulser le chef des services secrets américains en Allemagne, a-t-on appris ce jeudi 10 juillet du gouvernement allemand. Cette expulsion survient après la découverte en seulement cinq jours de deux cas possibles d'espionnage d'agents allemands en faveur des agences de renseignement américaines.

"Il a été demandé au représentant des services secrets américains à l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique de quitter l'Allemagne", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Steffen Seibert, dans un communiqué. L'expulsion intervient "en réaction d'un manque de coopération (constaté) depuis longtemps dans les efforts pour éclaircir" l'activité d'agents de renseignements américains en Allemagne, a expliqué un député allemand, Clemens Binninger, président de la commission de contrôle parlementaire sur les activités de renseignement, qui s'est réunie jeudi à Berlin.

Après de premières révélations vendredi 4 juillet sur un agent du renseignement allemand (BND) soupçonné de travailler pour la CIA, le parquet fédéral a annoncé avoir ouvert une enquête mercredi 9 juillet sur un deuxième espion présumé, travaillant, selon plusieurs médias allemands, pour le compte de Washington.

Les Etats-Unis font preuve d'une "bêtise à pleurer"

Les médias évoquaient un officier de la Bundeswehr, opérant pour le compte des Etats-Unis. L'affaire a été considérée comme "plus grave" que la première, selon ces sources. Berlin a refusé de commenter ces informations, invoquant l'enquête en cours. Mais le porte-parole du gouvernement, Steffen Seibert, a souligné en réponse à des questions combien "l'espionnage (étai)t un reproche très sérieux".

"Pour cette raison, quand on parle d'espionnage ou de soupçon d'espionnage, vous pouvez partir du principe que le gouvernement allemand y est particulièrement sensible", a-t-il affirmé. Interrogée en marge d'une conférence de presse à Berlin sur ces suspicions, Angela Merkel a esquivé en déclarant que c'était au procureur de s'exprimer. "Je ne peux pas le faire d'ici", a-t-elle dit. Elle a indiqué que des discussions entre les Etats-Unis et l'Allemagne avaient lieu, tout en précisant ne pas pouvoir dire quoi que ce soit sur les résultats.

De son côté, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble s'est fait plus sévère en estimant jeudi 10 juillet que les Etats-Unis faisaient preuve "d'une bêtise à pleurer", après la découverte des deux cas possibles d'espionnage. "Que les Etats-Unis recrutent chez nous des gens de troisième classe, c'est tellement idiot. Et face à tant de bêtise, on ne peut que pleurer", a déclaré le ministre sur la chaîne allemande Phoenix. "Et c'est pourquoi, cela n'amuse pas franchement la chancelière", a-t-il ajouté.

Climat de méfiance depuis l'affaire Snowden

Un climat de méfiance s'était déjà installé entre Berlin et Washington, depuis la découverte l'an dernier, grâce aux révélations de l'ancien contractuel de l'agence de renseignement américaine NSA, Edward Snowden, d'un espionnage à grande échelle visant jusqu'au téléphone portable de la chancelière Angela Merkel.

"Sous la direction de représentants du procureur fédéral sont effectuées depuis mercredi matin des perquisitions au domicile et au bureau d'une personne soupçonnée d'espionnage, dans la région de Berlin", a indiqué le porte-parole du procureur fédéral dans un communiqué, précisant qu'il n'y avait pas eu d'arrestation.

Un porte-parole du ministère de la Défense a indiqué à l'AFP que "des enquêtes étaient menées au sein du ministère" portant sur des soupçons d'un second cas d'espionnage, confirmant des informations du quotidien Süddeutsche Zeitung. Selon l'édition en ligne de l'hebdomadaire Der Spiegel, le chef des services secrets américains CIA, John Brennan, aurait eu un entretien téléphonique mardi après-midi avec le coordinateur des services secrets à la chancellerie, Klaus-Dieter Fritsche.

Informations sur la commission d'enquête du Bundestag

Mercredi matin, l'ambassadeur des Etats-Unis à Berlin, John B. Emerson, a été, quant à lui, à nouveau reçu au ministère allemand des Affaires étrangères à propos des soupçons d'espionnage, a indiqué le porte-parole du ministère, Martin Schäffer, lors d'un point presse à Berlin. L'ambassadeur avait déjà été reçu vendredi dernier.

L'ambassadeur n'a pas été convoqué, l'entretien de mercredi a eu lieu à sa demande, même si cela correspondait également au souhait du ministère, a ajouté Martin Schäffer. "Il lui a été clairement signifié combien il était important que le gouvernement américain collabore activement", a dit Martin Schäffer.

Dans un entretien paru mercredi dans le quotidien local Saarbrücker Zeitung, le ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a manifesté son mécontentement vis-à-vis des USA. "La tentative d'apprendre secrètement quelque chose sur l'attitude de l'Allemagne est non seulement inappropriée, elle est également totalement superflue", a-t-il dit.

Certains documents que l'agent-double présumé du BND aurait transmis à la CIA comprendraient des informations sur la commission d'enquête du Bundestag, la chambre basse du Parlement allemand, justement mis en place en avril pour déterminer l'étendue des activités d'espionnage des USA envers l'Allemagne et ses partenaires.

Washington se refuse à tout commentaire

La Maison Blanche a refusé de commenter spécifiquement l'expulsion. "Nous avons vu ces informations et n'avons aucun commentaire sur une prétendue affaire de renseignement", a déclaré Caitlin Hayden, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de Barack Obama. "Toutefois, notre relation en matière de sécurité et de renseignement avec l'Allemagne est très importante, et elle permet d'assurer la sécurité des Allemands et des Américains", a-t-elle ajouté. "Il est essentiel que la coopération se poursuive dans tous les domaines, et nous continuerons d'être en contact avec le gouvernement allemand via les canaux appropriés".

Cette semaine, une délégation de parlementaires allemands s'est rendue à Washington pour des réunions sur la sécurité nationale au Congrès et avec l'exécutif. "Nous trouvons que nos interlocuteurs n'ont qu'une conscience très faible du problème", a déploré Norbert Roettgen, président de la commission des Affaires étrangères du Bundestag. Peu de parlementaires américains semblaient préoccupés par l'agitation allemande, dans les couloirs du Capitole, où des dossiers de politique intérieure (immigration, autoroutes...) sont à l'ordre du jour. L'actualité américaine reste dominée par la vague d'enfants clandestins à la frontière avec le Mexique.

"Je comprends que cette histoire, en plus de ce qui est arrivé avant avec le portable de la chancelière Merkel, soulève de nombreuses questions, mais à part cela, je n'ai vraiment aucun commentaire", a dit mercredi le sénateur Bob Corker, plus haut républicain de la commission des Affaires étrangères. "Je n'étais pas au courant, j'étais en Afghanistan", disait mardi son collègue Lindsey Graham après l'ouverture d'une enquête sur un deuxième espion présumé travaillant pour le compte des Etats-Unis.

Des experts soulignent que la crise ne pourrait vraisemblablement être résolue sans l'implication personnelle de Barack Obama, "mais je ne pense pas qu'il le fera, ou qu'il puisse le faire", estime Jack Janes, du centre de réflexion American Institute of Contemporary German Studies. "C'est au département d'Etat ou aux parlementaires des deux côtés de l'Atlantique que revient la tâche d'apaiser les tensions, mais le Congrès n'a pas vraiment envie de s'impliquer", dit-il à l'AFP, prédisant que "toute cette histoire va continuer à pourrir pendant un certain temps".


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